A chaque grand rendez-vous électoral (les présidentielles, législatives, municipales,...), les conversations vont bon train entre les électeurs de tous bords sur les choses qui vont mal dans le pays, sur les réformes qu'il faudrait adopter pour que cela aille mieux. Chacun défend ses couleurs et fait aussi l'éloge du candidat qu'il défend avec acharnement (moi, le premier, il faut bien que je l'avoue ici !). On entend dire aussi que tous les politiques sont des "pourris", des corrompus, qui ne visent que la place d'élu afin de s'en mettre plein les poches, etc, etc... Bref, le monde politique est ainsi discrédité à cause d'affaires malsaines que l'on a pu découvrir à travers les divers médias.

Une partie non négligeable des électeurs ne veut même plus votée car ils se disent dégoûtés par ce milieu de la politique qui ne défend pas leurs intérêts et les revendications qu'ils exposent depuis si longtemps. On en attend tellement de ce Président de la République ou de ces députés qui sont élus pour un mandat de quelques années. On considère qu'ils sont là pour créer les conditions d'une société qui serait plus juste, plus harmonieuse, plus tranquille. Ils doivent à eux seuls règler les problèmes de chômage, d'insécurité, de pauvreté, de santé, d'éducation, etc...

Seulement voilà, les politiques, si motivés soient-ils, peuvent-ils vraiment changer les choses, à coup de lois ou de décrets, sans une volonté et une mobilisation extrêmement fortes du peuple. Si bien des choses aberrantes sont à modifier dans ce pays pour que chacun puisse y vivre décemment en toute liberté, peut-on encore raisonnablement penser que les politiques changeront à eux-seuls le cours des évènements, sans que les citoyens-électeurs, dans leur majorité, se mobilisent d'une manière ou d'une autre. Le Président de la République, quel qu'il soit, ou les députés, n'ont pas de baguette magique à leur disposition, désolé !

Pour ne citer qu'un exemple : imaginez ce qui arriverait à une équipe de football, possédant des joueurs de talent, mais qui joueraient malheureusement de manière individuelle, sans écouter la tactique collective définie par un entraineur pourtant de qualité ? Et bien, cette équipe, vous l'avez compris, perdrait tous ces matches malgré la valeur individuelle des éléments qui la composent. Considérons aussi que notre pays est une équipe composée de plus de 60 millions de joueurs qui doivent essayer de jouer la même partition si on veut s'en sortir.

Le Président américain J.F. Kennedy, lors de l'un de ses célèbres discours, disait à ses compatriotes à peu près ceci : "Ne vous demandez pas ce que l'Etat peut faire pour vous, mais cherchez plutôt à savoir ce que vous pouvez faire pour votre pays !" Au-delà des luttes corporatistes et souvent individualistes pour sauvegarder leurs propres intérêts, tous les citoyens peuvent déjà se demander ce qu'ils peuvent faire pour améliorer la qualité de vie dans leur quartier, leur ville ou leur région. La revendication est tout-à-fait légitime dans une démocratie, mais lorsque l'on possède déjà le nécessaire vital, et même parfois le superflu, il est peut-être bon de s'effacer afin que l'on aide en priorité celles et ceux, très nombreux, qui sont dans la difficulté. Bien des bénévoles l'ont compris et sont engagés dans des associations pour aider les autres dans bien des domaines, mais sont-ils assez nombreux ?...; il y a tant à faire autour de nous ! L'engagement peut être aussi syndical et, ne l'oublions pas, politique, afin de proposer des idées innovantes susceptibles de faire avancer les choses.

Nous vivons malheureusement dans une société de consommation où tout est dû, pourvu que l'on ait de l'argent. Les citoyens ne pensent alors qu'à réclamer, qu'à posséder davantage encore alors qu'ils vivent déjà dans des conditions plutôt privilégiées. Au lieu d'envier les plus riches, ne peuvent-ils pas regarder plus bas qu'eux et ils s'apercevront alors que d'autres, à côté de chez eux, souffrent et survivent en étant privé du nécessaire vital, (manque de logement, de nourriture, d'argent, de soutien psychologique, problèmes de santé, handicap, solitude, etc...). Ils sont des millions aujourd'hui en France à demander de l'aide. On ne peut plus aujourd'hui s'enfermer dans sa bulle, payer ses impôts, et attendre sagement sans agir que le monde aille mieux autour de soi. C'est une attitude dépassée et, à bien y réfléchir, plutôt détestable !

L'action citoyenne ne se limite pas simplement à voter et à "gueuler" parce que la société est loin d'être parfaite. Il faut s'y engager en apportant ses talents, ses compétences pour tenter avec d'autres d'améliorer les conditions de vie sociales et économiques, ne serait-ce que dans la commune où l'on habite. Les parents que nous sommes, ainsi que le système scolaire doivent davantage sensibiliser les enfants, les adolescents sur cette action citoyenne. C'est plus important à terme que les mathématiques, le français, l'histoire-géographie... Il faut aujourd'hui savoir dépasser la réussite individuelle, qui ne peut se suffire à elle-même, et se mettre au service du bien commun, sinon nous ne construirons rien de bon. N'allez pas voter en attendant ensuite des miracles de la part des politiques, vous serez encore une fois déçus ! Les miracles, c'est nous tous, avec les élus, qui les provoqueront si l'on se décide à se bouger, chacun à son niveau et selon ses compétences, afin que cette société soit plus agréable à vivre.

Pour finir, je voudrais dire à ceux qui s'abstiennenent de voter que ce droit a été acquis dans le sang grâce à des hommes qui se sont sacrifiés pour que vive la démocratie, à n'en pas douter le meilleur des systèmes n'est-ce-pas ! Si les citoyens continuent à se détourner en masse des élections, nous pourrions un jour le regretter de manière douloureuse. Disons que nous pourrions, si nous n'y prenons garde, très vite tomber dans la dictature, réfléchissons-y, pour nous-mêmes et surtout pour nos enfants !

Guy GILLET