L’être humain a-t-il encore de la valeur
en ce début de 3ème millénaire ?

Notre société en pleine crise d’identité traverse actuellement une transition que l’on peut qualifier de douloureuse. Le chômage, la violence et l’exclusion sous toutes ses formes posent bien des problèmes et surtout bien des interrogations. Certains ont peur de l’avenir et vivent déjà le présent en étant animé d’une grande désespérance. Personne ou presque ne se sent à l’abri d’un coup dur et tout le monde craint de se faire broyer par une machine impitoyable qui s’est emballée et que l’on ne contrôle plus, tellement les rouages qui la composent sont complexes et redoutables à plus d’un titre.

L’homme est asservi par un système qu’il a lui-même créé, triste constat n’est-ce-pas! Les Dieux «Profit» et «Rentabilité» règnent en maîtres et sont servis par les grands prêtres de la finance que sont certains patrons de multinationales, sans parler des gros actionnaires et autres spéculateurs de tous poils. Les cadres et les ouvriers sont devenus les «esclaves modernes» de cette terrible toile d’araignée qui s’est tissée sur le Monde entier, que l’on appelle communément «mondialisation de l’économie». Une guerre infernale s’est organisée sur toute la planète entre mercenaires argentés pour conquérir des marchés en étant le plus compétitif possible.

Pour cela, on n’hésite plus à «trancher dans le vif», en fermant des usines là où l’on juge que ce n’est plus rentable. Les conséquences en sont dramatiques et des milliers de travailleurs se retrouvent du jour au lendemain dehors sans qu’on leur ait demandé leur avis. Ils font tous partis de cette génération «kleenex», vous savez ces mouchoirs en papier que l’on jette négligemment après deux ou trois usages. Oui, l’homme représente bien une valeur aujourd’hui, mais seulement marchande. On la calcule en matière de charges, de coût pour la société ou les entreprises. L’être humain garde sa place dans le système à condition qu’il reste productif, compétitif sur un plan strictement économique.

Qu’importe s’il a donné 15, 20, 30 ans ou plus dans une entreprise quelconque, si, qui plus est, il a travaillé avec acharnement en faisant preuve d’une conscience professionnelle irréprochable, la reconnaissance pour la besogne accomplie ne sera pas au rendez-vous. Toutes les valeurs fondamentales, devant normalement mettre l’être humain au-dessus de toute autre considération bassement matérielle, se sont écroulées et notre type de société ne remplit plus son rôle d’intégration de l’individu. Elle tend plutôt à le rejeter sur le bas côté de la route parce qu’il n’est plus utile au bon fonctionnement d’un système économique dont la froideur des chiffres ne peut en aucun cas laisser la moindre place aux sentiments.

Que peut-on faire pour tenter d’éviter à plus ou moins long terme de se trouver entraîner vers le chaos ? Rien malheureusement, si des changements radicaux ne se produisent pas au niveau des mentalités, des priorités, et surtout si l’on ne revient pas à des considérations plus humanistes. Cette société de consommation à outrance n’a pas créé le bonheur escompté mais, au contraire, a engendré des inégalités intolérables. Et malgré tout, aujourd’hui encore, le discours reste le même et le consensus est quasi général quant aux remèdes à apporter pour sortir de la crise, consommer et consommer encore afin de faire repartir cette machine économique infernale qui se sert de l’humain pour se maintenir ou retrouver une bonne santé, c’est-à-dire amasser des profits qui ne seront de toute manière que très inégalement redistribués.

Il est sans doute temps aujourd’hui de reconsidérer le fonctionnement de notre société afin que l’homme du 21ème siècle puisse s’épanouir dans un monde un peu plus équitable où la chance de réussir décemment sera donné à tous, sans exclusivité.
La politique outrancière du profit pour le profit doit être bannie et le droit au bonheur, pour le plus grand nombre, doit redevenir une priorité absolue. L’épanouissement de l’individu aussi bien professionnel, culturel et sprirituel doit être à la base de toute politique. Il est temps de prendre conscience que toute société en développement doit servir les desseins de l’homme et non le contraire.

L’être humain ne doit pas devenir l’esclave sans identité d’une machine infernale capable de le broyer à tout moment. Toute personne sur cette Terre est un bien précieux qui demande qu’on la respecte pour ce qu’elle est, c’est-à-dire quelqu’un de vivant, doué d’intelligence et de sentiments. L’homme reste la valeur absolue et ne doit pas être considérée comme une vulgaire marchandise, sinon nous allons tout droit vers la sauvagerie la plus extrême. Que l’on y réfléchisse bien, si l’on désire que l’humanité toute entière entame le troisième millénaire en restant civilisée !

Guy GILLET

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