En ce début
de 3ème millénaire, ne sommes-nous
pas en train de bâtir une nouvelle Tour de Babel ?
Par certains côtés, la mondialisation économique,
boursière, que nous avons mise en place, peut être comparée
en effet à une Tour de Babel. On se rend compte que cette "tour
du 3ème millénaire" est composée de plusieurs
matériaux assez redoutables qui amènent tout doucement lhumanité
vers une uniformité plutôt dangereuse, qui crée de
plus des déséquilibres profonds. Tout dabord, on voit
bien que largent règne en maître absolu sur toute la
planète. Cest la course folle à la rentabilité,
à lappât du gain et même les pays émergents
comme la Chine, lInde, le Brésil, etc
néchappent
pas à cette règle. Pour conquérir des marchés,
on monte des usines où on emploie une main-duvre docile
et sous payée afin dinonder le monde de produits à
bas coût. Ces usines, ouvertes aux quatre coins de la planète,
appartiennent à une poignée de richissimes propriétaires
ou encore à des multinationales qui versent des sommes colossales
à leurs gros actionnaires. Et, sans tomber dans la caricature,
cette concurrence des pays émergents fait aussi le malheur des
travailleurs des pays développés, dont la masse salariale
augmente le coût des produits fabriqués. Dès lors,
des usines ferment tous les jours et sont délocalisées à
létranger, et pour cause. On se rend compte ainsi que les
pays émergents, découvrant peu à peu la richesse,
bien quil reste encore des centaines de millions de pauvres chez
eux, sont contaminés par le mode de vie occidental, par son architecture,
par son stress permanent et surtout par les paillettes dune société
de consommation où tout est offert à profusion. Alors, au Brésil, en Chine, en Inde
, les
jeunes générations tournent petit à petit le dos
à leur culture, à leur mode de pensée, à leur
richesse spirituelle, religieuse et ainsi "soccidentalisent"
sans même sen rendre compte. Ces personnes veulent profiter
dès maintenant de cet "Eldorado de labondance"
en adoptant le mode de vie de la vieille Europe ou des Etats-Unis. Là
encore, la réussite individuelle, très rapide, prime sur
le bien commun et met en danger une certaine harmonie intérieure
construite autour de valeurs ancestrales qui ne sont plus transmises,
on fait table rase du passé. Comme en Occident, on désire
tout et tout de suite : la belle propriété, la superbe voiture,
le dernier ordinateur à la mode, le plus sophistiqué des
téléphones portables ou tel vêtement de telle marque.
La légitime envie de développement est remplacée
par la soif de posséder toujours plus jusquaux gadgets superflus,
le matérialisme les a aussi hélas touchés de plein
fouet. Sur toute la planète, on impose une certaine pensée
unique, si tenté que lon puisse parler de pensée !!
Désormais, partout on a les mêmes envies, on mange la même
chose, on voyage de la même manière. On aspire aussi aux
mêmes rêves de réussite instantanée, on construit
les mêmes immeubles gigantesques et inhumains, on court aussi vite
sans trop savoir où tout cela nous mène ! De plus, avec
cette surproduction, cette surconsommation, on épuise la planète
tout en modifiant le climat de manière alarmante avec cette pollution
qui devient omniprésente. Et, comme si le tableau nétait
déjà pas assez complet comme cela, on constate que les inégalités
nont jamais été aussi grandes, les riches sont de
plus en plus fortunés et les pauvres de plus en plus miséreux. Dès lors, on voit bien le genre de Tour de Babel
que lon est en train de construire jour après jour dans laquelle
aucun projet humaniste aura sa place. Dailleurs, tous les êtres
humains ny auront pas non plus une place au chaud et il faut déjà
marcher sur la tête de son voisin pour espérer y entrer et
éviter ainsi de "crever" sur le bord du chemin. Pouvons-nous
faire marche arrière ou en tous cas prendre une autre voie plus
raisonnable avant de rencontrer le chaos et la désolation ? Nous
construisons actuellement sur du sable fait de paraître, dégoïsme,
de profits immédiats. Mais le plus grave, cest dassister
à une standardisation planétaire et forcée des esprits
et les terriens que nous sommes risquent à terme de perdre leur
âme dans des chimères qui ne peuvent mener quà
la destruction de cette tour de Babel démoniaque. Si mondialisation il doit y avoir, elle doit se bâtir
en additionnant nos cultures, nos races, nos opinions, nos modes de vies,
nos religions, nos expériences de vie, bref en cumulant nos différences
au lieu de les effacer au prix dune course folle vers le néant.
Abolir les frontières pour se rencontrer ne veut pas dire éliminer
les multiples richesses linguistiques, traditionnelles, historiques, pour
finalement imposer une pensée unique qui fera des êtres humains
de simples moutons dociles sans aucun relief. Ceux-ci finiront à
terme par sentretuer pour survivre sur une planète qui ne
sera plus en très bon état non plus. Alors, comme dautres,
jen appelle, dans mon petit coin, à plus de raison, de vigilance,
pour simplement sauver lhumanité de la sauvagerie la plus
extrême. Le développement et le progrès de nos sociétés
ne peuvent se faire que si lhomme grandit en même temps en
sagesse, sinon on bâtit une tour de Babel qui, encore une fois,
naura aucun sens sur le plan universel. Guy GILLET |