Ne vaut-il
pas mieux se taire parfois,
surtout si l'on parle sans parvenir à convaincre !
Les autres justement se sont souvent énervés,
emportés à mon égard et jai compris que je
pouvais les saouler avec mes discours presque exclusivement basés
sur les mêmes thèmes : la solidarité, la justice,
lengagement, la liberté dopinion, la lutte contre la
solitude, le rejet de la pauvreté, du racisme, de la vente darmes,
etc
Jai compris que chacun est différent même
sil reste avant tout humain et que nous navons pas tous les
mêmes priorités dans la vie. Avec des mentalités différentes,
des expériences de vie aussi diverses, nous nappréhendons
pas les évènements de la même manière. Dès
lors, laffrontement frontal par la discussion mènera souvent
dans une impasse des êtres aux caractères différents,
(exemple simple et classique : une personne qui serait très cartésienne
et lautre plutôt idéaliste). On peut avoir reçu
la même éducation et penser différemment parce que
les sensibilités ne sont pas les mêmes. A vouloir trop insister, à en "remettre une
couche" comme on dit familièrement, pour passer en force coûte
que coûte, on ne sert pas bien, et même pas du tout dans certains
cas, la ou les causes que lon veut défendre, bien au contraire.
Dès lors, le fossé sagrandira dautant plus entre
les interlocuteurs et lécoute polie laissera alors place
à une fatigue qui ne fera quexacerber les rancoeurs, je men
suis rendu compte à plusieurs reprises. Pourtant, croyez-moi, il
est difficile de se faire une raison et de battre ainsi en retraite alors
que lon souhaite simplement défendre des enjeux humanistes
fondamentaux pour aujourdhui et pour demain. Mais, si résister
part dun bon sentiment au sujet de thèmes incontournables
à nos yeux, il me faut savoir le faire de manière judicieuse
en restant humble de cur et desprit. Et puis, le fait décrire
des articles ou dagir au quotidien, pour valoriser certains idéaux,
ne me donne sans doute pas le droit davoir cette prétention
dimposer mes vues aux autres. Cependant, vous comprendrez quil est difficile
pour moi décrire tout cela, car je suis un pauvre homme qui
aime laction de terrain pour mettre en pratique les convictions
profondes qui mhabitent. Oui, cest difficile dabandonner
aussi la discussion à cause dune adversité qui se
caractérise par le fait que plus vous parlerez et moins lautre
vous écoutera, on se rend compte que cest peine inutile !
Alors, suis-je aujourdhui à mon tour résigné
et vais-je aussi gentiment rentrer dans le rang en fermant ma gueule à
tout jamais ? Non, ce serait mal me connaître ! Simplement, je vais
désormais changer de stratégie en stoppant net le choc frontal
et stérile des discussions enflammées et sans fin. Je concentrerai
à présent mon énergie à parler sereinement
aux enfants, aux jeunes ou à tout autre personne qui aurait envie
dentendre une simple parole despoir pour croire en un monde
meilleur, en tentant de déclencher chez elle la prise de conscience
et ensuite lengagement personnel. Si Dieu et la vie me le permettent encore assez longtemps, je consacrerai aussi mon temps et mes efforts à convaincre certaines personnes influentes, notamment les élus, de nous aider davantage pour pérenniser les actions caritatives de terrain et ce sera déjà bien suffisant. Car, plus que la discussion relevant bien souvent d'un niveau "café du commerce !", où on refait le monde sans sy impliquer vraiment, je crois que mon énergie doit plutôt être employée à bâtir du concret pour ceux qui souffrent, cela reste la priorité ! D'ailleurs, cette direction à prendre, je ne lai jamais perdue de vue depuis que je me suis engagé, même si mes agissements sont loin dêtre parfaits. Seulement, je me disperse trop dans des conversations stériles et agaçantes à cause dune passion sans doute trop débordante, que j'exprime d'une manière trop épidermique, trop émotive. Le plus important, ce nest pas tant de vouloir avoir raison à tout prix, mais cest de toujours transformer ses convictions en actions, non pas pour devenir un exemple, mais pour rester vrai et authentique au fond de soi-même ! Se
taire parfois n'est pas une forme de faiblesse ou de résignation,
Guy GILLET |