Connaissez-vous les «SDF de l’intérieur» ??!!......
Pourtant, ils sont des millions en France à vivre à côté de chez vous !
« SDF de l’intérieur », en voilà bien un terme bizarre, on entend plutôt parler depuis des années de SDF vivant à la rue, dont on ignore bien souvent la présence d’ailleurs en passant devant eux, tellement nous nous sommes habitués à l’inacceptable depuis des années. Ce terme inconnu, cette nouvelle expression surprenante, je l’ai entendue récemment de la bouche même d’une personne en difficulté qui vivait dans une maison non chauffée en hiver, faute de moyens financiers suffisants pour s’offrir un peu de chaleur. Cette personne, s’étant ainsi placée dans cette «nouvelle catégorie», voulait signifier surtout qu’elle vivait bien dans un logis, mais qu’il y faisait aussi froid que dehors, à la seule différence que le SDF de la rue, au lieu d’être à l’abri sous un toit, ne possède souvent, pour toute richesse, qu’un emballage en carton pour se protéger du froid. Mais, quelle différence au fond, dites-le moi, entre les deux situations qui ont surtout comme point commun la misère tout simplement, qui enlève petit à petit toute dignité humaine.
Finalement à bien y réfléchir, ces SDF de l’intérieur sont bien plus invisibles que les SDF de la rue. En effet, qui entre dans leurs maisons pour se rendre compte des conditions de vie terribles de certains de nos concitoyens ? L’EDF, agissant suite à des impayés, intervient sur les compteurs, pour ne laisser qu’une puissance électrique minimum et sur des créneaux horaires précis. Alors, ces personnes seules ou ces familles ne peuvent bien souvent qu’éclairer à minima leur logis le matin et le soir ou allumer une ou deux plaques électriques pour se préparer des plats chauds. Si jamais elles souhaitaient en plus mettre un ou deux radiateurs en route, le disjoncteur se déclenche à la seconde pour tout couper. Alors, comme les SDF de la rue, ces gens vont se coucher en ayant plusieurs couches de vêtements sur eux et en rajoutant 4 ou 5 couvertures sur le lit. Leurs chambres sont en plus saturées d’humidité et de moisissure parce que ce n’est plus chauffé depuis si longtemps. Pensons surtout à ces milliers d’enfants, en 2014, qui vivent ainsi aujourd’hui au sein de familles qui se cachent, se terrent chez elles, en ne parlant à personne de leurs problèmes. De plus, pour noircir davantage le tableau, ce sont les maladies récidivantes et donc parfois chroniques qui surviennent du fait du froid et de l’humidité ambiante et les premiers touchés encore une fois, ce sont les enfants.
Devant ce triste constat, on se croirait revenu 70 ans en arrière lors de la seconde guerre mondiale, avec les fameux tickets de rationnement que recevait la population pour la nourriture si rare à l’époque. Sauf qu’aujourd’hui, c’est l’électricité que l’on rationne ainsi de manière discriminatoire, par une décision administrative froide comme un couperet, tout cela parce que l’on est pauvre. Et pourtant, ce qui est vraiment intolérable dans cette affaire, c’est que cette électricité est abondante et suffisante pour tout le monde aujourd’hui et il s’agit d’un droit fondamental qui permet de vivre dans la dignité. Les pauvres sont ainsi victimes de la double peine, d’une part le manque d’argent et, d’autre part, le manque d’énergie électrique vitale pour s’assurer un minimum de confort et on s’étonnera ensuite que ceux-ci aient tant de peine à s’en sortir aussi bien sur le plan matériel que moral,……… mais qui s’en soucie ??!!...
Alors, pour les SDF de la rue, comme pour les SDF de l’intérieur, c’est le même combat pour la survie dans une société française qui compte plus de 10 millions de pauvres en ce début de 3ème millénaire, c'est-à-dire près d’un sixième de la population. A l’heure où certaines catégories sociales privilégiées, certains lobbies financiers ou économiques très puissants ou certains élus font pression pour conserver leurs acquis ou, disons plutôt, leurs privilèges et rechignent à participer à l’effort nécessaire afin d’enrayer la crise économique et éponger l’énorme dette du pays, tous ces millions de pauvres souffrent en silence car ils ne possèdent aucun moyen de pression pour se faire entendre. Personnellement, je ne suis pas un privilégié, un riche, mais je ne suis pas non plus un SDF de la rue ou de l’intérieur car je possède un toit et du chauffage. En tous les cas, je ne supporte plus depuis longtemps ces inégalités flagrantes et toute cette misère environnante qui s’est étalée ainsi sur tout notre territoire sans que plus grand monde s’en émeuve aujourd’hui. ATTENTION, braves gens, de ne pas devenir demain, à cause de notre indifférence et de notre coupable résignation, une nouvelle sorte de SDF, c'est-à-dire les «Sans Désir de Fraternité» ! Guy GILLET

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