Comment briser chez les gens ce scepticisme,
cette léthargie coupable afin qu'ils retrouvent l'espoir
et surtout l'envie d'agir au fond du coeur ?

Cette question, je me la pose très souvent sans trouver de réponse et surtout de solution efficace. Bien souvent, je constate des sentiments contradictoires lors de conversations avec des personnes que je cotoie au quotidien. En effet, certaines d'entre elles peuvent être d'accord avec les valeurs que modestement je défends à ma manière pour changer cette société qui me paraît sans relief et, par certains côtés, si superficielle, si affligeante. La pauvreté, les injustices, la guerre, la famine, les disparités sociales, l'exclusion, le handicap non reconnu, la richesse insolente qui s'étale honteusement, etc, etc..., tout le monde ou presque s'en indigne à juste titre lorsqu'on en parle.

Mais si je me permets d'avancer des solutions simples et de bon sens à apporter pour améliorer les choses, on me signifie que ce je propose n'est pas possible, que cela relève de l'utopie et que de toute façon, rien ne pourra changer. Cette attitude surprenante, que j'évoque d'ailleurs dans d'autres articles de ce site, me taraude l'esprit depuis un certain temps. Ai-je raison d'insister pour sensibiliser et faire, à mon petit niveau, bouger les choses ou dois-je finalement "rentrer dans le rang" en abandonnant mes idéaux qui peuvent peut-être intéressés certains, mais que beaucoup jugent infaisables, irréalistes et même excessifs. Il flotte comme un sentiment étrange où, me semble-t-il, on veut me faire comprendre qu'il est urgent de ne rien faire. Cette dernière phrase, vous le constatez, est d'ailleurs en parfaite contradiction avec le titre que j'ai donné à cet article.

Pour dire la vérité, je me sens parfois bien désabusé, déçu, désarmé face à ce septicisme, cette inaction, cette léthargie de certains face aux évènements qu'ils ont décidé de subir sans réagir, comme des moutons. Mon âme de "rebelle chronique" ne peut que très difficilement s'y résoudre et, si je ne me retenais pas, je me mettrais bien souvent en colère pour secouer énergiquement les bonnes consciences, il me faut bien l'avouer ici. Pourtant, je le répète souvent d'ailleurs, je ne suis pas plus intelligent ou plus sensible que quiconque, mais je suis perpétuellement en révolte devant les injustices ou la souffrance qui s'étalent devant mes yeux; c'est plus fort que moi ! D'où cette question : Pourquoi tout le monde ne ressent-il pas la même indignation devant ce chaos ? Suis-je trop démonstratif, trop impliqué sur des évènements extérieurs qui, c'est un fait, ne me touchent pas directement dans ma vie de tous les jours ? Je crois simplement que j'exprime, comme d'autres le font aussi, un certain écoeurement devant cette société qui prend l'eau de toutes parts.

Parfois même, et c'est plus embêtant, j'observe que je fatigue les gens avec ma vision des choses. Je parle solidarité, partage, engagement, privilèges à abolir, etc..., mais on me rétorque aussitôt que ce n'est pas aussi simple que cela. Certaines personnes me font aussi comprendre, sans le dire vraiment, qu'elles ne sont pas prêtes à sacrifier quoi que ce soit pour faire évoluer les choses dans le bon sens. C'est l'affaire des autres, de "Dom Quichotte" insensés comme moi qui sont faits pour ce genre d'initiatives. Finalement, donner du temps pour aider les autres, ce serait simplement une passion comme une autre qui ne mériterait pas vraiment l'importance que je me tue pourtant à lui donner. Pour ma part, je considère cela comme un terrible constat d'échec personnel, de ne pas arriver à leur faire comprendre l'importance qu'il y a à créer une société plus solidaire. Pourtant, n'y a-t-il pas obligation suprême, pour tout être humain, digne de ce nom, de se porter au secours de toute personne qui vous tend la main ? Même en 2003, on ne l'a pas encore compris et ça me laisse pantois !

Mon témoignage, à propos de ce que je vois lors de mes engagements caritatifs, n'émeut pas plus que cela, parce que les gens ne désirent pas véritablement croire ce que je décris. On pense peut-être même que j'exagère, que je noircis le tableau pour mieux faire adhérer à mes idées de partage, de solidarité. En tous les cas, il ne sera pas question de prendre du temps pour s'intéresser à tous ces problèmes, pour mesurer l'ampleur de cette misère qui frappe pourtant à notre porte, parce qu'encore une fois, on ne se sent surtout pas concerné. C'est sans doute cela le plus GRAVE, à mon avis. Non, au lieu de cela, certaines personnes restent figées sur leurs petits problèmes quotidiens, sans pour autant savoir apprécier la vie à sa juste valeur et sans réaliser vraiment qu'elles se trouvent finalement du bon côté de la barrière, bien au chaud à profiter égoïstement de leur confort, de leur position sociale.

Pour finir, je ne désire pas interpeller les gens afin qu'ils pleurent en permanence sur toute la misère du monde, mais il est anormal tout de même, voire scandaleux, de se complaire dans une indifférence coupable, à mes yeux. Et ceci pour une simple raison : On ne pourra jamais oser dire plus tard à nos enfants qu'on ne savait pas, tellement les journaux, la télévision, nous en parlent régulièrement. J'aimerais tellement que les gens aient plus ENVIE D'AGIR au quotidien, sans pour autant être forcés de "donner leur chemise", (le but n'est pas de déshabiller Pierre pour tout donner à Paul !). Mais c'est tellement bon, croyez-le bien, de donner aux autres et cela permet surtout de relativiser ces propres problèmes qui sont bien souvent si peu importants au regard de la souffrance qu'endurent des millions et des millions d'adultes mais aussi et surtout d'enfants en France et un peu partout dans le monde.

Si on me permettait de réaliser un voeu extraordinaire, je souhaiterais simplement que les êtres humains de mon époque deviennent justement plus humains, en s'investissant davantage, en ayant envie d'agir au nom du bien commun. S'ils pouvaient mettre leur égoïsme dans leur poche pour oser regarder enfin le monde en face, tel qu'il est, au lieu de continuer à se "mettre la tête dans le sac" pour mieux ignorer l'insupportable. La société s'en trouverait certainement mieux et le monde aussi changerait vraiment à terme. Ce que l'on sème de bon, dès aujourd'hui, produira une belle récolte demain et tant pis si nous ne serons plus là pour le voir. Agissons au moins en pensant à nos enfants et aux générations qui suivront ! MÊME SI ON NE SOUHAITE PLUS M'ENTENDRE, C'EST UN VÉRITABLE CRI QUE JE CONTINUERAI DE LANCER ET JE NE SUIS PAS LE SEUL À ESPÉRER UN TEL MIRACLE !

Ce texte, je l'ai écrit en songeant aux personnes qui pensent comme moi et disent aussi leur désarroi face à cette grande léthargie qui anime bien des individus. Certains d'entre eux en font d'ailleurs beaucoup plus que moi pour venir en aide aux autres et dans bien des domaines. Pourtant, ils ne sont pas meilleurs que vous et moi, mais ils ont les yeux et le coeur ouverts sur le monde, à l'écoute des immenses détresses dont sont victimes tant d'êtres humains. Ils voudraient simplement convaincre, comme moi, la majorité silencieuse qu'agir, en étant désintéressé, transforme sa vie personnelle et celle des autres, rejoignez-les enfin dans leur combat, il n'est jamais trop tard. Merci, c'est tellement essentiel !

Guy GILLET

retour au sommaire