Aujourd'hui encore, en 2008, si vous n'avez pas de papier,
vous vous retrouvez enfermés dans des centres de rétention
comme des chiens sans collier dans des refuges !


Les centres de rétention, où sont enfermés des réfugiés clandestins, sont encore revenus sur le devant de l'actualité avec l'incendie d'un de ces nombreux camps, celui de Vincennes.
Il faut dire que la vie dans ces centres, où règnent la violence et la promiscuité, est loin d'être digne des droits fondamentaux de la personne humaine. Des êtres humains (enfin peut-être, compte-tenu du traitement que leur infligent les autorités étatiques), en sont venus à mettre le feu dans un sinistre endroit pour que l'on parle d'eux, au risque de mettre leurs vies en danger.

Devant une indifférence quasi-générale de l'opinion sur la situation de ces clandestins, il fallait sans doute en arriver à une telle extrémité pour sortir de l'oubli des milliers de personnes qui vivent dans des conditions déplorables, et ceci SUR LE SOL FRANCAIS, nation s'il en est des droits de l'homme ! Jouant sur cette détestable peur de l'étranger qui viendrait envahir notre pays, l'Etat, encore une fois joue à plein la politique répressive pour arrêter des êtres humains en masse, quitte à déchirer des familles qui vivaient en France depuis des années, travaillaient et payaient des impôts, des loyers tout en faisant marcher l'économie de notre pays.

Des clandestins, sous l'impulsion de directives d'Etat, ont été invités, par des associations ne soupçonnant pas le danger, le piège tendu surtout, à se faire recenser auprès des préfecures, des commissariats... Le triste résultat fut que, grâce à ce stratagème diabolique, il y eut des centaines d'arrestations, des enfermements dans des camps et enfin des reconduites à la frontière manu-militari. On se rend compte que toute pratique, même la plus détestable, est bonne pour exécuter des rafles de réfugiés à grande échelle. Cela permet de remplir le quotat d'expulsions défini en début d'année et aussi de répondre dans le même temps à l'attente d'un certain électorat favorable si possible au pourcentage zéro d'étrangers sur notre sol, une honte quoi, ni plus ni moins !

Cette politique délibérée ne s'arrête pas à la France, puisqu'une directive européenne est sous le coude pour harmoniser les pratiques en matière de reconduite à la frontière, en durcissant notamment la durée de rétention ainsi que les critères d'entrée des personnes dans l'Union Européenne. Notre société occidentale veut, à l'échelle d'un continent, bâtir une gigantesque "citadelle" rejetant à ses portes les envahisseurs qui dérangent, quel bel esprit d'accueil de l'autre, de tolérance, de respect des différences. Personnellement, cette Europe là me fait vomir par tous les trous et croyez-moi, même en disant cela, je crois rester encore poli et trop gentil !

Bien souvent, des baroudeurs chevronnés vous le diront, lorsque vous voyagez dans le monde et en particulier dans des pays pauvres, vous êtes accueillis dans des villages, des maisons, comme des rois ou presque. Des gens, qui possèdent à peine de quoi survivre, partagent pourtant avec vous le peu qu'ils ont, un repas, une chambre pour passer la nuit, et ILS NE VOUS DEMANDENT PAS VOS PAPIERS, ils s'en foutent ! Leurs portes sont ouvertes parce qu'ils sont avant tout humains et ont envie de s'enrichir de la connaissance de cet autre qui vient de loin pour lier une amitié. C'est sans doute cela être citoyen du monde, une notion pour laquelle il faudra se battre longtemps encore pour créer une planète plus humaine !

Notre époque devient inquiétante car, dans notre société soi-disant moderne, on nous demande en permanence des papiers. Nous sommes surveillés, fichés, informatisés, numérisés, filmés, enregistrés.... Nous nous enfermons petit à petit dans une logique sécuritaire, nationaliste, protrectrice, qui prive l'homme de ses libertés fondamentales et en particulier celle d'aller et venir sans être inquiété, mais personne ou presque ne se lève pour crier sa soif de liberté ! Non, la vie d'un homme et la manière dont on le traite, partout sur la planète, ne peuvent se résumer au fait qu'il ait ou non des papiers en règle. Ou alors, cela veut dire que notre monde, déféquant un venin immonde, ne mérite même pas qu'on gaspille un bout de papier pour le nettoyer de ses démons si tenaces !

Guy GILLET

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