Allons enfants…….. vers une 6ème République
qui instaurerait le mandat électoral unique et non renouvelable !

Notre système républicain actuel est complètement sclérosé, inadapté à notre époque, en panne d’idées novatrices et surtout confisqué par des partis politiques hégémoniques qui règnent sans partage au gré des suffrages depuis trop longtemps. A la tête de ces mouvements très hiérarchisés à droite comme à gauche, nous avons des « leaders-barons » qui font carrière depuis des décennies pour certains, en se croyant les seuls représentants possibles d’un idéal politique que beaucoup d’entre eux ont perdu en route d’ailleurs. Dans un tel système, qui pourrait leur en vouloir de se mettre en avant, puisque leur principal souci est d’accéder au pouvoir et surtout de le conserver au terme de leur mandat, ce qui est contraire à l’esprit de la République finalement. Nous pouvons donc parler dans ce cas de monarchie républicaine qui est ainsi entretenue depuis des lustres sans que les citoyens s’en offusquent puisqu’on leur accorde le droit de vote, lequel n’existait pas il est vrai sous la royauté……. mais à part cela, qu'est ce qui a changé au fond ??!!....

Bien que je ne sois pas un grand spécialiste de l’histoire politique, il me semble tout de même que le Général de Gaulle, créateur de la 5ème République, avec aussi comme grand artisan Michel Debré, ne souhaitait en aucune manière que la politique soit exclusivement réservée aux partis dont il se méfiait d’ailleurs, à tort ou à raison. De Gaulle disait que ce devait des hommes ou des femmes qui devaient incarner une vision politique, un idéal au service du bien commun, donc du peuple. L’homme de « l’appel du 18 juin 1940 » a-t-il réussi entièrement à incarner lui-même cet état d’esprit lorsqu’il fut aux affaires de l’Etat ? Je ne serais pas assez qualifié pour le dire, on sait qu’il a ses défenseurs et ses détracteurs, mais cela, c’est une autre histoire ! En tous les cas, il disait que ce s’il craignait le plus après son départ, ce n’était pas le vide politique qu’il laisserait, mais plutôt le « trop plein » de ces politiciens aux dents longues qui se battraient sans doute à couteaux tirés pour conquérir le pouvoir en s’appuyant sur des armées de l’ombre que l’on nomme les partis politiques, de vraies « machines à élections » ! Sur ce point en tous les cas, De Gaulle était encore là un visionnaire, on ne peut lui enlever cela au moins  !

Georges Pompidou, qui lui succéda, ne venait pas vraiment du sérail politique, c’était un fidèle de De Gaulle qui a toujours été à ses côtés, même lors de la longue traversée du désert du Général avant la période faste de 1958, année de création de la 5ème République. Pompidou se fit élire d’ailleurs Président de la République lors d’une campagne éclair, avec un cabinet restreint de quelques fidèles et lui aussi se voulait au-dessus des partis pour incarner vraiment cette 5ème République. Ensuite et encore de nos jours, beaucoup de politiciens se sont dit ou se disent gaullistes ou, pire, enfants légitimes de De Gaulle sur le plan politique. Combien de fois le Général a dû se retourner dans sa tombe en voyant le triste spectacle de ces pseudo-politiciens qui se sont battus comme des chiffonniers pour monter sur le trône. Je suis désolé de le dire, le gaullisme, pour moi, est mort avec De Gaulle, point final, et il aurait sans doute été plus opportun que les politiciens incarnent leur propre vision de la politique en adéquation avec leur époque, en tentant d’être innovant au niveau des idées tout en respectant l’idéal républicain du départ.

Ce constat, sans doute un peu caricatural et imparfait, que je fais aujourd’hui, n’est peut-être pas si éloigné que cela de la vérité et nous en payons aujourd’hui, en 2014, le prix politique, économique et social. On a aussi sacralisé par exemple la fonction de Président de la République en en faisant une sorte d’homme providentiel qui pouvait tout régler, ce dont les français, au fil du temps et à cause d’un système politique perverti, ont fini par croire et cet état d’esprit est unique en Europe, cela fait aussi notre malheur actuel ! Nous élisons un homme (et toujours pas de femme en France.... bizarre non !) à la tête du pays et nous pensons que cela suffit pour changer les choses, tout cela relève de la naïveté la plus complète ! Mais le pire dans cette affaire, c’est que le fait d’avoir la possibilité de se faire réélire empêche le courage politique pour réformer, afin de libérer les énergies, de booster l’économie, de faire en sorte d’amener plus de justice sociale, plus de modernité dans notre pays qui a pourtant encore tant de ressources, tant de personnes de valeur, de talents, d’idées. Sans généraliser, pas mal de politiciens n’osent plus proposer des mesures nouvelles et peut-être impopulaires pour le bien du pays, par intérêt personnel, pour ne pas fâcher les électeurs, les puissants lobbies de toutes sortes, les corporatismes, etc…. car ils pensent tout simplement à renouveler leur mandat, c’est même une obsession qui tue la politique et la confiance de tout le monde au final !

Parlons surtout du spectacle affligeant donné par les leaders politiques de tous bords qui en arrivent même à se déchirer à l’intérieur de leur propre camp pour en contrôler l’appareil et cela devient insupportable aux yeux de beaucoup de nos concitoyens. Le discours politique n’est plus audible et c’est même une caricature de la politique telle qu’elle devrait se dérouler, avec des débats d’idées, des projets innovants, en suscitant l’implication des citoyens de base. Ce constat peut se faire dans les bastions politiques à Paris, mais aussi dans les communes ou départements où là aussi, on se déchire pour conserver son petit pouvoir. Combien de fois constate-t-on déjà, dans les simples conseils municipaux, les bagarres intestines entre majorité et opposition, tout ce qui vient de l’autre camp est à rejeter systématiquement, les débats ne sont plus que de vaines querelles qui ne servent en aucune manière les intérêts du citoyen. Soit que l’on a le pouvoir et on impose sa loi, sans retenir les bonnes idées de l’autre camp ou soit que l’on est dans l’opposition et on se venge en quelque sorte en faisant une obstruction systématique durant tout le mandat à tout ce qui peut être mis en place par les autres de l’autre bord et qui dirigent les manettes.

D’où le souhait formulé dans le titre de cet édito, de créer cette fameuse 6ème République, dont on parle parfois, qui verrait l’instauration du mandat unique non renouvelable à tous les échelons de la politique, c’est-à-dire de conseiller municipal jusqu’à Président de la République. Il faut arrêter de considérer la politique comme un métier qu’on exercerait pendant des années et des années, en provoquant chez certains élus, pas tous, le sentiment d’être indispensables (il faut qu’ils sachent que les cimetières en sont remplis de ces gens indispensables et pourtant le monde a continué de tourner après eux !). Le système actuel provoque la soif du pouvoir et surtout de le conserver coûte que coûte, en s’éloignant hélas petit à petit des préoccupations des citoyens de base (chômage, exclusion, pauvreté, racisme, etc...). Si à cela, vous ajoutez le fait d’avoir plusieurs mandats à la fois, avec de multiples représentations à assurer, de réunions, de commissions, vous voyez des élus qui se coupent complètement de la base et des réalités du quotidien. N’étant pas plus malin que les autres, je pense que je tomberais aussi dans le panneau si je me trouvais à leur place, car le pouvoir peut griser au point que l’on pense ne plus avoir de comptes à rendre à personne, sauf à l’électeur que l’on caressera de toute façon dans le sens du poil le moment venu pour se faire réélire.

Non, la politique, c’est un service que l’on rend à sa commune, à son département, à son pays ou pour le compte de l’Europe, sur un temps déterminé et ensuite on doit passer la main pour laisser la place à d’autres personnes qui seront aussi capables que nous et qui arriveront avec d’autres idées innovantes, d’autres façons de faire de la politique. On devrait permettre à tout citoyen (ouvrier, cadre, agriculteur, chef d’entreprise, fonctionnaire, etc…) d’être détaché de sa profession pour se présenter à tout mandat électoral sur une durée limitée à 5, 6 ou 7ans. Il serait rémunéré à plein temps tout au long de ce mandat et retrouverait automatiquement son métier à l’issue de celui-ci. Dans ce système justement, beaucoup de professions seraient enfin représentées, je pense notamment à l’Assemblée Nationale ou au Sénat, où actuellement ce sont toujours les mêmes catégories de personnes qui sont élues, ce qui fausse le débat autour des enjeux, des aspirations et des priorités de la nation. Cela permettrait aussi d’élire des spécialistes déjà pointues dans leur domaine, par exemple pour les questions économiques, sociales, judiciaires, scolaires, etc… Pour ne citer qu’un exemple, je suis toujours stupéfait de constater qu’une même personne, qui a fait de la politique son métier, puisse ainsi se voir nommer un coup ministre de l’agriculture, puis ensuite, à l’occasion de tel ou tel remaniement, ministre de l’économie ou de l’Education Nationale. Comment peut-on avoir ainsi de telles compétences dans pratiquement tous les domaines…… ce n’est pas sérieux tout cela !

Je sais que ce que je propose, c’est une petite révolution, mais je crois que nous devrons en passer par là pour retrouver du dynamisme, de l’audace afin de se sortir de cette léthargie affligeante qui ne rend pas service à la politique au sens noble du terme. Pour ma part, bien que je n’ai pas jamais fait de politique, (et pour cause, désirant surtout conserver ma liberté "bizarroïde" de penser et d'agir !!...), j’ai été engagé dans pas mal d’associations caritatives comme Responsable-bénévole (je le suis encore d’ailleurs !). Mais, après avoir monté pas mal de projets en compagnie de bénévoles fantastiques, je suis toujours parti de mon propre chef, souvent à la surprise générale de pas mal de monde, pour ne pas prendre le risque personnel de trop m’identifier à l’association à laquelle j’appartenais à ce moment là, pour ne pas m’accrocher non plus et laisser ainsi la place à d’autres. Comme je le pressentais à chaque fois, ces structures fonctionnaient très bien d’ailleurs après mon départ, parfois mieux même en prenant de l’ampleur grâce à la finalisation des projets déjà montés et cela m’a toujours procuré une belle satisfaction à postériori.

De plus, en changeant ainsi d’horizon, je m’ouvrais à chaque fois à d’autres enjeux humanitaires en rencontrant au passage de belles personnes. Pour la politique, ce doit être la même chose, il n’y a pas que cela dans la vie et, en laissant ainsi sa place, on permet à d’autres de continuer le travail accompli tout en y apportant leur touche personnelle, leur vision pour créer ainsi une vie politique plus efficace et plus proche du terrain. Quant aux partis, ils ne doivent plus avoir une organisation pyramidale qui sclérose le débat ou le réduit à des simples enjeux de personnes qui auraient les dents longues en n’aspirant qu’aux hautes fonctions finalement. On peut être de droite, de gauche, peu importe, adhérer à un parti, mais les militants doivent être au service de l’action citoyenne et non devenir des potiches faisant partie d’une "machine infernale à élections" au service exclusif d'un leader "soi-disant charismatique ou incontournable", car cela revient à entretenir une sorte de culte de la personnalité plutôt risible et dérisoire au fond.  

On peut aussi déplorer d'ailleurs avec effroi toute cette logistique mise en place par les partis à chaque élection avec des meetings, des campagnes d'affichage, des débats stériles à la télé, etc... qui coûtent très chers pour mettre en avant une image un peu creuse, laquelle tente de cacher au final des programmes politiques sans intérêt, sans idées et surtout sans ambitions humanistes ou sociétales. Tout cela est à changer aussi pour aller à l'essentiel, c'est-à-dire dans l'intérêt des citoyens et non celui des politiciens ou des partis qui sont devenus de véritables "usines à gaz" un peu hystériques, au lieu d'être des laboratoires d'idées. La question est posée : Doit-on vraiment et obligatoirement en passer par un parti dit classique pour se présenter à une élection majeure et n'est-ce pas, dans ce cas, une confiscation de la démocratie la plus élémentaire ? Les partis mettent en branle toute une communication, un matraquage extraordinaire, relayé par les médias, pour vanter l'image des candidats au lieu de parler des véritables enjeux de société qui sont le coeur même de la politique,........ on marche sur la tête au final et pendant ce temps, il y a des millions de gens qui souffrent de l'injustice sociale, etc... ! 

Et puis, comme le parti n'a rien à proposer comme solutions, on en vient, comme ce grand mouvement français, pour espérer s’en sortir, à désirer le grand retour de son mentor qui a pourtant perdu l’élection présidentielle. On souhaite ainsi..... faire du neuf avec du vieux en nous repassant les mêmes plats insipides, à bien y regarder c’est pitoyable...... car c'est le vide scidéral ! C’est sans doute pour tout cela qu’il nous faut réformer en profondeur notre système politique qui est trop figé et stérile depuis si longtemps que cela en est à pleurer…… Maintenant, ……. ce que j’en dis, c’est à vous de juger citoyens et….. peut-être à vous aussi de réclamer pacifiquement ce changement sans doute salvateur !            Guy GILLET

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