Réfugié, quel que soit le pays d'où tu viens,
sois le bienvenu sur la terre des droits de l'homme !

 

Tu viens d'un pays où l'on maltraite, où l'on torture et où l'on tue aussi parfois des individus à cause d'une simple idée de liberté, d'une opinion politique, de la couleur de la peau. Dans ce pays, il y a peut-être aussi la guerre, la famine, des épidémies. Moi, qui habite un pays où nous avons le confort, le superflu même et surtout, SURTOUT la liberté d'expression, de quel droit je te refuserais l'hospitalité. Il faudrait être un salaud pour fermer les yeux devant tes souffrances, la peur qui se lit parfois sur ton visage. Tu as connu l'enfer, et ceci bien souvent depuis ton enfance. Tu as vécu dans la pauvreté, les privations à cause de régimes totalitaires que les gouvernements des pays riches et dits "démocratiques"ont bien souvent soutenu par calcul économique ou par stratégie politique, de cela pardonne-nous !

Il y a aussi ces nations dont tu es originaire et que nous avons colonisées pour notre simple profit et que nous avons quitté ensuite pour les laisser dans un état pitoyable, de cela aussi nous en sommes coupables. Nous avons voulu bien souvent imposé notre mode de vie en éradiquant vos traditions, vos racines culturelles, spirituelles et nous avons au final laissé bien souvent le chaos après notre départ quelquefois forcé, et pour cause !!.... Après, hypocritement, on m'a parlé de vos nations en terme de pays "en voie de développement", quelle honte. J'ai bientôt 46 ans et, depuis bientôt 35 ans que je suis en âge de comprendre le monde qui m'entoure, rien a changé pour vous malheureusement et vous restez bien des pays sous développés, même si certains politiques de "bon chic bon genre" n'aiment pas cette expression; il ne faut tout-de-même pas se voiler la face devant la réalité du terrain.

De plus, nos "usines à fabriquer des canons" ont très très bien fonctionné car, sans aucun scrupule, nous avons pendant des dizaines d'années vendu des machines à tuer à vos gouvernements en fermant ensuite les yeux sur l'usage scandaleux qu'ils en faisaient, de cela pardonne-nous aussi, réfugié mon ami ! Tu as perdu parfois toute ta famille dans des guerres politiques ou simplement ethniques à cause de "mes armes" et tu t'es retrouvé dans des camps sordides en compagnie de milliers d'autres comme toi à mendier la nourriture qu'on te balançait des avions envoyés par des ONG internationales, histoire pour nous, les nantis, de nous donner bonne conscience à moindre coût.

Alors après tout ça et pour tant d'autres raisons terribles, je te dois bien l'hospitalité, même si comme l'a dit un jour un homme politique français, de manière maladroite et bien facile d'ailleurs : "on ne peut pas accueillir toute la misère du monde !" Si, vraiment, t'accueillir avec tous les égards dûs à ton rang d'être humain à part entière me paraît être la moindre des choses dans un monde qui va si mal à cause de l'indifférence justement. La France, ma terre natale, a toujours été une terre d'asile depuis des lustres et représente aussi un phare pour la liberté, l'égalité et la fraternité pour bien des peuples de cette planète. De plus, je me considère comme citoyen du monde et donc, dans ma tête tout du moins, il ne peut y avoir de vraies frontières entre les peuples et toi le réfugié, je te considère avant tout comme un frère qui viendrait enrichir ma vie de ton expérience, de ta culture.

Faut-il que tu sois affamé, terrorisé, pourchassé pour quitter ton pays, ta famille et t'embarquer sur un bateau de fortune pour rejoindre les côtes de la liberté au risque de mourir. Des milliers de tes camarades y perdent d'ailleurs la vie tous les ans pendant ces voyages si risqués. On en entend parler souvent lorsqu'on regarde des reportages terribles à la télévision, bien assis confortablement que nous sommes dans notre salon. Je me rappelle aussi d'une famille géorgienne que nous avons aidé un temps, cette femme et ses deux enfants, ne connaissant pas la langue française et perdus dans une chambre d'hôtel de Vannes en Bretagne, pendant que le mari se trouvait à l'hôpital pour soigner ses blessures suite à des coups reçus chez lui parce qu'il refusait de se faire racketter par la mafia. Cette famille avait fui son pays en passant par l'Arménie en laissant tout leur argent à des gens sans scrupule chargés d'organiser leur fuite. Qu'êtes-vous devenus, êtes-vous encore en France, autant de questions qui restent sans réponse après votre départ précipité de Vannes sans prévenir !

Pensons bien à vous frères géorgiens, et à vous aussi, les milliers d'autres étrangers en partance vers notre "eldorado" (qui n'en est plus un d'ailleurs au passage !), et qui vont se retrouver enfermés dans des camps de transit ou errant dans nos rues comme des pestiférés, évitant les contrôles policiers synonymes de reconduite à la frontière. Je souhaiterais enfin qu'on ne vous rejette pas en France, qu'on ne détourne pas la tête devant vos souffrances. Dans un monde où les riches deviennent de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus nombreux, il ne faut pas s'étonner, mesdames et messieurs, qu'il y ait tant de réfugiés.

Pour finir en faisant un parallèle saisissant, n'est-on pas déjà un réfugié dans son propre pays lorsqu'on se retrouve à la rue sans rien et même sans qu'aucun regard de tendresse ne se penche vers vous. Je veux parler de mon frère SDF et bien français qui m'indiffère souvent . Ce dernier ne peut que se "RÉFUGIER" dans sa solitude, en attendant, s'il a un peu de chance, de se "réfugier" auprès d'une association caritative. Nous vivons une sâle époque caractérisée par une énorme misère humaine et on ne peut plus se RÉFUGIER dans l'indifférence. SACHONS TOUJOURS ACCUEILLIR L'ÉTRANGER, car lui nous ouvrirait à coup sûr sa porte si on se retrouvait à sa triste place, merci d'y penser !

Guy GILLET

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