La protection sociale, si critiquée parfois,
doit être sauvegardée en tant qu'acquis fondamental !

 

Oui, la protection sociale coûte de l'argent pour toute société et, en tant de crise, certains voudraient la réduire à sa plus simple expression, voire la remettre radicalement en cause car on la considère comme un fardeau pour la croissance. C'est oublier un peu vite que cette protection sociale a vu le jour grâce à de longs combats qui ont été menés il y a des dizaines d'années. On a souhaité ce système de protection justement à cause de crises économiques et sociales majeures qui ont plongé, par le passé, des milliers de familles dans une misère extrême. Livrés à eux-mêmes, des citoyens de notre pays vivaient dans le dénuement le plus complet et ne pouvaient accéder aux soins médicaux, à l'aide sociale pour faire vivre la famille ou payer un logement décent, faute d'argent ! Combien de milliers de personnes sont mortes de froid, de maladies diverses parce qu'elles ne bénéficiaent d'aucune couverture sociale ? Ces droits que l'on trouve naturels aujourd'hui, n'existaient simplement pas et seules la débrouille et la solidarité instinctive de braves gens permettaient aux plus chanceux de survivre, NE L'OUBLIONS JAMAIS !

Nous vivons une crise depuis plus de 25 ans à présent, dûe principalement et dès le départ dans les années 1970, à deux chocs pétroliers qui ont plombé notre économie en plein vol, laquelle venait de vivre dans l'insouciance ce qu'on a appelé les "trente glorieuses", trois décennies de croissance continue. Ensuite, cette économie s'est globalisée, mondialisée et les bouleversements inévitables de cette situation font que cette crise interminable se prolonge encore aujourd'hui avec des effets dévastateurs sur le plan social. Ce constat est très schématique, j'en conviens, mais c'est en somme les terribles étapes qui ont déclenché et prolongé cette crise dans notre société depuis tant d'années à présent.

Alors, me dira-t'on, il y a encore, malgré cette protection sociale qui nous coûte si chère, des millions de pauvres, de SDF, de chômeurs qui galèrent dans une misère insupportable aujourd'hui ! C'est vrai et on ne peut que le déplorer et le dénoncer sans relâche ! Cependant, sans la Sécurité sociale, les diverses allocations familiales, les aides au logement, le R.M.I, l'assurance chômage, etc..., combien de millions de personnes seraient encore dans de plus grandes difficultés ? Faut-il, parce que cette protection sociale nous coûte de l'argent, la jeter, la sacrifier, en étant certain à terme d'accentuer encore la pauvreté et l'exclusion ? Dites-vous bien que cette protection sociale permet aujoud'hui à des millions de personnes, sinon de vivre sereinement, tout du moins de SURVIVRE AU JOUR LE JOUR, c'est un constat incontournable !

La protection sociale est le garant justement de ce lien social indispensable entre citoyens démunis et citoyens plus nantis, sachant que l'on peut très vite malheureusement basculer d'une catégorie vers l'autre à cause des mauvais coups du sort que peut réserver la vie parfois ! Et cette protection sociale, elle est même insuffisante car on se rend compte que les plus démunis ont besoin de se tourner vers des associations caritatives pour s'en sortir, et encore tout juste !!... On entend aujourd'hui bien souvent des gens dire que la protection sociale favorise l'assistanat, la paresse et certains ne vivraient que d'aides diverses, parce qu'ils sont malins, tandis que les autres travailleraient pour gagner honnêtement leur croûte ! Il y aurait d'un côté les gens biens et de l'autre, des profiteurs, des ratés qui ne méritent que leur trite sort.

Comment peut-on cataloguer ainsi les quelques 5 à 7 millions de pauvres en France de personnes fainéantes, de parasites qui vivraient au crochet de la société ? Pourquoi ce mépris envers des jeunes ou des anciens qui vivent avec moins de 650 euros par mois (ce chiffre équivaut au seuil de pauvreté !). Surtout que certains travaillent justement mais ne gagnent pas assez pour se loger. La protection sociale est un acquis fondamental et il ne peut être question de revenir en arrière, au risque d'accentuer la fracture sociale qui est déjà si énorme. Si l'on se sent citoyen, soucieux de la devise républicaine "Liberté, Egalité, Fraternité", on doit sans rechigner, sans juger, participer à l'effort national pour soutenir ceux qui ont moins de chances, sinon nous assisterons à un recul de civilisation. Rappelons encore que l'abbé Pierre ne cessait de répéter qu'il ne fallait pas faire la guerre aux pauvres, mais bien à la pauvreté, et ceci pour que notre société garde un visage humain, à plus forte raison en période de crise !

Guy GILLET

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