Profiter de la vie ou bien l’apprécier,
ce n’est pas tout-à-fait la même chose !

 

Il paraît que l’on a qu’une vie et ce serait dommage de passer à côté de tous les plaisirs que celle-ci peut nous procurer tout au long de notre existence, n’est-ce-pas ! Dans cette société de ce début de 3ème millénaire, les sollicitations sont en effet nombreuses et sont autant d’occasions de jouir en toute insouciance des plaisirs offerts à notre appétit jamais assouvie de consommation. On entend même assez souvent dans les médias d’informations des réflexions journalistiques du style : - Depuis ces dernières semaines, on assiste à une relance de la consommation chez nos concitoyens, ce qui tendrait à prouver que ceux-ci ont retrouvé le moral !!!...). Les politiques de tous bords nous disent bien souvent, avec le sérieux qui les caractérise, que la seule façon de s’en sortir pour notre société, c’est de tout faire pour relancer la consommation, source d’emplois, de richesses, de profits, bref de bonheur parfait en quelque sorte.

Les ménages sont incités à acheter le dernier portable, le dernier ordinateur, la dernière voiture à la mode, des vêtements de marque. On voit dans les revues ou à la télévision des publicités qui vantent les mérites de tel ou tel séjour de vacances, de tel ou tel produit miracle qui vous redonnera la beauté, la vitalité, vous effacera vos premières rides et même vous fera retrouver une nouvelle jeunesse, etc, etc... Les enfants et les adolescents sont sans arrêt matraqués par des nouvelles publicités présentant, par exemple, la dernière console vidéo à la mode. A Noël ou au jour de l’an, vous n’aurez que l’embarras du choix pour composer le menu de vos réveillons chez vous, au restaurant, ou lors d’une escapade à la montagne, tellement vos boîtes aux lettres sont remplis de prospectus tous aussi alléchants les uns les autres. Alors, effectivement, comment résister et ne pas adopter une attitude individualiste, puisque c’est à la mode et ce serait dommage, voire suspect de ne pas faire comme tout le monde. C’est dans l’air du temps de profiter de tout tout de suite et après nous, la fin du monde, après tout ! C’est enfin rassurant de consommer, d’établir sans cesse des projets pour sa petite personne ou pour sa petite famille et c’est peut-être aussi une façon de se dire qu’on existe aux yeux des autres et que l’on a réussi en affichant sa position sociale.

Tout ceci relève-t-il toutefois de l’essentiel et est-ce que de tels comportements conduisent l’être humain au bonheur, à la plénitude ? Savons-nous encore apprécier le bonheur d’être ensemble, de se rencontrer de manière simple, sans accessoire, sans artifice ? Pouvons-nous apprécier le fait d’être simplement en bonné santé, d’avoir des enfants vigoureux, joyeux, respirant la vie à pleins poumons ? Apprécions-nous au moins le fait d’avoir un toit, d’avoir un emploi, d’être entouré par des gens qui nous aiment et nous aident en toutes circonstances ? Avez-vous déjà apprécié au moins une fois le plaisir d’avoir aidé quelqu’un qui se trouvait mal dans sa vie, abandonné, pauvre, hospitalisé, emprisonné ou maltraité ? Profiter de la vie conduit peut-être à se procurer des satisfactions personnelles, mais à terme, est-ce que cela conduit vraiment à un épanouissement intérieur ? N’est-on pas plutôt pousser à en vouloir toujours plus et finalement ne se demande-t-on pas où l’on va et quel sens donne-t-on à son existence ?

Apprécier la vie c’est se rendre compte qu’un enfant vous sourit parce que vous l’avez aidé à le sortir de la solitude d’une chambre d’hôpital, qu’un exclu vous remercie parce que vous vous êtes arrêté dans la rue pour simplement lui parler quand il ne se sentait plus personne aux yeux des autres. Apprécier la vie, ce peut être aussi de passer du temps avec des anciens et les écouter parler du bon vieux temps, de ce qui est essentiel à leurs yeux compte-tenu de leur expérience de la vie. Apprécier la vie, c’est aussi savoir écouter et discuter avec ses collègues de travail au lieu de les dénigrer ou de les enfoncer pour éventuellement prendre leur place. C’est aussi parler à ses voisins le matin en partant au boulot ou le week-end, histoire d’entretenir un climat convivial dans son quartier. Tout ce qui fait notre vie de tous les jours, où les contacts avec les autres sont incessants et peuvent être enrichissants, est matière à satisfaction pour peu qu’on s’en rende compte et qu’on veuille bien prendre le temps d’y réfléchir, d’y méditer.

Ce monde de consommation, qui tend à polluer notre existence de gadgets superflus, nous éloigne de l’essentiel. La recherche du bonheur, me semble-t-il, est bien ailleurs, et se trouve plutôt dans le fait d’apprécier le simple fait d’exister, de respirer, de penser, de pouvoir sourire, rire, communiquer, se déplacer, courir, danser, chanter, aimer, partager, d’être passionné, etc... Ces choses nous semblent naturelles mais on les trouve enfin essentiels lorsque malheureusement la vie, par un coup du sort, nous prive de l’une ou l’autre de ces chances extraordinaires. Ce sont les cris que nous lancent bien souvent ceux qui, par malchance, manquent de cet essentiel qui n’a pas de prix. Prenons simplement le temps d’écouter et de comprendre le monde qui nous entoure en sortant la tête de notre bulle et nous apprécierons la vie à sa juste valeur !

Guy GILLET

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