Citoyen Président, quelle manière détestable
de faire de la politique !

Je vous ai observé depuis votre élection en 2007 et ce qui est flagrant dans vos actions, ou plutôt dans vos discours, c’est que vous êtes toujours en campagne présidentielle. Pour ce qui est de la communication et de votre aisance dans les médias, vous avez été champion du monde, si, si, je vous assure. Cela vous a permis de berner bien des électeurs qui vont, je l'espère, réfléchir à deux fois avant de mettre leur bulletin de vote dans l'urne la prochaine fois. Il fallait bien, de ma part, vous trouver au moins une qualité dans ce domaine de l'arnaque médiatique. Soyons clair, il ne sera  pas question ici de juger l’homme privé, que je ne connais pas et dont je n’ai pas à m’occuper parce que cela relève de l’intime.

Seulement, pour en revenir à la politique, vous avez la fâcheuse tendance à vous en prendre relativement souvent à des corporations ou alors à des communautés pour entretenir  un certain populisme coupable qui, il est vrai, vous a réussi en 2007 en devenant Président avec près de 54% des suffrages au second tour, si je me souviens bien. En effet, vous avez récemment stigmatisé les magistrats (dont l'indépendance vous agace !), après l’avoir fait avec les policiers. Vous nous avez expliqué, avec un ton gravissime, qu’ils ne faisaient pas bien leur travail tout en les accusant de fautes lourdes méritant des sanctions. Vous servant ainsi d’évènements graves et montés en épingle par les médias, vous avez fait de la surenchère pour tomber dans le sensationnel et ainsi, dans le même temps, caresser dans le sens du poil un électorat d’extrême droite que vous voulez absolument contrer pour les prochaines élections de 2012. A jouer ainsi avec le feu, on finit par se brûler les ailes du pouvoir, citoyen Président !

Si l’on rajoute à cela votre politique détestable, et le mot est faible, à l’égard des sans papier, des immigrés en règle générale et des Roms en particulier, nous voyons bien que vous n’avez réussi (et c’était peut-être voulu, je n’ose le croire !!...) qu’à apporter des clivages entre français, entre communautés. L'instauration de quotas d'expulsions d'étrangers n'est pas digne d'une République qui ne peut en aucun cas comparer les êtres humains à du bétail. Vous avez fait aussi remonter des idées nauséabondes et les nazillons de notre époque n’en demandaient pas tant et se sont empressés de s’engouffrer dans la brèche pour faire refleurir des thèmes qui sentent bon le parfum de Vichy, si vous voyez ce que je veux dire (* voir mon article sur le danger de l'extrême droite pour la présidentielle de 2012). Tout cela a comme conséquence que les français n’y croient plus, non seulement dans la politique, mais dans l’avenir, ce qui est plus grave, reconnaissez-le !

Pour les autres problèmes du peuple, les vrais, on nous a raconté, enfin vos amis de la droite, qu’avec la crise, il était difficile de régler les difficultés du pays en matière de chômage, de pauvreté, d’exclusion, de logement, de solitude, d’éducation, de santé, etc… Je crois que la crise a bon dos, car cela n’allait déjà pas très fort avant et vous êtes, avec vos acolytes, au pouvoir depuis bien des années tout de même. Si, de par mon expérience de bénévole, je prends l’exemple de la pauvreté,  je peux pourtant vous dire qu’il y a une telle désespérance et une telle colère aussi chez les plus démunis qui constatent comme moi que les richesses ne sont pas partagées de manière équitable et c’est peu de le dire !

Non, citoyen Président, à part votre politique de répression, de stigmatisation, avec des lois scélérates visant à encadrer sévèrement au lieu de promouvoir la prise d’initiatives citoyennes, vous ne savez pas apporter l’espérance à travers une politique, non pas qui exclut, mais qui prendrait en compte chaque citoyen dans toute sa dimension sociale, religieuse, laïc et qui intègrerait celui qui vient d’ailleurs pour enrichir nos différences qui ont de tous temps fait la France. A l’heure où je m’interroge sur ce que proposera la gauche en 2012 (et elle a encore du chemin à faire pour promouvoir une alternative crédible, surtout sociale et humaniste), je me dois de vous dire que vous faîtes fausse route et vous n’incarnez pas l’ESPOIR, pour un peuple qui a soif de justice, de liberté et surtout de plus de FRATERNITE, une valeur si fondamentale et pourtant si oubliée dans un monde où l’on cultive, surtout en politique, l’individualisme et la peur de l’autre.

Je sais que la politique n’est pas un art facile et qu’il n’est pas aisé de contenter tout le monde, voire impossible. Mais la politique, ce n’est pas du calcul électoraliste pour tout faire afin de rester au pouvoir. Le peuple ne demande pas de miracles, dans un monde qui change si vite, mais il souhaite qu’on entende vraiment ses cris de colère et sa souffrance. Cette politique donnerait enfin le goût d’aller voter, de s’engager comme citoyen dans la société afin que celle-ci ait enfin un visage plus humain. Ce n’est pas compliqué tout de même comme projet humaniste ou alors, si vous ne savez pas de quoi je parle, il faut passer la main citoyen Président !

Guy GILLET

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