Pourquoi sommes-nous seulement
de passage sur cette Terre ?


Vaste question, me direz-vous, et vous aurez raison. Comme vous, je me la pose bien souvent sans pour autant avoir une ou des réponses satisfaisantes. Comme la nature qui nous entoure, nous apparaissons, nous grandissons au fil des ans et nous finissons par vieillir et disparaître un jour, c'est justement la loi de cette nature dont nous faisons partie. La préoccupation principale, je pense, n'est pas de savoir quand nous mourrons, mais plutôt de se demander ce que l'on va faire de ce temps de vie qui nous est offert. Car l'existence, si dure et si difficile soit-elle parfois, est avant tout une CHANCE, un cadeau magnifique. Toutes et tous, en naissant nous sortons du néant et c'est tout de même une chose extraordinaire de prendre conscience que nous possédons un corps et une intelligence pour respirer, voir, entendre, rire, pleurer, marcher, penser, parler, danser, courir, etc... Nous vivons malheureusement, moi y compris, bien souvent en ne sachant pas savourer à sa juste valeur cette formidable chance d'exister tout simplement.

Bien souvent, nous faisons des projets divers pour le futur ou bien nous nous soucions pour des futilités et pendant ce temps, le présent nous échappe sans qu'on s'en rende vraiment compte et surtout sans qu'on ait su l'apprécier comme un parfum si enivrant. Nous avons tellement peur de tout perdre que nous restons en-dedans, comme pétrifiés par nos angoisses existentielles. Nous ne savons pas simplement nous lâcher parce que nous nous encombrons de mille choses qui n'ont pourtant que peu de valeur au regard de la vie elle-même. Pire, le refus de la mort nous empêche de vivre, comme si cette fin inéluctable était une anomalie intolérable de la nature. Alors, notre obsession n'est plus que de s'évertuer à trouver le ou les remèdes pour ralentir la vieilllesse, voire pour espérer un jour, grâce à un élixir providentiel, goûter à l'éternelle jeunesse. Et si un jour nous détenions enfin cette fameuse potion magique, saurions-nous pour autant apprécier la vie, ce n'est vraiment pas sûr, car tout vient du mental, de notre aptitude ou non à faire la différence entre l'essentiel et le superflu.

Pour ma part, mais ce n'est que ma petite vision des choses, je crois que si nous naissons avec un capital génétique différent au départ, nous possédons tous par contre une âme, une conscience qui nous rend, chacun d'entre nous, uniques et d'autant plus précieux. Notre innocence d'enfant s'évanouiera bien vite à travers les années qui passent et, au gré des évènements traversés, nous serons confrontés à des choix vitaux, entre ce qui est bien ou mal aussi. Nous aurons des réussites, des échecs et nous commettrons aussi des erreurs parce que c'est humain. Mais je reste persuadé que nous avons tous un rôle à jouer sur cette bonne vieille Terre. Il faut parfois du temps pour découvrir quel est ce rôle, mais cela ne suffit pas de toute façon. En effet, encore faut-il l'accepter, même si celui-ci nous fera prendre des risques, bousculera nos certitudes, nos habitudes, notre confort ! Parfois, on n'hésite trop avant de s'imposer ce rôle et, pour le restant de sa vie, on sera malheureux parce qu'on aura vécu comme tout le monde, mais contre nature. De ce constat amer viendront souvent, en même temps que la vieillesse, les regrets, les rancoeurs de ne pas avoir réalisé ce qui nous était réservé, d'être restés des individus pâles et sans relief particulier.

D'un côté, nous aurons bien vécu tout en profiant des multiples jouissances de l'existence, mais au final, nous n'aurons peut-être pas apporté ce que les autres attendaient ou espéraient de nous. Tout cela pour dire que chaque être humain possède des talents multiples, des dons qu'il se doit à tout prix de mettre au service de la communauté, comme d'autres, connus ou anonymes, l'ont fait en leur temps depuis bien des générations. Je veux me dire et vous dire que nous ne pouvons vivre en toute insouciance comme si le monde s'arrêterait de tourner après notre disparition. On ne nous demande pas pas forcément de bâtir des choses extraordinaires ou bien de laisser une trace quelconque dans l'Histoire, mais bien de prendre nos responsabilités et mettre nos compétences, notre sensibilité et notre temps au service de la communauté et ceci, de différentes manières, il y a tant de possibilités.

Notre but sur cette Terre n'est pas de durer éternellement, comme si nous étions le centre du monde (Levez comme moi de temps à autre le nez vers les étoiles pour vous persuader une bonne fois pour toutes que nous sommes bien petits, fragiles). Notre rôle est plutôt de s'investir sans retenue dans tel ou tel domaine avec passion et amour, et ceci avant de partir ailleurs, vers une autre destination, pour une autre vie. Finalement, que l'on vive 20, 30, 50, 70 ou 100 ans, la vie passe très vite sur cette Terre et nous ne devrions pas avoir si peur de vivre et de perdre des choses qui, de toute façon, nous seront inutiles après la mort, (Je me rappelle que mon père disait souvent qu'on n'a jamais vu un coffre-fort suivre un corbillard !). Non chacun est appelé, je crois, à remplir une "mission" et, lorsqu'il a enfin trouvé de quoi il s'agit, il est tout simplement heureux parce qu'il se sent véritablement lui-même en vivant concrètement ce pourquoi il était fait. Je pense que ce n'est pas plus compliqué que cela et, si je me permets de le dire ici, c'est que moi aussi j'ai "galéré" et mis du temps à chercher ce que devait être ma vie, mais je crois avoir trouvé et j'en suis aujourd'hui plus heureux.

Je sais surtout que nous devons tous, sans exception, prendre du temps pour AIMER les autres, notre famille bien-sûr, mais aussi au-delà, car c'est le sentiment le plus merveilleux que l'on peut ressentir dans une vie. Aimer, c'est donner de soi gratuitement de manière désintéressée, sans rien attendre en retour que la simple satisfaction de voir les autres heureux ou en passe de le devenir à nouveau. Et puis, vous le savez, je suis croyant même si cette Foi reste fragile et en tous les cas jamais acquise définitivement. Alors, je saisis mieux le sens de mon passage, de notre passage sur cette Terre, même si bien des choses m'échappent, vous l'aurez deviné bien-entendu. Cependant, je parle bien de PASSAGE car je reste persuadé qu'après cette courte vie sur Terre, nous allons ailleurs en empruntant un chemin qui nous conduit toujours sur une autre rive, au-delà de la mort. Alors, même si, comme vous, j'appréhende aussi notre fin tragique à tous, je suis tout de même rassuré en sachant que ce n'est pas terminé, mais qu'il y aura un autre commencement.

Pour en revenir à la nature, n'oublions pas que les plantes en mourant, laissent tomber des graines sur le sol afin de permettre à la vie de refleurir, de triompher au final. Pour nous, êtres humains, c'est pareil, nous laissons la place aux enfants qui laisseront eux-mêmes la place aux autres et ainsi de suite. Mais tous, nous devons transmettre une chose essentielle aux autres, la soif de vivre et d'apprécier les diverses saveurs salées ou sucrées de l'existence sans aucune retenue, surtout pas. Pour finir, je n'aurai peut-être pas vraiment répondu à la question de ce début de texte, mais si, sans trop me tromper, je vous aurai proposé une modeste recette pour connaître un peu de BONHEUR, je n'aurai pas perdu mon temps. C'est vraiment ce que je vous souhaite à vous tous qui êtes, comme moi, de passage sur cette bonne vieille Terre !

Guy GILLET

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