Il manquerait plus de 180 milliards d'euros par an
dans la poche des salariés français
!

 

Aussi incroyable que cela puisse paraître et bien que personne n'en parle vraiment, on assiste pourtant depuis bien des années à une dérive financière ahurissante et profondément injuste. En effet, on estime à 9,3% du PIB français (Produit Intérieur Brut) le pourcentage détourné par le grand capital au détriment de la masse salariale devant normalement revenir aux travailleurs français. C'est à dire que sur les 1800 milliards d'euros dégagés chaque année par l'économie française, environ 18O milliards glissent discrètement depuis plus de 20 ans de la masse salariale vers l'actionnariat. Cette augmentation de 9,3% prouve que les actionnaires en demandent toujours plus au détriment des salariés qui trinquent et voient leur pouvoir d'achat stagner et même régresser depuis plus de deux décennies. Autre aspect révélateur d'une dérive dangereuse, le fameux CAC 40, l'indice si connu de la Bourse, qui a vu le jour en 1982, est passé de 1000 à 4400 points aujourd'hui.

Alors, évidemment, nous constatons avec effroi l'émergence de nouveaux riches qui étalent leur train de vie pharaonique sans aucun complexe, pendant que des travailleurs gagnent souvent une misère. Pire, certaines fermetures d'usines et certaines délocalisations se sont faites et se font encore pour engraisser davantage encore l'actionnariat. Le déséquilibre s'accentue donc encore entre ceux qui vivent dans le luxe et ceux qui survivent bien souvent dans une misère parfois aussi grande que celle que Zola dépeignait à son époque avec une justesse si touchante. Nous sommes donc bien entraînés dans une spirale infernale consistant à donner toujours plus aux actionnaires tout en dévaluant l'outil de travail.

Dans le même temps, nos gouvernants nous disent qu'il faut faire des réformes pour s'en sortir du style "travailler plus pour gagner plus !". On nous dit aussi qu'il faudra travailler plus longtemps pour avoir une retraite décente. On veut instaurer une précarisation de l'emploi en généralisant les contrats de travail limités dans le temps afin d'apporter de la flexibilité dans l'entreprise. En fait, mais il ne faut pas le dire trop fort, ces réformes structurelles, terme pompeux si l'en est, ne devraient pas avoir de raison d'être si les richesses produites étaient mieux réparties. Voilà la vérité que l'on nous cache derrière des discours alarmistes et moralisateurs prônant aussi un libéralisme économique outrancier qui déshumanise notre société.

Et oui, avec ces 180 milliards d'euros, injustement versés dans la poche du grand capital, nous pourrions aisément éponger nos déficits, et je pense à celui de la Sécurité sociale par exemple, mais aussi à d'autres. Nous pourrions aussi financer davantage la recherche pour rester compétitif et ainsi créer des débouchés sur le plan économique. De plus, il resterait assez d'argent pour augmenter les bas salaires afin que les français retrouvent le pouvoir d'achat qu'ils ont amplement mérité au fond. Nous pourrions sans doute aussi financer une politique du logement social à la hauteur des enjeux actuels, etc, etc...

Pouvons-nous continuer à vivre dans une société où l'on voit de telles disparités et parfois une telle misère ? Et la question la plus essentielle que soulèvent certains experts de la finance est la suivante : Comment ose-t-on mentir ainsi aux français en les culpabilisant parce que, paraît-il, ils ne travailleraient pas assez ? A ce sujet d'ailleurs, une étude montre que le salarié français est parmi les meilleurs du monde quant au rendement assuré sur une heure de travail, encore une idée reçue qui tombe, mais de cela nos politiques n'en parleront pas, pensez donc !!... Les français, à qui on demande toujours plus de sacrifices, se font, sans le savoir, voler leur dû en toute impunité par des actionnaires assoiffés d'argent et qui ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin, et pour cause !!...

Pour finir, je crois, comme d'autres, que notre société ne connaîtra pas le bonheur si les injustices sociales ne sont pas combattues et il est à craindre que l'on crée plutôt du ressentiment et de la colère si la situation continue à se dégrader. Tant que l'homme sera ainsi exploité et surtout spolié de ses revenus en voyant le fruit de son travail détourné par des gros profiteurs sans scrupule, nous vivrons dans l'instabilité qui peut déboucher sur le pire. Avant d'en arriver au point de non-retour, c'est à dire à l'explosion sociale, il serait judicieux de remettre l'humain comme priorité absolue de notre projet de société. L'argent ne doit pas être un but, mais un moyen de garantir à tous les citoyens la possibilité de vivre décemment et là, en 2008, nous sommes encore loin du compte !

Guy GILLET

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