Une société plus fraternelle, plus solidaire
et tournée vers l'ouverture aux autres, doit déjà se bâtir dès l'école !
C'est
sans doute la question cruciale qui doit être prioritairement abordée
dès aujourd'hui au sein de notre système éducatif. Mais, OSERONS-NOUS
enfin bousculer les programmes dits classiques, modifier la formation
des enseignants et surtout remettre en cause des certitudes trop
ancrées dans les esprits de personnes, pourtant il est vrai, motivées
et soucieuses au jour le jour d'apporter, avec courage et de manière
légitime, ce qui a de mieux au niveau des acquis en ce qui concerne le
socle commun des connaissances. C'est sans doute là que se trouve
le noeud du problème car cela suppose de plancher sur un vaste chantier
éducatif qui est VRAIMENT si important dans la construction
intellectuelle des nouvelles générations appelées à construire demain
une société qui sera à leur image, c'est à dire bâtie sur ce qu'on leur
aura inculqué d'essentiel et qui donnera de toute façon du sens........
ou pas, à ce qu'ils bâtiront à leur tour pour le futur du genre humain.
Sommes-nous
capables, dès aujourd'hui, et surtout les enseignants sont-ils armés
pour le faire, de lancer des débats réguliers en cours d'année scolaire
sur des thèmes de société criants qui remettent gravement en cause
notre cohésion sociale, notre fameux sens du "vivre ensemble" ?
Oserons-nous encore une fois, par un discours-vérité et aussi grâce à
des témoignages percutants et emprunts d'humanité, aborder des sujets
aussi graves que la pauvreté au quotidien, l'exclusion, le racisme,
l'homophobie, le sort peu enviable des étrangers, des clandestins, de
personnes vivant dans une solitude implacable, etc... pour
éveiller nos élèves à ce, qu'inconsciemment, nous leur cachons pour
soi-disant les préserver ou ne pas les choquer ? Pourquoi cette
frilosité si improductive à terme et ces freins dans notre système
scolaire ? Je nous pose la question franchement : est-ce vraiment
rendre service à nos enfants et n'est-ce pas plutôt contre-productif
pour la création d'une société qu'on désire pourtant plus humaine et
plus juste surtout demain pour ces nouvelles générations dont nous
avons en charge l'éducation au quotidien ?
Bien-entendu, on me
rétorquera que les programmes scolaires abordent de grands thèmes de
société, surtout en histoire et la philosophie peut aussi servir en
cours à décortiquer ou à réfléchir sur tel ou tel sujet, mais cela ne
se résume-t-il pas à de l'abstrait, à une sorte de survol des choses de
manière un peu gentillette, tout en restant sur de la généralité pour
rester "soft" comme on dit familièrement. Pour être
clair, l'Education Nationale a-t-elle vraiment la volonté de faire
de nos élèves demain de véritables citoyens qui seront acteurs de
changement, grâce à une véritable prise de conscience des enjeux
fondamentaux permettant de créer une société plus vivante, moins
consensuelle ou, disons-le, moins conformiste ? L'état de crise dans
lequel se trouve notre société, doit vraiment, à mon sens, nous
interroger de manière URGENTE sur ce que l'on doit apporter à l'école,
au collège ou au lycée, pour permettre ce que j'appelle "une révolution
des consciences".
Si elle veut "garder la main", l'école a une
parole commune vraiment FORTE à lancer, dès aujourd'hui, pour défendre
des valeurs fondamentales et humanistes afin que l'on préserve ou
plutôt que l'on fasse revenir plus de fraternité et de cohésion dans
notre société parfois si déchirée sur le plan social, politique,
spirituel ou économique. Les haines diverses, les incompréhensions, les
violences qui montent, les discriminations et les communautarismes qui
n'ont jamais été aussi présents.... tout ces maux doivent être en
quelque sorte éradiqués dans l'oeuf si nous ne voulons pas que notre
humanité bascule dans une jungle impitoyable. Il en va de la
responsabilité INCONTOURNABLE de l'école, même si cela doit bouleverser
nos mauvaises habitudes qui mènent à l'inhibition et à
l'impuissance. Je dirais que l'école ne doit plus SUBIR EN SILENCE la
dureté de la société, qui fait que les enseignants sont de plus en plus
malmenés au point de lâcher prise malgré leur courage et leur belle
expérience, c'est pourtant un si beau métier ! Non, l'école doit se
REVEILLER pour participer activement à rendre cette société plus
humaine, plus fraternelle et c'est bien en donnant une place
PRIORITAIRE à l'éducation à la citoyenneté, à l'engagement, à la
solidarité que cela doit se faire, avec la complicité et
l'accompagnement des parents. Sinon, nous allons à l'échec à
terme et ceci malgré l'implication de toutes les bonnes volontés qui
sont si nombreuses dans les établissements scolaires.
Je peux
me tromper, mais je ne vois personnellement pas d'autre solution pour
nous en sortir TOUS ENSEMBLE et pour lutter du même coup contre les
préjugés, les idées reçues si tenaces qui font tant de mal à notre
société. Ces idées reçues si faciles, qui amènent à la haine de
l'autre, sont bien de la mauvaise herbe qu'il faut éliminer aujourd'hui
pour ne pas reproduire les mêmes schémas destructeurs demain ou alors,
toute éducation sera vaine ! Alors, pour finir, ouvrons nos écoles plus
largement au débat d'idées, à la prise de conscience en libérant la
parole, en invitant aussi des témoins qui parleront de la "vraie vie",
c'est à dire de la souffrance sous de multiples formes vécue ici ou
plus loin dans le monde, de la détresse dont sont victimes tous ceux
qui sont rejetés, etc, etc... Formons aussi très tôt les enseignants à
cette ouverture sur le monde sans tolérer les tabous qui freinent
l'authenticité, la vérité, si crue soit-elle ! Alors demain, nos élèves
auront, non seulement acquis des savoirs, mais auront aussi en eux
cette volonté de servir les autres tout en refusant l'intolérable,
l'inhumain. Là, le système socolaire aura alors apporté une éducation
complète et pleine d'espérance, on pourra alors parler d'un socle
commun de connaissances mis au service du bien commun, merci de
l'entendre !