Le don d'organes :
l'ultime geste de solidarité par excellence !

 

J'aborde ici, je le sais, un sujet très délicat qui touche avant tout à la mort d'êtres humains. Nous parlons plus particulièrement ici du décès brutal, notamment dû aux accidents divers de l'existence. La famille, les proches de la victime sont comme choqués, déstabilisés devant un tel drame et les mots sont trop faibles pour exprimer ce que traversent ces personnes qui vivent une telle épreuve, c'est évident. Cependant, avant que ne survienne la fin de vie, la victime se trouve parfois dans un coma profond avec des séquelles irrémédiables. La famille espère toutefois une amélioration spectaculaire car l'espoir, lors d'évènements aussi dramatiques, fait partie de la vie et on ne peut discuter ce sentiment très fort et même vital. Hélas, au bout d'un certain temps, le corps médical vous annonce que le patient se trouve dans un coma dépassé, irréversible et donc en état de mort clinique, un terme technique abominable à entendre !

Et puis, sans vous laisser le temps de digérer la nouvelle, on vous demande s'il est possible, après le décès, de prélever sur le défunt des organes vitaux (reins, foie, coeur, poumons, etc...) en vue de sauver un ou plusieurs malades en attente de greffes d'organes. Vous devez dépasser la douleur de la perte d'un être cher et donner éventuellement votre accord pour le prélèvement d'organes sur sa dépouille, c'est une décision grave, surtout si vous n'y êtes pas préparés. Vous devez en quelque sorte vous déterminer à la place du défunt qui n'avait pas donner son avis sur le sujet de son vivant, ni laisser aucun écrit permettant d'effectuer une telle démarche sans aucune hésitation. Vous devez vous décider très vite à cause de la détérioration rapide des organes en question après le décès, il n'est pas possible de vous donner huit jours pour réfléchir, c'est donc terrible ! S'il s'agit malheureusement de votre propre enfant, c'est sûrement encore plus douloureux et certainement inhumain comme situation à vivre !

C'est pour cela que diverses institutions s'occupant de ce grave problème, incitent les citoyens à se déterminer de leur vivant quant à leur consentement ou non de prélever des organes après leur décès. Nous ne désirons bien souvent pas aborder ce sujet avec son entourage famillial ou les amis, parce qu'on doit évoquer avant tout sa propre mort, c'est douloureux et surtout tabou. Des personnes refusent catégoriquement de prélever des organes sur un de leurs proches, par conviction personnelle, religieuse, ou pour je ne sais quelle autre raison... On ne doit pas toucher à l'intégrité du corps d'un défunt. Personne ne peut s'opposer à une telle décision surtout, répétons-le car c'est IMPORTANT, si la personne de son vivant n'a exprimé aucune directive orale ou écrite sur sa volonté à ce sujet.

Et pourtant, combien de vies sauvées grâce à des greffes d'organes, pensons en particulier à des enfants lesquels, s'ils n'avaient pas obtenu un rein, un coeur, ... seraient tout simplement décédés. Pour nous déterminer dans notre choix, posons-nous toujours la question :"Et si un de mes proches, un de mes enfants avait un jour besoin d'un organe pour rester en vie et surtout arrêter de souffrir, ne serais-je pas content qu'un donneur compatible permette enfin de le sauver ?". Oui, c'est terrible car, d'un côté, il y a la mort brutale d'un inconnu et de l'autre, grâce à cet évènement dramatique, il y a la possibilité de sauver plusieurs vies en lui prélevant un ou plusieurs de ses organes. C'est un des paradoxes de la vie les plus terribles qui soient ! Mais c'est avant tout, qu'on le veuille ou non, le dernier geste de solidarité fantastique que l'on peut faire ici-bas, il faut en être conscient !

D'imaginer qu'au delà de sa propre mort, nous pouvons simplement, humblement, prolonger la vie d'une ou plusieurs personnes qui n'avaient aucune chance de survivre sans de nouveaux organes, c'est véritablement formidable car au final c'est toujours la vie et un certain sens de l'humanité qui finissent par triompher. Pour ma part, je n'ai pas hésité longtemps, lorsqu'on m'a proposé de devenir potentiellement un donneur d'organes en 1993, lors d'une grande campagne lancée en France qui évoquait ce sujet. Je n'y avais pas pensé auparavant mais lorsque l'occasion s'est présentée de me déterminer, j'ai pris cette carte de donneur, symbole d'une solidarité universelle à mon sens. Celle-ci se trouve en bonne place dans mon portefeuille, en évidence. Comme pour me rappeler que j'ai pris une décision, loin d'être banale, mais qui est tout simplement en plein accord avec l'idée que je me fais d'une valeur n'ayant pas de prix à mes yeux, la SOLIDARITÉ, et ceci à toutes les étapes de l'existence.

Pour finir, je crois que le corps après la mort, intact ou amputé de quelques uns de ses organes, finit de toute façon de la même manière, en poussières, il faut s'y résoudre. Peu importe que l'on croit ou non à l'hypothèse d'une autre vie après la mort, notre enveloppe charnelle ne nous est plus utile, il me semble. Pour nos proches, nos amis, il restera les souvenirs de notre passage ici-bas et ce sera une manière pour nous de rester vivants dans l'esprit et le coeur de celles et ceux qui nous auront aimés. Mais, grâce à cet ultime élan de solidarité que représente le don d'organes, ce corps inerte n'est plus tout-à-fait inutile car il peut redonner la santé chez des personnes qui sont malades, bien souvent depuis des années. En offrant vos organes, vous redonnez de l'ESPOIR, de la VIE et celle-ci finit par triompher au-delà de votre propre mort, pensez-y avant de prendre une décision définitive !

A cause d'un manque flagrant de donneurs d'organes,
des dizaines de patients meurent
chaque année dans notre pays,
c'est terrible et anormal, qu'en pensez-vous ?

Guy GILLET

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