Je ne pourrai plus dire que je ne savais pas !

Non, je ne pourrai plus dire que je ne savais pas
Toutes les souffrances, toutes les injustices de ce monde,
Que les médias me montrent chaque jour,
Devant mon regard qui reste trop souvent indifférent.
Mes enfants me demanderont où se trouvait mon cœur d’être humain
En ces moments où j’aurais pu au moins me sentir vraiment concerné.

Non, je ne pourrai plus dire que je ne savais pas
Toutes les guerres, toutes les oppressions, toutes les tortures
Que mes frères ont dû subir aux quatre coins de la planète.
Bien-sûr, je n’étais pas directement coupable de ces atrocités.
Mes enfants me demanderont pourquoi je n'ai pas au moins osé les dénoncer
En ces moments où d’autres, peu nombreux, criaient leur indignation.

Non, je ne pourrai plus dire que je ne savais pas
Toute cette pauvreté, cette exclusion s'étalant devant ma porte,
Que mes concitoyens ont dû subir en vivant dans la rue comme des chiens.
Bien-sûr, je ne pouvais accueillir tout seul ces milliers de malheureux.
Mes enfants me demanderont pourquoi je n'ai pas donné un peu de mon temps à les aider
En ces moments où d’autres, peu nombreux, tendaient une main secourable.

Non, je ne pourrai plus dire que je ne savais pas
Tous ces réfugiés qui arrivaient chez nous pour fuir la famine, la guerre
Que, bien souvent, je désirais rejeter à cause de leurs différences.
Bien-sûr, il est facile de dire qu’on ne peut accueillir toute la misère du monde.
Mes enfants me demanderont encore pourquoi ce manque de fraternité de ma part,
En ces moments où d’autres, peu nombreux, accueillaient simplement l’étranger.

Non, je ne pourrai plus dire que je ne savais pas tant d’autres choses.
Non, je ne pourrai plus dire que je ne pouvais pas agir aussi à mon niveau.
Non, je ne pourrai plus dire que toutes ces histoires ne me concernaient pas.
Non, je ne pourrai plus dire qu’il était impossible de changer les choses.
Mes enfants me demanderont pourquoi ils héritent aujourd’hui d’un monde si triste,
En ces moments où ils auraient voulu aussi bénéficier d’une planète plus propre, plus juste.

Oui, je sais ce qui se passe et je peux avec d’autres changer le cours des choses,
Justement parce que j’ai des enfants qui, à leur tour, donneront la vie.
Nier les évidences en les balayant d’un revers de la main,
Ou laisser à d’autres le soin de se lever pour mener à bien des combats justes,
C’est condamner le genre humain dont je ne suis qu’un humble maillon
Qui doit rester debout, vivant, afin de transmettre intact l’héritage fabuleux que j’ai reçu.

Guy GILLET

retour au sommaire