La mixité sociale grâce au logement,
une vieille idée à remettre au goût du jour
pour préserver la cohésion en évitant les tensions !

 

Comment s'étonner de voir surgir des problèmes sociaux, lorsque pendant des années s'est mise en place une politique visant à créer des ghettos ? Certains personnes bien pensantes nous diront que cela relève du cliché, que les problèmes des banlieues, puisqu'il s'agit bien d'elles, sont plus le fait du désordre assuré par des bandes de "racailles" plutôt que de réelles difficultés sociales. Pourtant les chiffres sont têtus et nous font découvrir que la banlieue a un taux de chômage record, entre 20 et 30%, même plus à certains endroits, en concentrant une population française d'origine maghrébine énorme. Il ne s'agit pas ici d'excuser une quelconque violence urbaine, mais tous les ingrédients, on le sait, sont là pour que cette banlieue flambe à un moment ou à un autre. Parquer tous les gens de même origine, de même condition sociale modeste dans le même endroit, cela s'appelle bien un ghetto dont les barbelés sont invisibles mais bien réels.

Lorsque l'on sait en plus que les services publics, "pas assez rentables", ont déserté ces quartiers, encore une volonté politique "lumineuse", que la police de proximité a été aussi démantelée alors qu'elle avait entamé le dialogue avec la population et en particulier les jeunes, que l'on a par ailleurs réduit l'influence des éducateurs sociaux, on comprend que tout était en place pour que ça explose ! Et puis, lorsque vous voyez certains élus de la "République" traîner des pieds pour appliquer la fameuse loi obligeant toute commune à avoir au moins 20% de logements sociaux, vous comprenez alors que l'on marche sur la tête. L'illustre abbé Pierre, du haut de ses 93 ans, n'aura pas réussi cette fois à émouvoir certains libéraux soucieux avant tout de préserver la tranquilité de leurs administrés bourgeois habitant les quartiers chics du centre-ville. Ceux-ci auront malicieusement détourner la loi des 20% en leur faveur, faute de pouvoir la supprimer, c'est ce qu'on appelle de "la démission politique", bravo Messieurs !!...

Cette parenthèse politique acide étant dite, mais cependant moins dure que la réalité dramatique que vivent des millions de gens habitant des logements insalubres, proposons du concret qui relève aussi du bon sens. J'ai entendu ici où là des personnes qui ont avancé des solutions simples à mettre en place et je me dis que ces gens-là devraient faire de la politique, le monde est vraiment mal fait ! Est-il normal que l'Etat laisse ainsi flamber l'immobilier où le mètre carré, bâti ou non, atteint des prix incroyables ? Comment voulez-vous que des jeunes puissent investir dans certaines villes "bon chic bon genre" lorsque vous devez débourser une somme folle, non seulement pour acheter un logement, mais même pour payer une location. Dès lors, on commence à en voir les conséquences concrètes avec une population qui, dans certains centre-villes, vieillit dangereusement et où l'on a du mal à remplir les écoles, faute d'enfants.

Ailleurs, on vend les logements "à la découpe", procédé sournois qui consiste à faire des travaux dans un bâtiment existant afin de gêner au maximum les locataires peu argentés, dans le but qu'ils jettent l'éponge afin de s'en aller, ceux-ci ayant habité l'endroit depuis des années d'ailleurs, mais on s'en fout. La manoeuvre consiste ensuite à revendre ces mêmes logements, devenus cossus, à des personnes plus riches, une bonne manière de spéculer à bon compte ! Notons au passage que la pénurie de logements sociaux ou privés entretient bien-évidemment la spéculation, on sait bien que tout ce qui est rare est cher. Est-il normal que l'Etat permette cette pénurie lorsque l'on sait que les droits fondamentaux de la personne humaine sont : de manger, de se vêtir et de se loger ! Est-il encore normal que l'Etat revende à des promoteurs des bâtiments publics inutilisés (pensons à ceux qui appartiennent au Misistère de la défense !), plutôt que de les rénover pour en faire des logements sociaux ? Mais c'est vrai que notre cher Etat a toujours en permanence besoin d'argent frais pour les dépenser dans des projets relevant bien souvent plus du prestige que de l'utile pour la nation.

Et, pendant ce temps, s'est installée en France ce qu'on appelle la nouvelle pauvreté qui se traduit par le fait que des milliers de gens qui travaillent n'ont pourtant pas aujourd'hui assez de ressources pour se loger, une aberration ! Dès lors, compte-tenu de tous ces problèmes, ces scandales même, ne serait-il pas possible de reconstruire, comme cela se faisait il y a bien des années, des immeubles ou des résidences à échelle humaine où toutes les couches sociales étaient représentées afin justement de recréer de la mixité sociale. N'est-ce-pas à l'Etat d'imposer, oui d'imposer devant la mauvaise volonté de certains, une telle politique pour éviter les tensions évoquées ci-dessus. Est-il si impossible d'imaginer que l'ouvrier puisse cohabiter dans le même immeuble avec un cadre, un patron, un employé de maison, un commerçant, un chômeur..., et ceci peu importe la religion, la couleur de la peau ou les opinions politiques ?

On nous dit bien que notre pays est divers de par les cultures, les modes de vie, les professions, les origines... qui le composent et pourtant on continue d'entretenir cette ségrégation sociale qui peut être source d'exclusion, de discrimination, de racisme et aussi d'émeutes ou de violences en tous genres. On parque les individus selon leur rang dans la société, on dit "qu'on ne mélange pas les torchons avec les serviettes". Pour caricaturer, car ce n'est pas encore une situation majoritaire, le centre-ville appartiendrait aux nantis et la banlieue ou la campagne reviendraient aux prolétaires et accessoirement aux pauvres, lorsque ceux-ci ne sont pas rejetés des villes en été à cause de la période touristique. Non, dans le pays de la Liberté, de l'Egalité, de la Fraternité, il est temps de revoir notre politique du logement afin de ne pas exclure les différences à coups de préjugés ou à cause du niveau social. L'intégration peut et doit aussi se faire par le logement et surtout que tout le monde en ait au moins un, afin de ne plus voir des personnes "crevées" dans la rue chaque hiver, ce qui est le plus abject des scandales !

Guy GILLET

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