Qui suis-je finalement pour me permettre
de sensibiliser, d'interpeller, de critiquer, de provoquer,
sur divers sujets, mais aussi pour défendre
avec acharnement certaines valeurs humanistes ?

 

A vrai dire, c'est un exercice redoutable de parler ouvertement de soi et ainsi de dévoiler au grand jour certaines parties de sa personnalité en tâchant de rester honnête tout en conservant aussi un peu de pudeur pour sauvegarder son propre jardin secret. Mais, pour bien comprendre ce qui m'amène à écrire certains textes, à défendre des idées que je juge fondamentales, il faut aussi, je crois, que les lecteurs potentiels découvrent quelques aspects de ma vie qui ont été déterminants. Se connaît-on véritablement soi-même à cent pour cent ? Je ne le pense pas car je crois que c'est la vie, à travers ses joies et ses difficultés, qui nous font découvrir jour après jour des faces souvent cachées de notre être. Je vais tâcher ici de me mettre un peu à nu et cela, je l'espère, vous donnera peut-être quelques pistes intéressantes pour mieux appréhender les mécanismes qui guident ma petite intelligence, et ceci à travers mes sentiments, mes émotions.

Pour commencer, même si je ne veux pas me faire passer pour un martyr, (ce n'est pas le cas !), je dois vous dire que j'ai eu une enfance qui a été marquée par pas mal de soucis de santé. Rassurez-vous, je ne veux pas ici faire "pleurer dans les chaumières", mais ce qui suit correspond à une réalité qui est loin d'être tragique, mais qui explique sûrement en partie comment une personnalité peut évoluer à travers diverses circonstances de son existence. Dès la naissance, j'ai dû être opéré en catastrophe de l'estomac et on ne donnait pas très cher de ma vie. Ensuite, d'autres problèmes de santé ont empesté mon existence jusqu'à l'âge de 18, 19 ans. Ceci fut, avec du recul, une expérience difficile mais capitale car, très tôt, j'ai compris que la vie est fragile et que la santé n'a pas de prix. Cette expression revient souvent dans la bouche des gens mais, croyez-moi, je sais ce que cela veut dire. C'est pourquoi, à presque 45 ans, je continue à faire du sport et le simple fait pour moi de courir quelques kilomètres ou de jouer encore au football est une joie intense et chaque fois renouvelée.

Lorsque je vois des enfants malades, cela me touche au plus haut point, d'autant que certains d'entre eux ont des pathologies bien plus graves que celles que j'ai pu endurer par le passé. A l'âge de 11 ans, alors que j'étais hospitalisé, j'ai vu une petite fille de mon âge mourir dans la chambre d'à côté. C'est quelque chose qui vous marque à vie et vous fait mûrir trop vite, surtout lorsque vous entendez le père hurler et s'accrocher au lit parce qu'il ne peut supporter le décès de sa fille. Bref, la souffrance physique et aussi psychologique ne me laisse jamais indifférent et je me sens bien souvent impuissant devant des destins tragiques à bien des égards. Ce qui suit vous éclairera davantage sur ce que je ressens à ce sujet et sur la compassion que j'éprouve devant certaines détresses.

En effet, pendant de nombreuses années, à partir de l'âge de 20 ans, j'ai été assailli par des crises d'angoisses dans ce qu'elles peuvent avoir de terribles et ceci sans raison apparente, donc relevant de l'irrationnel. Vous êtes en fait conscient de votre état, mais vous ne pouvez évacuer ces tensions internes qu'en vous armant de patience et de courage. De plus, vous culpabilisez, car vous ne voyez pas de motif valable qui pourrait expliquer ce malaise intérieur si pénible à traverser. Personne, je pense, ne s'en est vraiment aperçu, car il est vrai que j'ai toujours essayé de rester ce personnage jovial, amuseur, que certains de mes proches, famille ou amis, connaissent. Durant ces années, cela ne m'a pas empêché de vivre de très très bons moments qui restent mémorables d'ailleurs. Mais, par périodes régulières et difficiles, j'en ai bavé moralement au point parfois de me retirer tout seul dans mon coin pour traverser ces moments d'angoisses et de nervosité intérieure extrêmes, je peux vous le certifier.

Ne désirant embêter personne avec mes problèmes existentiels, je me suis battu parfois en serrant des dents et en tâchant, comme je le pouvais, de ne rien laisser paraître devant les autres, que ce soit dans ma vie professionnelle ou privée. Etant sans doute trop fier de ma personne, quelque peu orgueilleux, je ne désirais en aucune façon montrer ma fragilité, mes limites, mes états d'âme et cette peur de l'existence qui vous prend aux "tripes", sans qu'on puisse vraiment l'expliquer de manière concrète.

Même si ce n'est pas la seule explication rationnelle, je sais aujourd'hui que cet état d'anxiété chronique découle en partie de mes nombreuses avaries de santé lors de mon enfance et de mon adolescence. Les traitements médicamenteux, les opérations, les hospitalisations, les frustrations aussi, ne pouvaient à terme qu'avoir des conséquences néfastes pour la suite. J'ai donc appris très tôt à lutter avec mes moyens limités pour ne pas renoncer et continuer malgré tout à poursuivre bon gré mal gré le chemin de l'existence. Et puis, comme je l'explique dans un de mes autres articles du site, il y eut en décembre 1986, cette rencontre très inattendue avec Dieu; comme je le dis simplement, une véritable révélation. Je ne pensais pas particulèrement à Lui, je n'étais absolument conditionné par aucun élément extérieur et nullement guidé par une personne quelconque. Non, rien de tout cela, c'est intérieurement que j'ai ressenti sa présence d'une manière presque palpable. Je le dis aujourd'hui, comme d'autres l'ont exprimé de belle façon avant moi après avoir vécu une telle expérience, c'est ce qui peut vous arriver de plus formidable dans la vie et je pèse mes mots.

Même si les difficultés de l'existence ne s'effacent pas de jour au lendemain et continuent, après cette prodigieuse rencontre, à vous assaillir, vous ne voyez plus les choses de la même façon. Votre vie intérieure s'en trouve littéralement transformée même si vous ne deviendrez jamais, loin s'en faut, un saint ! C'est difficile à expliquer, mais je peux vous dire sans honte ni retenue que ce Dieu existe, même s'il n'est pas toujours facile à trouver au milieu de notre existence si agitée. Cependant, qu'on ne s'y trompe pas, je ne suis pas là pour convaincre les indécis ou les non croyants, ni pour propager la Foi, je n'ai pas la stature d'un prophète, loin s'en faut. Mais je livre mon expérience à ce sujet car cela a compté plus que tout dans ma vie, alors pourquoi le cacher !

Voilà sans doute une partie de l'explication de ma personnalité sans doute un peu complexe et "tordue", caractérisée par la fragilité, le manque de confiance en moi, mais aussi beaucoup d'émotivité, de sensibilité et, dès lors, un regard différent sur les évènements de la vie. Ce vécu, même modeste, m'a permis petit à petit de me tourner vers les autres et en particulier vers ceux qui souffrent, ceux que l'on ne comprend pas toujours ou qu'on laisse de côté. Cette sensibilité à fleur de peau, qui est en moi, me rend très réactif lorsqu'on aborde des sujets graves qui me touchent. Certains ne me comprennent pas et me trouvent trop excessif, trop tranché dans mes idées. Je reconnais que c'est sans doute vrai, mais l'injustice, la souffrance, l'indifférence, l'intolérance et tant d'autres maux qui sâlissent notre humanité, je ne peux m'y habituer.

Comme je me suis battu pour exister quelque part, je continue le combat pour aider aussi les autres, car je ne dois pas me résigner et baisser les bras en tournant le dos à la dure réalité du monde d'aujourd'hui. Je ne me sens pas investi d'une mission quelconque, mais le fait de se tourner vers les plus démunis m'apporte une force intérieure et surtout une formidable raison de vivre. Bien-sûr, il y a aussi ma famille auprès de laquelle je puise un équilibre tout en recherchant le plus possible l'harmonie quotidienne, c'est aussi vital !

Comme beaucoup dans mon cas, je sais DÉFINITIVEMENT que rien n'est acquis dans la vie et c'est aussi ce qui parfois me fait peur en pensant au lendemain. Si j'ai entrepris quelques petites choses sur le plan associatif et notamment humanitaire depuis une quinzaine d'années à présent, je sais que mes limites, mes faiblesses et surtout mes peurs m'ont empêché de réaliser des choses plus ambitieuses dans ma vie, il me faut bien l'avouer ici. Il m'a certainement manqué un certain talent et une force spécifique pour entreprendre, disons-le, une autre "carrière". Mais je ne regrette rien et avec du recul, je m'en fous même, car ma vie, en dents de scie, m'a tout de même permis de passer avec persévérance bien des obstacles et de rencontrer jusqu'à maintenant des gens formidables et terriblement humains.

D'une certaine manière, j'ai toujours été très dur envers moi-même (peut-être trop d'ailleurs !), mais je me rends bien compte que, honnêtement, je suis loin d'être à la hauteur des valeurs que je tente de défendre à travers mes discours ou bien mes textes se trouvant sur ce site. Ce qui me dérange parfois, c'est que j'aurais tendance, à cause de mes modestes actions ou écrits, à me sentir meilleur que les autres, ce qui est la pire des choses et mène tout droit à la désillusion. Comme une telle attitude est détestable, je dois en permanence me corriger et me dire que si je possède quelques qualités, il faut bien me résoudre à constater que j'ai hélas, comme tout le monde, de nombreux défauts. L'autodérision, je la pratique souvent car c'est salutaire, afin de m'empêcher de me prendre trop au sérieux et pour mettre aussi le doigt sur mes vices, mes travers, qui sont loin d'être valorisants.

Alors, si j'écris, c'est bien-sûr par plaisir ! Ensuite, compte-tenu de mon vécu, je vais à l'essentiel car il est des priorités à défendre qui sont incontournables. Mais il me faut avouer que je suis sans doute prétentieux et quelque peu exhibitionniste (en dévoilant ouvertement mes sentiments intimes !) pour vouloir ainsi donner mon avis sur tout alors que je suis loin d'être quelqu'un de parfait et d'important dans cette société. On dirait aujourd'hui que je ne suis pas représentatif d'un courant de pensées ou d'une élite quelconque. Est-ce normal ou inquiétant de se livrer comme cela au grand jour, je ne sais pas. Je peux vous dire toutefois que, dans mon "délire intellectuel", je suis sincère, indépendant, passionné, même si mes propos restent toujours discutables, c'est évident.

Si je ne suis pas toujours optimiste sur moi-même, (j'ai peur de vieillir, par exemple !), je le reste cependant pour l'avenir du monde, car je ne suis pas fataliste. De ce fait, et ceci malgré mes grandes limites, je veux profiter des chances que je possède dans les mains pour me rendre utile envers ceux qui en ont besoin. Est-ce que je le réussis vraiment, cela est une autre hitoire, mais j'espère apporter ma pierre à l'édifice d'un monde meilleur, histoire, pour moi aussi, d'être un peu moins médiocre et ainsi de dépasser ma propre pauvreté intérieure.

Pour finir, ce texte se veut être aussi un témoignage vraiment sincère en direction de ceux qui souffrent, doutent et passent des moments douloureux. Je veux leur dire que malgré nos handicaps, nos peurs, nos faiblesses, on peut toujours arriver à se dépasser pour exister tel que l'on est. Si je n'ai pas une haute idée de ma personne, je peux tout de même me rendre utile à quelque chose, histoire de grandir en amour et donc en humanité. Même si nous mettons la barre trop haut et que nous l'atteindrons jamais, notre volonté d'y arriver nous poussera à continuer le chemin coûte que coûte, contre vents et marées et c'est sans doute cela l'essentiel dans une vie. J'ai souvent connu le désespoir et suis tombé parfois dans des gouffres mais, grâce à Dieu, il y a toujours eu une fragile lueur d'espoir qui a fait que je me suis relevé.

Non, je ne suis pas plus fort ou plus malin qu'un autre, mais je prie souvent pour toujours y CROIRE et ceci jusqu'à la fin de mes jours. Je ne voudrais pas qu'on dise de moi que j'ai réussi telle ou telle chose, mais plutôt que j'ai toujours obstinément ESSAYÉ de vivre, non pour moi, mais pour les autres et pour Dieu. Si j'y arrivais vraiment au terme de ma vie ici-bas, ce serait ma plus grande JOIE, surtout qu'au départ c'était vraiment mal parti. Si je peux me permettre un conseil, "croyez toujours en vous en restant simple, généreux, ouvert et déterminé dans vos choix, à condition qu'ils soient justes et utiles et vous serez alors heureux malgré les mauvais coup du sort." Comme le disait si bien un célèbre acteur français au soir de sa vie : "C'est tout ce que je sais, mais çà je le sais !"

Avec ce texte, je le sais, je prends le risque de casser une certaine image que je peux donner de l'extérieur. Il se peut même qu'on attachera plus autant d'importance ou de crédibilité aux divers textes qui se trouvent sur ce site, ce qui serait dommage. Pourtant, il me faut être le plus HONNÊTE possible vis-à-vis de tout le monde. Finalement, à travers ma modeste expérience, j'ai appris bien des choses et je veux simplement en faire profiter le plus grand nombre. Les idées, les convictions, les "coups de gueule", les valeurs que j'ose afficher au grand jour, je ne les aurais peut-être jamais écrits si je n'avais pas traversé des moments aussi intenses dans ma vie.

Si je vais souvent directement au but en étant parfois provoquant, c'est pour parler de l'essentiel en ne m'attachant pas à ce qui n'a que peu de valeur. La souffrance, les coups durs vous font souvent réfléchir sur le sens même de l'existence. Alors, acceptez mon personnage dans son entier avec l'humanité qu'il tente de dégager malgré ses difficultés et ses imperfections. C'est le plus important, le reste, après tout, c'est de la littérature sans importance !

Pour conclure définitivement, je poserais simplement une seule question : Qui peut dire qu'il n'a pas au fond de lui, des failles, des blessures, des peurs, des faiblesses ou encore des sentiments inavouables qu'il ne révèlera jamais au grand jour ? Nous jouons tous plus ou moins un personnage lorsque nous sommes en société et c'est humain. Je n'échappe pas à la règle et même si je me suis bien dévoilé au travers de ce texte, on ne peut pas tout dire... Néanmoins, je souhaite modestement que ma démarche, sans doute assez originale, permettra aussi à d'autres de s'exprimer librement, sincèrement, afin qu'on les comprenne mieux et qu'on les accepte tels qu'ils sont. Cela s'appelle la tolérance et permet aux êtres de se rapprocher sans trop se juger, ce qui est hélas bien souvent le cas !

Guy GILLET

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