Pierrot, ta chanson Lily, apprise dans les écoles,
n'est hélas toujours pas démodée !
Oui,
Pierrot, poète au coeur tendre, chantant la liberté et la fraternité, ta
célèbre chanson, parlant de cette Lily, n'est toujours pas démodée et
tu dois sans doute en être le premier peiné au fond. Oh bien-sûr, elle
est apprise dans des écoles, dont certaines portent ton nom pour te
rendre hommage. Mais pendant ce temps là, en 2015, il y a toujours
plein d'émigrés qui arrivent des Somalies ou d'ailleurs sur des bateaux,
si pourris que certains de ces passagers finissent le voyage au fond de
la Méditerrannée dans une indifférence quasi-générale. Que ce soit au
sein de la vieille Europe ou dans le pays de Voltaire et d'Hugo où,
normalement, comme tu l'as écrit, on devrait tous être
égaux, certains considèrent encore aujourd'hui, comme l'impose la
musique, qu'il faut toujours "deux noires pour faire une blanche".
Oui,
Pierrot, comme cet hotelier où Lily voulait crècher, certains
aujourd'hui encore pensent que dans l'hexagone, on ne doit recevoir que
des Blancs et tous les autres sont priés de retourner mourir de faim
ou sous les bombes dans leurs pays respectifs, leurs problèmes ce n'est
pas notre affaire ! Nous oublions cependant que ces immigrés font
toujours le sâle boulot dans les usines, le bâtiment, etc..., ou
continuent de
cirer le parquet de gens fortunés, lesquels ne trouvent pas forcément de
Blancs voulant être payés bien en-dessous du SMIC légal.
Et puis, 70 et 100 ans après les deux terribles conflits du 20ème
siècle, on ne se souvient que "vaguement" des étrangers, à la
couleur de peau différente, qui sont venus se faire tuer pour que l'on
retrouve notre liberté chérie. Comme Lily, certains peuvent encore
aujourd'hui choisir l'Amérique comme terre
d'asile, mais au pays de Barack Obama, ce Président pourtant noir de peau, on
constate que la couleur du désespoir est justement toujours le "Black".
Oui,
Pierrot, les enfants de Lily sont de plus en plus nombreux à fuir la
misère, la guerre pour venir chercher refuge chez nous et, devant cet
afflux incessant, des gouvernants parlent désormais d'établir des
quotas par pays, pour ce qui est de l'accueil de ces réfugiés.
Pierrot, ne penses-tu pas que l'on traite vraiment ces pauvres gens de
couleur comme du bétail qu'il faudrait ainsi répartir dans des réserves
bien contrôlées ? Ne devrions-nous pas, pour soutenir les enfants de
Lily, à notre tour lever un poing rageur contre ces loups qui
propagent des idées aussi nauséabondes de haine, de rejet de
l'autre, dans le
seul but de faire peur aux citoyens et aussi
d'imposer cette satanée idéologie tendant à faire croire hélas à
la
supériorité supposée de la race blanche. En tant que Blanc au sang
rouge comme tous les humains, plus que de la rage, je ressens déjà de
la honte !
Oui,
Pierrot, l'enfant qui naît
en 2015, qu'il soit blanc, noir...... juif, musulman, chrétien..... ou
athée, a toujours, comme tu le dis si bien, la couleur de l'amour
contre laquelle on ne pourra jamais
rien, même en déployant toute la méchanceté du monde. Qu'il habite déjà
la France ou qu'il arrive des Somalies, de
Syrie, du Mali, du Maroc ou encore de Roumanie..., nous devons toujours
lui
réserver une place partout sur la terre, surtout s'il fuit la pauvreté,
la répression ou les conflits. Combien de Lily devrons-nous encore
sacrifier sur l'autel de l'indifférence, du repli sur soi, avant que ta
chanson ne soit enfin à jamais démodée l'ami Pierrot ? C'est sans doute
la vraie
question que doit se poser notre humanité pour demain, afin de voir
enfin
triompher la liberté, l'égalité et la fraternité. Lily ne comprend
sûrement pas qu'aujourd'hui encore, en 2015, la couleur de peau
puisse ainsi rester un obstacle empêchant les hommes de
s'apprécier, alors qu'ils vivent tous sur la même Terre. Merci Pierrot
pour ta
chanson, mais qu'est ce que je peux détester ce que tu dénonces avec
tant de vérité dans le texte !
Guy GILLET