Le libéralisme sauvage, que l'on veut nous imposer,
n'est-il pas en train de déshumaniser notre société ?

 

Nous pouvons légitimement nous poser cette question lorsque l'on assiste à cette lutte sans merci pour la compétitivité et à cette logique purement financière et surtout comptable qui est l'une des grandes priorités de l'Etat. Nous observons d'une part une guerre acharnée entre entreprises et d'autre part, nous constatons des restrictions budgétaires scandaleuses sur ce qui touche à des domaines vitaux pour le bien être de l'individu et l'amélioration de nos sociétés. Pour développer le 1er point concernant le monde de l'entreprise, on s'aperçoit qu'une véritable guerre impitoyable s'est déclarée pour rester le plus compétitif possible, donc le plus rentable possible. Avec tout le côté pervers de l'actionnariat qui s'ajoute au reste, on se rend compte que seuls les aspects profits et gains de productivité comptent actuellement. Les entreprises et autres multinationales ne cherchent plus forcément à se développer pour créer de l'emploi, mais plutôt pour ne pas se faire manger par d'autres, avides de marchés et de pouvoir exclusif.

Le libéralisme triomphant mène désormais le monde et la France ne fait pas exception à la règle, d'autant que nos gouvernants y sont largement favorables. D'où des contradictions flagrantes qu'il est bon de souligner ici. En effet, si l'on parle du droit à la retraite que l'on veut repousser à 41 ou 42 ans, pour soi-disant sauver notre système de répartition, on s'aperçoit qu'elle est en parfaite contradiction avec la réalité du terrain. En effet, bien des entreprises aujourd'hui licencient des personnes de 50 ans et plus parce que les dirigeants estiment que leur masse salariale pèse trop lourd pour l'entreprise, ou parce que l'on pense qu'elles n'ont plus un rendement suffisant. Ainsi, tous les mois ce sont des centaines de salariés qui vont pointer au chômage après 15, 20 ou 30 ans de loyaux services dans leur société. De plus, on délocalise à tout va et même à l'étranger parce que les coûts de production de tel ou tel produit sont trop élevés pour être bien placés sur les marchés nationaux ou mondiaux.

Les actionnaires, lesquels placent leur argent dans une entreprise quelconque s'en vont aussitôt que celle-ci commence à battre de l'aile. Ce qui est insupportable, et je pense surtout aux gros actionnaires, c'est qu'ils bénéficient d'un maximum d'argent lorsque la société va bien, mais ne participent aucunement à la redresser si elle vient à connaître des difficultés, est-ce bien normal et surtout moral ? D'autant que ces actionnaires, pour une grande majortité, n'ont aucune idée des conditions de vie des ouvriers dans les entreprises auxquelles ils ont une participation. Ne devrait-il pas y avoir une clause obligeant ces actionnaires à participer pour une part au financement d'un plan social ou d'un sauvetage en cas de coup dur; ils participent bien aux bénéfices. Certaines entreprises, profitant aussi largement de subventions de l'Etat pour s'installer dans une région, ne devraient-elles pas être obligées de rembourser lorsqu'après seulement 3 àu 4 ans d'activité, elles ferment pour aller ailleurs en laissant les salariés dans la "merde". Pour rentrer dans cette sâle logique du libéralisme, l'Etat devrait en fait bénéficier d'un retour sur investissement au lieu de subventionner à fonds perdus et souvent de manière irresponsable.

On nous dit que le système libéral produit plus de richesses, très bien. Mais alors, comment cela se fait-il que celles-ci ne soient pas plus équitablement redistribuées. Deux chiffres parlent mieux que de longs discours lorsque l'on sait que 50% des richesses produites en France appartiennent à seulement 5% de la population. N'y-a-t-il pas un malaise messsieurs les politiques, les économistes ? Pourquoi veut-on surtout diminuer ou supprimer l'impôt sur les grandes fortunes puisque l'argent est là, je ne comprends pas, mais il est vrai que je ne suis pas économiste, alors dans ce cas !!... Notez au passage que je ne suis certainement pas le seul à me poser ces questions, nous sommes aujourd'hui des millions, il faudra bien un jour y répondre de manière claire car l'exaspération grandit dans ce pays; qu'on y fasse davantage attention avant qu'il ne soit trop tard.

Pour ce qui est du deuxième point, les restrictions budgétaires, alors là, je ne comprends plus du tout les choix de l'Etat aujourd'hui. Il manque des soignants dans les hôpitaux, d'encadrement dans l'Education Nationale, de logements sociaux. Le budget de la recherche est en recul, la lutte contre la pauvreté et l'exclusion est largement insuffisante, les handicapés demandent aussi plus de moyens, nos anciens vivent bien souvent avec très peu de moyens et dans des conditions déplorables, etc... etc..., la liste serait sans doute longue. Et vous, responsables gouvernemenataux, vous osez, non seulement faire voler en éclats l'impôt sur les grandes fortunes, mais aussi augmenter le budget de la défense. Vous désirez équiper l'armée de nouveaux avions de combat; près de 300 millions d'euros vont être consacrés pour la simple conception d'un prototype de drone de combat (avion sans pilote) et j'en passe... Un nouveau porte-avions et même un sous-marin sont aussi dans le carnet de commandes. Cela nous rend plutôt perplexe lorsque l'on sait que le "Charles de Gaulle" nous a déjà coûté la "peau des fesses", d'autaut qu'il y eut des "ratés" lors de sa conception. D'autres projets d'investissements militaires insensés sont en gestation; enfin bref, cela relève du gaspillage le plus absolu. Si nos techniciens de haut niveau étaient davantage employés à concevoir du matériel civil (avions de lutte contre les incendies en trop petit nombe, moyens pour lutter contre la marée noire insuffisants voire dérisoirs, etc...), ce serait certainement plus judicieux, le croyez-vous pas ??...

Au lieu de cela, on a osé nous expliquer que tous ces investissements militaires étaient justifiés à cause des nouvelles menaces comme le terrorisme, n'y-a-t-il pas plutôt là-dessous un peu de propagande pour faire avaler la couleuvre et surtout faire plaisir aux lobbies de l'armement. Mais pour moi et comme pour d'autres certainement, tout cela relève de la provocation la plus pure et le danger pourrait très bien venir, non pas de l'extérieur, bien de l'intérieur de notre pays; je veux parler d'une colère qui monte un peu partout et ne sera à terme plus contrôlable. L'URGENCE aujourd'hui, elle est sociale, tant sur le plan de la santé, l'éducation, le logement, ou bien l'emploi. Mettez, sans hésiter une seconde, votre "pognon" là-dedans au lieu de nous offrir une armée de prestige dont tout le monde s'en fout au jour d'aujourd'hui, il faut le savoir. En parlant de prestige, réduisez aussi le train de vie de l'Etat, je pense notamment aux réceptions gigantesques qui sont organisées durant l'année, la garden-party du 14 juillet à l'Elysée avec ses milliers d'invités, le sommet du G8 qui nous a coûté combien !!... Toutes ces choses, les français en parlent au bistrot du coin, entre amis ou en famille. Entendez la frustration qui monte chaque jour un peu plus, sinon nous allons tout droit dans le mur.

Il y a eu le trop fameux 21 avril 2002, mais les leçons n'ont pas été tirées et ce sont toujours les mêmes qui trinquent, malheureusement. J'ai peur effectivement, qu'au rythme où vont les choses, l'extrême droite finisse par triompher à cause de la désespérance des citoyens et ce sera la honte pour notre pays. Si la gauche a sa part de responsabilités dans ce qui arrive, parce qu'elle n'aura pas été assez courageuse et à l'écoute des plus petits qui demandaient plus de justice et de quoi vivre dans la dignité, vous la droite, vous menez une politique qui est, répétons-le haut et fort, avant tout basée sur les problèmes de logique comptable. Il faut économiser ici, il faut réduire les effectifs là... au détriment de la qualité du service public, (et c'est un citoyen travaillant dans le privé qui vous le dit !). Tout finalement n'est plus qu'une question de profits, de réduction des charges et on demande encore des sacrifices aux mêmes. Cela fait près de 30 ans que çà dure et on n'en voit pas le bout. La coupe est pleine, croyez-le bien, et ce n'est pas faire preuve de catastrophisme de le dire.

Il me semble que ce n'est pas de cette façon qu'on fait de la politique. Ce doit être plutôt de tout mettre en oeuvre pour améliorer les conditions de vie du plus grand nombre, il y a des millions de gens dans la précarité qui logent bien souvent dans des conditions déplorables. En tant que modeste bénévole, je sais de quoi je parle et, à mon humble niveau, je tente, avec d'autres, de traiter des situations difficiles voire dramatiques. Arrêtez donc les mesures démagogiques comme ces décrets contre la mendicité agressive, ou la chasse aux prostituées ou encore l'expulsion des réfugiés, (j'en parle dans un autre article sur ce site). Je ne crois pas que vos policiers soient particulièrement fiers d'appliquer les décrets insupportables que vous venez de mettre en place, lesquelles datent d'un autre temps. Ne faites pas de gens, qui connaissent déjà tant de difficultés, des victimes expiatoires d'une politique de répression aveugle et systématique; c'est un peu trop facile et surtout INTOLÉRABLE.

Non, cherchez plutôt, quitte à vous faire des ennemis parmi les lobbies puissants et trop influents de ce pays, à mener une politique courageuse qui soit véritablement humaniste et raisonnable. Attaquez vous aux problèmes immenses de ce pays en y mettant la forme et les moyens, ne me dites pas qu'il n'y a pas des masses d'argent considérables qui dorment en France ! Ayez un projet de solidarité nationale à expliquer de manière concrète où chacun donnera un peu de son argent, de ses privilèges, de son temps aussi pour aider celui qui est en difficulté. Luttez contre les disparités qui n'ont jamais été aussi fortes aujourd'hui. Le libéralisme, ce n'est pas une fin en soi, sinon c'est une vision très réductrice de ce que peut être la politique. Des hommes et des femmes politiques de base, des acteurs sociaux du service public et des membres d'associations diverses font un travail formidable tous les jours sur le terrain. Ecoutez-les, ils savent de quoi ils parlent et ce qui est nécessaire pour améliorer la vie de tous les jours. Ils sentent les choses parce qu'ils vivent au quotidien ce qui se passe dans la "France d'en bas". Donnez-leur aussi, tout en contrôlant bien-évidemment, les moyens financiers nécessaires pour changer concrètement les choses de manière positive au lieu de gaspiller l'argent public pour d'énormes dépenses qui ne se justifient pas.

Bref, prenez des risques, citoyens élus de gauche ou de droite pour que l'on vive enfin dans un pays où l'être humain, quelle que soit sa condition, reste bien la priorité absolue. Tout cela est bien loin du libéralisme, n'est-ce-pas, mais c'est comme cela que l'on verra refleurir l'ESPÉRANCE et l'envie d'avancer vers plus de LIBERTÉ, d'ÉGALITÉ et de FRATERNITÉ, il y a véritablement URGENCE ! Ne confisquez pas la République parce que vous avez le pouvoir. N'oubliez jamais que c'est le peuple qui vous a élu et celui-ci souffre pour l'instant en silence, mais pour combien de temps ??...

Encore une fois, ce texte ne doit pas être pris pour une simple critique gratuite sans fondement. Non, je désire, comme tant d'autres, que l'on remette enfin l'être humain au centre du projet politique. Le monde ne peut se concevoir de manière strictement comptable à coups de chiffres, et ceci en laissant s'effondrer des pans essentiels qui entretiennent la cohésion sociale. Il est des priorités incontournables et des dépenses qui sont injustifiables, les français le savent bien. Ils ont du bon sens, il suffit de les écouter et surtout de les ENTENDRE, Merci !

Guy GILLET

retour au sommaire