Pratiquer l'humilité afin de ne pas trop s'illusionner !

 

Il me semble évident aujourd’hui, sans doute plus qu’hier parce que j’avance en âge, que l’humilité, la vraie bien-entendu, est salutaire pour tout être humain. Car, à vrai dire, je ne me suis pas toujours senti suffisamment humble, ou plutôt habité bien souvent par une fausse humilité, ce qui est pire, reconnaissons-le. Je dis fréquemment que je ne suis pas à la hauteur des valeurs humanistes que je tente de défendre, c’est une évidence ! Pourtant, il m’arrive hélas, dans le même temps, de me mettre trop en avant du fait que j’écris des articles ou que j’agis concrètement sur le plan caritatif. Comme d’autres, je suis victime de mon activisme, de mon idéalisme, de ma suffisance, qui font à terme que je tente en permanence d’imposer ma «vérité» sur les choses ou sur les évènements de notre société, cela relève de la vanité !

Mais au fond, je me retrouverai peut-être un jour dans l’incapacité d’agir ou d’écrire pour telle ou telle raison, je pense à la maladie notamment. Alors, je me rendrai compte très vite que je ne suis pas indispensable, incontournable mais insignifiant. C’est alors que je perdrai du même coup mes illusions pour subir une terrible descente aux enfers. C’est entre autres ce qu’écrit Sœur Emmanuelle (presque 100 ans) dans ses méditations, alors qu’elle ne peut plus désormais sortir de sa chambre. Sa santé défaillante l’a, dit-elle, plongée dans le néant, mais celui-ci est habité par la source même de son si grand engagement auprès des plus démunis, c’est à dire celui qu'elle appelle l’Etre supérieur ou encore le Christ. Habitée par la foi, la prière est à présent sa seule préoccupation, mais elle semble se trouver dans une plénitude absolue malgré les souffrances que lui inflige son corps. Elle dit que son réconfort ne se trouve pas tant dans ce qu’elle a fait concrètement pour les plus pauvres, mais plutôt dans ce qu’elle a semé dans les coeurs au nom de cet Etre supérieur pour qui elle a agi durant des années.

Que l’on soit croyant ou non, lorsque l’on se retrouve seul devant l'adversité, au pied du mur parce que la vie nous y oblige de mille façons, on va à l’essentiel. On ne triche pas devant nos faiblesses, nos limites, notre pauvreté, je m’en suis à maintes reprises rendu compte. Dès lors, devant son propre néant, on recherche du sens à son existence, on revient à la source, qu’elle soit religieuse, philosophique ou simplement spirituelle, culturelle. Le «Moi je….», si étalé avant, n’est devenu qu’illusion car tous les artifices si dérisoires tombent devant une vérité personnelle mise à nu par l’épreuve. L’humilité, ce n’est donc pas d'être persuadé que l’on est placé devant les autres parce qu’on étale son expérience de vie que l’on croit en tous points exemplaire. La véritable humilité, c’est de penser que l’on marche au même pas que les autres en essayant de respecter et d'aimer chacun comme un être aussi précieux que soi, ni plus ni moins. Si nous ne sommes pas conscients de cela, on s’illusionne sur sa petite personne et on finit toujours par tomber de haut.

Alors oui, même s'il me faut continuer d'écrire sur ce site pour défendre des valeurs ou d'agir pour ceux qui souffrent, je ne dois pas pour autant me prendre pour le centre du monde. Au contraire, je dois en permanence combattre mon orgueil personnel en prenant bien conscience, à tout instant de ma vie, que je ne suis qu’un pauvre être humain bien fragile. En fait, je suis comme les autres en quête de l’absolue vérité même si je ne l’atteindrai jamais, en tous cas pas ici bas. Dès lors, illusions, trop chères illusions qui me font croire en des chimères, écartez-vous sans cesse de mon chemin afin que je redevienne véritablement moi-même en cherchant l’innocence et la simplicité !

Guy GILLET

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