Comment relire l'horreur que fut le nazisme avec les jeunes générations ?
En cette fin d'année 2015, où certains se posent la
question de savoir s'il est possible ou plutôt souhaitable de rééditer à
grande échelle le terrible livre, (si on peut parler de livre
d'ailleurs !), écrit par Adoph Hitler "Mein Kamph", et dont les droits tombent dans le domaine public, c'est peut-être, à
travers ce débat d'actualité, l'occasion de nous demander comment, en
tous les cas, nous pouvons parler aux enfants, jeunes (à la maison ou à l'école) de ce que fut la naissance
et la terrible réalité du fascisme. Nous pouvons penser, à cause de cette actualité, que bon
nombre d'entre eux vont peut-être chercher à savoir, peut-être à lire
seuls dans leur coin ce livre démoniaque qu'est "Mein Kamph", parce que
l'on peut déjà le trouver facilement en ligne sur internet.
Sur sa réédition, bien que je n'ai
pas d'avis tranché, je serais plutôt contre, car on ne peut pas balancer
à grande échelle un tel brûlot antisémite et haineux sans que des
explications de texte bien argumentées soient données par des
spécialistes de la question, et ceci dans le cadre justement d'une
pédagogie la plus élémentaire qui soit, c'est le moins qu'on puisse dire
!
Cependant, après tout, le sujet ne peut
rester tabou et je sais qu'on enseigne déjà l'histoire de la seconde
guerre mondiale en cours. Mais cette affaire du livre d'Hitler est sans
doute une formidable occasion pour montrer comment une idéologie
détestable a pu ainsi se hisser au pouvoir en provoquant ensuite la
guerre, la destruction, et une extermination impitoyable à une si grande
échelle. Toutes proportions gardées, car notre époque ne peut être
comparée aux années 1930, nous vivons tout de même une crise économique
et morale qui fait que des repères sont un peu perdus et surtout qui
fait que des idées détestables de rejet et de haine ressurgissent envers
celui qui est différent ou vient d'ailleurs. Comme on le constate, en
Europe même, des mouvements d'extrême droite, racistes, violents
commencent à avoir pignon sur rue. Pire même, avec les exemples comme la
Hongrie et tout récemment de la Pologne, nous voyons que des courants
populistes, nationalistes et autoritaires ont pris le pouvoir en
brandissant des idées plutôt nauséabondes et contestables. L'Union
Européenne, dès lors, peut se sentir en danger à terme, car certains
courants veulent tout simplement sa destruction, il faut le savoir et
l'enseigner !
La France elle-même n'échappe pas à ce
courant extrémiste qui, d'année en année, a pris une certaine ampleur et
obtient surtout de plus en plus de suffrages lors d'élections diverses.
Pire, même, une certaine parole s'est libérée un peu partout dans les
discussions ou sur les réseaux sociaux et nous assistons à un
déferlement de haine et de rejet de l'autre. L'arrivée en masse des
réfugiés, par exemple, est l'occasion de se déchaîner contre l'étranger
qui viendrait soi-disant nous envahir. C'est ainsi, qu'en Europe
toujours, on en vient à monter des murs et des barbelés pour arrêter
ceux qui fuient avant tout la guerre ou la pauvreté. Ce sont bien des
attitudes et des discours intolérants, racistes, antisémites,
nationalistes, que l'on croyait à jamais oubliés, qui remontent ainsi à
la surface en 2015, comme quoi le devoir de mémoire, dont on parle
parfois, est plus que jamais d'actualité.
Alors oui, là encore, il faut plus que jamais défendre des valeurs fondamentales et surtout
les transmettre à nos élèves, c'est plus que jamais un devoir, une
urgence, une priorité absolue. Pour cela, il faut prendre le temps de
relire l'Histoire et, sans tabou, aller décortiquer ce que fut l'horreur
du fascisme, en étudiant avec soin comment, grâce à une propagande bien
huilée, cette idéologie démoniaque a pu entrer dans l'esprit de
millions de gens au point de déclencher une terrible guerre mondiale.
L'horreur commence toujours par l'invention astucieuse et farfelue de
bouc-émissaires faciles, lesquels ne peuvent pas se défendre, pour
expliquer les problèmes d'une société en crise. Il y a plus de 70 ans,
ce furent les juifs, les Tziganes, les homosexuels, les handicapés...
qu'il fallait éliminer parce qu'ils étaient considérés comme des sous
races nuisibles. Aujourd'hui, ce sont les étrangers, les réfugiés, les
pauvres qui sont les nuisibles et qu'il faut rejeter pour rester entre
"bons citoyens respectables" de la bonne société.
Et demain, à ce rythme, ne risque-t-on
pas d'aller plus loin dans la haine et le rejet de l'autre à cause d'une
peur que certains savent si bien attiser aujourd'hui pour mieux en
récolter les fruits électoraux à terme ??!!... A quoi cela sert-il de
parler de devoir de mémoire, de faire des commémorations si, dans le
même temps, nous n'avons pas le courage, surtout en temps de paix, de
combattre des idées de haine qui remontent dangereusement ? L'école, le
collège, le lycée et l'université, lieux de connaissances, du savoir et
de la culture générale, se doivent de brandir une PAROLE FORTE pour que
jamais l'abomination revienne, c'est un devoir absolu ! Ces institutions
de la République doivent être des lieux de débats, de réflexions
intenses pour éveiller les jeunes générations et susciter l'engagement
demain pour préserver le bien commun, une richesse qui n'est jamais
acquise à l'avance ! Les vieux démons sont toujours là, tapis dans leur
tanière et prêts à ressurgir pour amener le chaos, les larmes et le
sang, ne l'oublions jamais !
MERCI d'entendre ce message et de le
diffuser au plus grand nombre ! Ne me sentant pas le plus courageux des
hommes, je ne voudrais pas demain à avoir à choisir un camp entre le
bien et le mal à cause de circonstances dramatiques qui pourraient voir
le jour à nouveau et surtout, je ne veux pas que les jeunes générations
aient aussi à faire ce choix douloureux parce qu'on n'aura pas su,
lorqu'il était encore temps, éradiquer le mal avant, directement à la
source. Oui, sachons aujourd'hui, avec courage et détermination, relire
l'Histoire tragique du passé pour ne pas refaire les mêmes erreurs, pour
préserver aussi le socle fondateur de notre République démocratique, à
savoir la LIBERTE, l'EGALITE et la FRATERNITE ! Osons affronter aussi au
grand jour ceux qui attisent la haine et le rejet, ce sera notre forme
de RESISTANCE d'aujourd'hui, sachant que d'autres ont pris bien plus de
risques il y a plus de 70 ans, au prix de leurs vies, pour sauver notre
démocratie !
Guy GILLET