Derrière le refus du mariage homosexuel,
n'y a-t-il pas une homophobie cachée toujours aussi tenace ??!!...

Chacun, selon sa conscience, sa personnalité, son expérience de vie, ses racines, son éducation, est libre d'avoir des convictions par rapport à tel sujet de société et c'est plus que légitime en démocratie ! Cependant, à l'image du titre en forme de questionnement, lequel introduit cet édito, il n'est sans doute pas exagéré de se demander si certains jugements ou refus de faire avancer des sujets cruciaux ne découle pas d'arrière-pensées tenaces découlant de préjugés bien ancrés dans les consciences. Et c'est bien ce qui me préoccupe, davantage que de savoir si l'on est pour ou contre une proposition politique qui bouleverse soi-disant "l'ordre établi" de la société depuis des temps très anciens.

Le mariage homosexuel, comme le vote accordé aux étrangers, certes des thèmes de société différents, ont pourtant comme point commun qu'ils stigmatisent les personnes concernées, car tout cela relèverait finalement, aux yeux de certains, d'une anomalie, de l'inconcevable quant à leur mise en place, parce que cela fait peur, bouleverse des normes établies et immuables. Et là encore, on touche des sujets qui entretiennent depuis des lustres là-aussi des idées reçues et des conflits que l'on devrait, en 2012, considérés désormais d'un autre temps, c'est à dire dépassés. Lorsque certaines personnes demandent simplement qu'on régularise leur situation pour être mieux reconnues et acceptées dans la société, d'autres leur opposent une "morale" immuable et se drapent du manteau de la vertu et de la vérité absolue pour leur refuser tout droit légitime au fond, en se disant choqués : "Mais, comment osent-ils revendiquer une telle chose, quelle honte !"

Dès lors, au-delà d'être pour ou contre le mariage homosexuel, c'est bien encore le thème ô combien délicat de l'acceptation de la différence qui est au coeur du sujet, mais personne n'ose vraiment l'avouer parce que c'est sensible, très sensible. Pire, nous le savons bien, l'homosexualité est encore vue dans notre société, comme une déviance, une pervertion et certains vont encore jusqu'à penser, sans encore une fois trop le dire haut et fort, que les homosexuels devraient se faire soigner. Fort heureusement, les homosexuels, à l'image des juifs, des tziganes... ne risquent plus l'extermination qui leur était infligée dans les camps de concentration nazis. Cependant, dans l'esprit de certaines personnes, ils restent des pestiférés, des personnes qu'il ne faut pas fréquenter, à l'image des noirs, des arabes, des roms, etc...

Aujourd'hui, ce sujet entraîne bien des discussions, bien des écrits dans la presse ou ailleurs et des mouvements de protestation de la part des gens bien pensants qui se disent choqués par ce droit au mariage demandé par les homos, une revendication légitime qui en vaut pourtant beaucoup d'autres. J'aimerais vraiment que toute cette énergie verbale, parfois haineuse, déployée contre les homos, soit davantage consacrée, enfin de manière positive,  à dénoncer des injustices INSUPPORTABLES et je pense à la grande pauvreté, qui est chronique depuis plus de 25 ans, touchant tant de millions de personnes et de familles à nos portes.  Sur ce sujet si grave comme sur d'autres, disons que le silence est "assourdissant" depuis trop longtemps. Dès lors, je crois qu'il serait plus urgent de s'en préoccuper, de s'en indigner en masse, plutôt que de tenter de faire du mariage homosuexuel un enjeu de société, alors qu'il n'y a pas "de quoi fouetter un chat", si vous me passez l'expression !

Oui, dénonçons plutôt par exemple le manque criant de logements décents, la si grande précarité dont souffrent tant de jeunes, de retraités aux maigres ressources ou de femmes seules qui errent encore, en 2012, dans nos rues avec leurs enfants. Dénonçons aussi dans la foulée le racisme ambiant, les intégrismes politiques et religieux de tous bords qui ont refait surface depuis des années. Ceux-ci, en effet, se renforcent de manière inquiétante avec la crise que nous traversons et toujours ces mêmes gens bien pensants (pas comme moi qui ne suis qu'un provocateur chronique et imbécile, je l'assume !!...) qui ne font qu'attiser la haine et le rejet de l'autre.  Mais, de grâce, laissons les homos se marier en paix s'ils le souhaitent car, ne dérangeant personne au fond,  ils ne demandent que notre compréhension et un peu de chaleur humaine.

Je crois que les homosexuels ne cherchent finalement qu'une reconnaissance officielle de la République, de nos institutions pour être sur le même plan d'égalité que les hétéros dont je fais partie (mais, au fait, j'aurais pu naître homo, votre regard aurait-il été différent sur moi ??!!.... "That is the question !"). Le statut juridique des homosexuels est terriblement bancal (surtout lorsqu'il y a des enfants en jeu !) et, de ne pas permettre à ces couples de vivre enfin au grand jour avec les mêmes droits civils que les autres, relève à mon sens d'une injustice, d'une hypocrisie et d'un aveuglement coupables. Et puis, au final, comme moi, posez-vous cette question cruciale : Qui suis-je de si important pour m'opposer ainsi, de manière prétentieuse et suffisante, au bonheur et à l'épanouissement de personnes qui ne vivent pas comme moi, mais qui s'aiment, oui qui s'aiment comme tous les autres êtres humains dignes de ce nom finalement ?

Oui, notre humanité a encore bien du chemin à faire pour avancer vers plus de tolérance et il nous faut déjà nous débarasser de préjugés et de schémas qui sont inscrits si profondément, de génération en génération, dans notre inconscient collectif depuis des lustres. Pour changer cela, sans doute faudra-t-il notamment que l'Education Nationale, en complément indispensable de l'éducation des parents, puisse davantage donner du temps aux enseignants pour "CASSER" les idées reçues, les peurs irrationnelles et ouvrir les élèves sur une plus grande dimension universelle, notamment par l'acceptation de l'autre, de tous les autres. Croyez, comme moi, que rien n'est figé jusqu'à la nuit des temps et nous permettrons ensemble que cette société connaisse enfin demain une nouvelle espérance construite sur l'enseignement d'un humanisme le plus élémentaire qui soit, ou alors tout sera vain et dramatique à terme !

Guy GILLET

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