Cultiver l'empathie peut conduire à la compréhension des autres,
à la compassion naturelle et à l'engagement !

L'empathie, c'est cette capacité à se mettre à la place des autres et surtout à comprendre leurs émotions, leurs souffrances et à terme, de s'impliquer d'une manière ou d'une autre pour tenter d'y apporter une réponse appropriée. Chacun d'entre nous peut plus ou moins évaluer son degré d'empathie suivant son attitude envers les personnes et les évènements rencontrés. Mais ce sont surtout les autres qui, de par votre capacité d'écoute ou de par vos actes, jaugeront votre capacité ou non à ressentir de l'empathie dans telle ou telle circonstance de la vie. Le contraire de l'empathie, c'est l'indifférence, l'égoïsme, le repli sur son petit monde et sans doute cette faculté presque animale de se préserver pour ne pas être touché ou même déstabilisé par telle ou telle situation qui nous demanderait une implication, laquelle viendrait bouleverser les codes de notre vie jusqu'alors bien traçée et bien tranquille. Aller vers l'empathie, c'est aussi  mettre ses préjugés de côté pour chercher à comprendre et non plus à juger d'emblée, à généraliser trop facilement, histoire de se défausser et d'entretenir une situation de vie confortable qui ne demande aucune implication de note part.

Est-on naturellement empathique ou peut-on le devenir au fil du temps ? Je serais tenté de dire que les deux cas de figure sont possibles. Il est évident tout d'abord que certaines personnes, de par leur personnalité, leur vécu, savent d'emblée faire preuve d'empathie. Naturellement, elles se tourneront vers les autres et on viendra aussi vers elles car il se dégage de ces personnes ce petit quelque chose qui fait que le contact s'établit le plus facilement du monde. Leur capacité à s'émouvoir, leur esprit attentionné, leur saine curiosité aussi, sans pour autant chercher à être trop intrusif dans la vie des gens, feront qu'on pourra se confier à elles en toute confiance, en toute sérénité. On sait qu'on ne sera pas jugé, mais écouté, compris et aidé aussi dans la mesure du possible. Cela me fait penser que, de par mon expérience de terrain, j'en ai rencontré de ces êtres ayant été concrètement, sans s'en rendre vraiment compte, de véritables "psychiatres de l'âme et du coeur" sans pour autant avoir fait d'études poussées en psychologie. En les observant, j'ai beaucoup appris d'ailleurs de ces personnes sans qu'elles le sachent vraiment et je les en remercie même si je ne serai jamais assez empathique à l'égard de mon prochain ! Pour atteindre ce degré d'empathie désintéressée, il faut sans doute avoir cherché au départ à sortir des sentiers battus pour aller à la rencontre des autres et principalement de ceux qui souffrent de mille maux. C'est souvent, je le reconnais ici, un saut à oser entreprendre dans l'inconnu, en acceptant d'être dérangé, choqué ou même bouleversé. Mais cela permet avant tout des rencontres extraordinaires avec des êtres humains qui ont un parcours de vie bien souvent chaotique, avec à la clé un tel enrichissement humain personnel pour celui qui veut chercher à comprendre, sans avoir la prétention de tout régler à la place des autres. Sur ce point, pour l'avoir vérifié, je dois dire qu'il faut rester humble, oui très humble car nous ne faisons pas de miracle, mais nous sommes présents et c'est déjà l'essentiel !

Hélas parfois mais c'est ainsi, nous aurons beau parler d'empathie pendant des heures et des heures, mais nous ne convaincrons jamais les sceptiques qui n'auront jamais oser franchir le pas pour aller au devant de ces personnes, inconnues de nous au départ, qui ont eu simplement besoin à un moment donné de leur vie, de bénéficier de l'attention des autres parce que cela n'allait pas fort dans leur vie pour diverses raisons. L'exemple le plus frappant, qui me vient à l'esprit, ce sont les pauvres, les SDF (sigle tellement impersonnel et détestable au passage !), tous ces gens que ces mêmes sceptiques désignent bien souvent par le terme : "cas sociaux" ou "boulets" de la société, quel dédain ! Non seulement, il ne sera pas question de faire preuve d'empathie à l'égard de ces pauvres, mais en plus, on les jugera où on les méprisera en les montrant du doigt, sans même les connaître, ce qui sera une manière de régler le problème à bon compte, d'éviter le sujet qui nous dérange parce que la pauvreté nous est insupportable. Cela est vécu comme un échec, une honte, une peste suspecte à cacher parce que cela fait tâche dans notre bonne société de 2016. Pour les étrangers ou les réfugiés, c'est un peu le même jugement implacable qui est porté et ce que j'ai pu entendre parfois comme commentaires, comme généralités affligeantes et si faciles, m'a souvent interpellé, pour ne pas dire interloqué et désolé, tellement les propos peuvent être violents et assassins. 

Pour éviter cela à l'avenir car c'est insupportable, nous devons évidemment aider les jeunes générations à cultiver l'empathie pour enfin s'ouvrir aux autres. Oui, cela s'acquiert aussi au fil du temps, il ne faut pas en douter un seul instant. Pour cela, il faut mener la vie dure aux préjugés, aux idées reçues en permettant à nos enfants de s'éveiller davantage au monde, aux différences de toutes sortes. Les témoignages, les expériences concrètes de terrain, pourront les amener à développer un esprit critique qui cassera enfin les fausses représentations mentales qui sont véhiculées depuis trop longtemps dans l'inconscient collectif. Ce "confort intellectuel" de la "bonne société moraliste", qui se permet ainsi de juger et de condamner, permet de se donner bonne conscience, mais fait au final tant de dégâts dans les esprits avec des comportements ou des discours dramatiques amenant à la démission, à la haine, à la suspicion ou au rejet. En effet, en jugeant d'emblée les autres, cela nous évite de chercher à comprendre, à rencontrer l'autre aussi qui attend un simple geste de notre part. Alors oui, les parents que nous sommes, doivent chercher à comprendre le monde et les autres, en laissant tomber les tabous ou préjugés, pour inculquer à nos enfants l'envie de découvrir l'autre dans toute sa dimension humaine et ainsi créer une empathie plus instinctive. Pour ce qui est de l'école, elle a aussi un GRAND ROLE à jouer en pratiquant une éducation à l'universel, un apprentissage de la découverte de cet autre qui ne vit pas ou ne pense pas comme nous, mais qui doit pourtant avoir lui aussi une grande importance à nos yeux. Pratiquer l'empathie, c'est une "discipline" à cultiver toute une vie, on n'en sera jamais assez pourvu ! C'est surtout à terme une bonne façon de créer un monde plus tolérant et moins violent (dans les mots comme dans les actes !), en brisant déjà les barrières que l'on se contruit bien souvent dans la tête sans même s'en rendre compte, mais tout cela peut changer, il n'y a pas de fatalité............. ce serait trop facile et trop confortable de le croire !  

Guy GILLET

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