La
différence :
un obstacle ou une richesse !
Celui-là est noir, celui-ci est arabe, tel autre
est musulman, protestant ou encore bouddhiste. Mon voisin défend
telle opinion politique. Celui-ci aurait de bizarres fréquentations
ou de drôles de coutumes. Celui-là ne fait jamais comme tout
le monde, etc. etc... Ah, Ces différences de tous ordres que lon
remarque et qui dérangent parfois. Elles sont le sujet de bien
des discussions et les opinions sont bien vite arrêtées.
Qui peut prétendre, en tout cas pas moi, navoir jamais jugé
tel ou tel à propos de leurs différences, dans leur façon
de vivre ou de faire les choses. Les différences, innombrables
dans des domaines aussi divers que la race, la religion, les opinions
politiques, les façons de conduire sa vie et jen passe, sont
ce qui en règle générale déclenchent les conversations
et suscitent hélas la polémique. Chacun ira de son jugement, parfois sévère
et trop souvent définitif, vis-à-vis de celui qui nest
pas ou qui nagit pas comme lui ou comme tout le monde. Le genre
humain a ceci de particulier quil tend à fixer des normes,
des lois incontournables quil ne faut pas enfreindre sous peine
de se faire montrer du doigt. Pour tel étranger débarquant
dans notre beau pays, il sera conseillé de ne pas trop afficher
ses traditions afin de mieux se fondre dans la masse. Même sil
respecte les lois laïques du pays, on le remarquera par sa façon
de shabiller, par sa religion laquelle, de par sa pratique faite
de nombreux rites très particuliers, est en pleine contradiction
avec limportance et la fréquence que nous portons à
la nôtre. On jugera cela trop excessif et trop démonstratif
à nos yeux, inacceptable au regard de notre propre rythme de vie. On ne prendra pas le temps de comprendre, de communiquer,
de partager nos différences parce que la différence même
apparaîtra déjà comme une anomalie, un défaut,
un vice dont il faut séloigner au plus vite. Léducation,
les idées reçues, une méfiance de létranger
entretenue depuis des lustres par des nationalismes exacerbés sont
autant de barrières qui nous empêchent de communiquer avec
cet être venu dailleurs, et avec qui nous pourrions partager
des expériences sur la vie tout simplement. Autant, lors de voyages,
on peut être émerveillé par la richesse et la variété
des paysages, de la faune et de la flore, par de superbes cités
ou monuments bâtis à travers le monde, autant trop souvent
on préfère luniformité en matière dindividus.
Bien que les mentalités évoluent favorablement, il en va
encore de même anjourdhui en ce qui concerne le handicap physique
ou mental. Toujours la peur de lautre, de ce qui finalement pourrait
nous arriver, nous font éviter ces personnes, ces êtres humains
qui pourraient pourtant nous donner de telles leçons de courage
et dabnégation. Ils ne demandent pas de la pitié mais
plutôt dêtre intégrés dans la communauté
comme des êtres humains à part entière. On peut se poser dailleurs la question de savoir quels sont les véritables critères de la normalité. Ne sommes-nous pas davantage handicapés lorsque nous ne possèdons plus la faculté daimer et de recevoir des élans de tendresse ? Les différences dopinion en matière de politique ou autres sont la source de bien des conflits entre voisins, entre amis ou au sein même dune famille. Le fait de vouloir imposer ses vues lemporte sur tout le reste et la nécessité dêtre à lécoute de lautre disparaît immédiatement au profit de querelles stériles et sans fin. A une plus grande échelle, cela conduit à des guerres sanglantes où chaque partie en présence tente par les armes déliminer lennemi den face et par là-même de gommer des diffrences innaceptables à ses yeux. La guerre civile en Irlande entre protestants et catholiques, le conflit israélo-palestinien... en sont, hélas, des exemples si frappants et si déplorables. En ce début de 3ème millénaire,
les hommes doivent encore faire bien du chemin avant de comprendre que
tous, quelles que soient leurs différences, restent avant tout
des êtres humains dignes du plus grand respect. Oui, la différence
est encore trop souvent un obstacle aujourdhui afin que les hommes
communiquent en toute simplicité. Elle deviendra vraiment une richesse
lorsque chaque individu se rendra enfin compte quil ne peut prétendre
faire partie de la meilleure race qui soit, quil ne peut prétendre
croire le meilleur Dieu, quil ne mène pas la vie la plus
exemplaire qui soit, quil ne détient pas à lui seul
la vérité absolue. Ce jour-là nest pas encore
venu mais le monde de demain ne peut se construire en gommant les différences
mais plutôt en les additionnant. La terre, vue de lespace,
na pas de frontière. On ne distingue ni noirs, ni arabes,
ni chinois, ni musulmans, ni catholiques, ni juifs, mais simplement une
grosse boule où les hommes seront bien obligés de saccepter
mutuellement sils désirent vivre enfin en paix et en harmonie.
Les espoirs, les rêves, les idéaux sont aussi différents
selon les individus. Tout ëtre humain, refusant les différences
et désirant même les effacer, tue tout simplement une valeur
qui est l'un des fondements mêmes de notre existence sur cette planète,
la TOLÉRANCE. Guy GILLET |