Ce Dieu que je cherche, je me rapproche plus souvent
de lui dans la souffrance que dans la joie !

Cette affirmation que je pose ainsi en guise de titre peut paraître surprenante à première vue et peut me faire passer ainsi pour un masochiste qui se torturerait l'esprit pour renaître ensuite vers l'extase. Il n'en est rien,...... enfin je le crois, mais cette petite expérience de l'existence que je possède à présent, à 58 ans, m'amène à ce constat car je l'ai vécu à plusieurs reprises dans ma vie. Etant un très grand anxieux, certains diront un "névrosé chronique"pour reprendre un terme médical..... alors assumons la pathologie, docteur !!!... Il paraîtrait d'ailleurs que nous sommes tous des névrosés en puissance d'après Freud, car animés de stress permanents, secoués par des angoisses existentielles, des peurs parfois irrationnelles plus ou moins handicapantes, dont celle déjà de mourir ou d'être simplement malade......... alors bon, pas de panique, "on fait avec" !!.... Pour ce qui est de mon cas, du fait de l'aspect bizarre du personnage...... je l'assume....... je suis passé par des douleurs intenses sur le plan moral avec des crises d'angoisses profondes très pénibles à vivre qui se sont succédées de manière régulière depuis près de 40 ans, sans que je sache vraiment d'où cela vienne exactement, sans trouver non plus la clé qui m'aurait permis de me libérer de tout cela une bonne fois pour toutes. De manière irrationnelle, un souci, à un moment donné, peut prendre des proportions irrationnelles, et on entre alors dans une spirale faite d'angoisses insupportables qui n'ont pas lieu d'être. Cela est d'autant plus culpabilisant que rien, dans ma vie de tous les jours, peut justifier cet état d'anxiété exagérée et périodique, mais surtout incontrôlable. Durant des années, les phases se sont accumulées les unes derrière les autres avec, fort heureusement, des moments assez longs de répit et de vrai bonheur. Alors, je me suis soigné comme j'ai pu en continuant de vivre socialement, en sauvant parfois les apparences, tout en continuant à me tourner aussi vers les autres et en particulier vers mes proches que j'adore par-dessus tout car ils sont toute ma vie. Une partie de l'explication de cet état réside aussi sans doute par le fait que, de 0 à 19 ans, j'ai eu des pépins de santé à répétition qui ont pollué ma vie et on sait que tout cela nous poursuit ensuite avec des conséquences qui forgent notre destin, le début de la vie déterminant bien souvent ce qui se vit ensuite !

Bien d'autres personnes souffrent de ce curieux mal à travers le monde (certains ne l'avoueront pas et je les comprends !) mais je ne veux pas me plaindre car d'autres êtres humains traversent des épreuves bien plus dures et montrent un courage fantastique devant l'adversité et ceci dans bien des situations. Fort heureusement, pour moi, il y a ce Dieu, un ami extraordinaire que j'ai rencontré paradoxalement grâce à la souffrance et je le revendique ici sans détour, même si cela peut paraître incompréhensible !  Et oui, je l'ai tant supplié dans la difficulté, sans jamais hélas assez le remercier dans la joie parce que simplement, je l'avoue ici, je pense davantage à lui lorsque je passe une étape difficile que lorsque tout va bien. Quand tout sourit, je commets simplement l'erreur de l'oublier et je cours à nouveau vers lui lorsque je me retrouve dans l'impasse sans laisser transparaître le moindre signe de difficultés auprès des personnes que je côtoie dans ma vie quotidienne. Tout cela est un mystère qui me dépasse, d'autres qui ressentent la même chose vous le diront d'ailleurs, mais je sens au fond de moi qu'il faut me tourner vers lui parce que je constate que c'est vital, je ne peux pas l'expliquer autrement ! J'aimerais tant cependant lui être plus fidèle pour davantage bâtir enfin ma vie sur du roc et non sur du sable car la désillusion est toujours au rendez-vous ! Cette souffrance répétitive, s'estompant, puis revenant au fil du temps ne m'a pas empêché d'avoir une carrière professionnelle, de fonder une famille vivant dans l'harmonie, d'avoir à présent des petits enfants et aussi de m'engager depuis des années sur le plan humanitaire, toujours pour me tourner sans cesse vers les autres, pour donner du sens au fond car cela permet de relativiser mes problèmes. Il a été vraiment un moteur pour moi, pour m'effacer un peu, en me guidant et en me poussant plutôt à monter des projets divers pour soutenir les autres qui souffrent plus que moi.

Bien-entendu, lorsque je lui parle, je n'ai pas de réponse immédiate.......... pas de SMS ou de mail en retour de sa part !!!........ ce serait trop facile n'est-ce-pas !!.... Mais je m'accroche à lui en m'abandonnant entre ses mains, en tentant aussi de me faire pardonner pour mes errements et le fait surtout que j'ai trop tendance à l'oublier et à me servir simplement de lui pour aller mieux. Avec le temps, j'ai surtout compris qu'il ne fallait pas attendre de miracle et croire que tout arriverait comme par magie, en claquent simplement des doigts, on appellerait ainsi Dieu et il répondrait instantanément parce que ce serait logique...... penser que Dieu serait ainsi à nos ordres relève de la pure vanité ! Non, j'ai compris que l'important n'est pas d'avoir des réponses à tout car bien des choses me dépassent, mais que Dieu me permet de me poser les bonnes questions sur ma vie, de faire une sorte de bilan intérieur pour observer quels pouvaient être mes rapports avec lui, avec les autres, et ce que je fais concrètement de ma vie au jour le jour ! Il faut comprendre, avec lui, que ce questionnement doit rester l'histoire de toute une vie et ceci, jour après jour, grâce à la prière, au don de soi pour lui et envers les autres, pour ainsi mieux se convertir en laissant entrer Dieu en nous et espérer devenir meilleur......je l'avoue, c'est un sacré challenge ! La souffrance, et Dieu sait que des millions de personnes la supportent aux quatre coins de la planète, n'est pas une faute qu'on subit, qu'on mériterait, elle fait partie de la vie comme les moments de bonheur et on trimballe en plus en chacun de nous des faiblesses, des failles qu'il n'est pas toujours facile d'assumer ou d'avouer au grand jour. Pourtant, la souffrance peut être révélatrice de ce que l'on est au fond de nous-mêmes car elle nous met au pied du mur, il nous faut sortir "les tripes" pour nous accrocher ! Elle peut aussi nous recentrer sur ce qui est esentiel en nous permettant de réaliser que les plus grands bonheurs se trouvent dans les choses simples de la vie, on l'oublie trop souvent, hélas ! Elle nous permet aussi de nous dépouiller de ce qui nous encombre et qui finit par nous polluer et nous éloigner de l'essentiel, en l'occurrence de ce Dieu dont je tente de parler ici comme pour témoigner de son importance pour assumer un vécu intense et parfois si difficile.

Pour finir, je n'ai pas de recette magique pour rencontrer ce Dieu, je lui parle, j'écoute aussi des témoignages de vie de personnes ayant comme compagnon de route ce Dieu d'amour et surtout, oui surtout, je l'invite à m'habiter pour établir cette conversion. Je prie alors tout simplement et je n'attends rien d'autre que sa présence en moi, mais je sais surtout qu'il ne peut y avoir de plus grande fortune que de l'avoir à mes côtés. Dans la souffrance, il est plus qu'une "béquille", un véritable chemin de renaissance, même si cela ne m'empêchera pas de chuter à nouveau, j'en ai fait à maintes reprises l'expérience. L'Evangile nous le dit avec force, Dieu est encore plus présent lorsqu'on est mal, parce qu'il a souffert lui-même, à travers son fils Jésus. L'aide qu'on lui demande, on voudrait souvent qu'elle vienne plus vite car notre souffrance est intolérable et on se sent enfermé dans un labyrinthe dont on ne trouve pas la sortie. Mais avec lui, il faut cultiver la patience, la compréhension de notre malaise et la joie est d'autant plus profonde une fois que l'on est apaisé. Je dirais que Dieu nous apprend à nous guérir nous-mêmes en faisant le ménage dans notre conscience et en tentant de prendre les bons choix dans notre existence, en le remerciant déjà pour la vie donnée, même si celle-ci n'est pas un long fleuve tranquille. Certains diront qu'il faut être fou de croire en un Dieu que l'on ne voit pas, moi je crois au contraire qu'il est insensé de se passer de lui, car il est AMOUR ABSOLU et c'est bien ce que l'on recherche tous au final sur cette Terre ! Si ce texte peut aider certains dans leur cheminement ou dans leurs souffrances, j'en serais heureux et je remercie Dieu pour avoir écrit cela aujourd'hui, il faut savoir oser un jour affirmer sa Foi au grand jour, non pas pour l'imposer à quiconque, mais pour proposer un chemin de liberté intérieure ! Pour moi, la seule question que je me pose aujourd'hui est celle-ci : Comment vais-je arriver enfin à ce que ce Dieu puisse rester une priorité absolue dans ma vie de tous les jours, pour aimer et donner davantage, me soulager de mes peurs et de tout ce qui m'encombre afin de me libérer grâce à la paix intérieure ? Me poser la question est peut-être déjà........... un début de réponse !!.... Que Dieu vous garde toutes et tous dans l'Espérance !
Guy GILLET

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