Une grève
de la faim pour se faire entendre :
ou l'impuissance du politique aujourd'hui face au libéralisme "triomphant" !
Encore un effet de la mondialisation qui ne rime pas
forcément avec humanisation, me direz-vous ! Dans une conférence,
javais entendu un type, qui connaissait son affaire, "comparer
la mondialisation à un bel avion qui file à toute vitesse,
mais seulement il manque le principal pilote aux commandes, cest-à-dire
le politique". Comment nos gouvernants ou nos représentants,
élus par les citoyens, ont ainsi pu laisser échapper le
contrôle de léconomie, de la finance au point quaujourdhui,
ils ne sont plus les maîtres du jeu. Dans un système où
la Bourse ne sest jamais aussi bien portée alors que nous
traversons une grave crise, où les actions montent en flèche
lorsquune entreprise délocalise en dégraissant les
emplois, on se dit que lon marche sur la tête. Jentends déjà les chantres du libéralisme
me rétorquer que le temps est fini où lEtat contrôlait
tout et que désormais, toute liberté doit être donnée
dentreprendre, dinvestir, de spéculer, de délocaliser,
de prendre le contrôle dentreprises par des OPA, de constituer
ainsi des grands groupes qui deviennent parfois aussi gros financièrement
que certains Etats. Dès lors, on le voit bien, on assiste à
une véritable guerre économique, financière où
tous les coups, même les plus bas, sont permis. Ces groupes ou multinationales
dégagent dénormes bénéfices qui ne sont
que très inégalement reversés et pas forcément
réinvestis dans la recherche ou dans la création demplois.
Finalement, le travailleur, quantité négligeable, est au
service dune machine infernale qui se soucie peu du bien commun. Bien-entendu, il reste encore des dizaines de milliers
de petites ou moyennes entreprises qui créent de lemploi
et ont encore une vision à échelle humaine en terme de droits
du travail et pour tout ce qui touche au caractère social dans
lentreprise. Mais demain, à cette allure, ne seront-elles
pas rachetées à leur tour par ces monstres financiers qui
ne cherchent quà sagrandir pour ne pas être avalés
à leur tour ? Les grands argentiers de ces multinationales ne sen
cachent pas dailleurs et disent que leur obsession journalière
consiste à dégager un maximum de dividendes pour prévoir
un avenir qu'ils jugent incertain. La restructuration et la délocalisation
sont deux de leurs armes favorites pour supprimer des emplois et ainsi
augmenter leurs profits qui sont déjà conséquents. Ainsi, on rassure lactionnaire qui ne sen ira pas du coup voir ailleurs, mais exigera tout-de-même toujours plus de marges en proportion de ce quil aura placé, un cycle infernal en quelque sorte. Et le rôle du politique dans ce jeu sournois et inhumain : il tente à coup de concessions, de subventions données parfois à perte, de retenir ces groupes dans une région ou sur le territoire français sans être en mesure de "moraliser" cette économie de profits gigantesques où tout le monde perd son âme finalement. De toute manière, le politique na pas le
choix car sil souhaite imposer à ces lobbies financiers des
règles sociales et des garanties sur lemploi ou le salaire,
ces derniers menacent de partir ailleurs et principalement dans des pays
où la masse salariale est faible. Et oui, le "monde financier"
est un grand village où l'on peut impunément aller chez
le voisin pour exploiter une main d'oeuvre bon marché et docile,
au détriment de salariés conscencieux qui iront eux pointer
au chômage parce qu'ils coûtent soi-disant trop chers !!.... Alors, pour en revenir à cet élu qui se
prive de manger pour sauver des emplois dans sa région, il est
dans la position, lui pourtant un représentant de lEtat souverain,
de "David contre Goliath le lobbie financier" à qui il
sattaque, le monde à lenvers en quelque sorte. Et pourtant,
il joue pleinement son rôle de représentant du peuple qui
défend les intérêts de ses concitoyens, il a été
aussi élu pour cela. Et on le prend pourtant pour un martien, pour
un Dom Quichotte qui mènerait un combat perdu davance, je
trouve cela choquant et même désespérant. A travers ces luttes sociales, médiatisées
ou non, cest bien de chercher quel sens nous désirons donner
à notre société de demain. Allons-nous vers un monde
ou lhomme sera lesclave sans identité dun système
impitoyable qui ne fera que le broyer au final ? Ne devons-nous pas plutôt
repenser la société où les richesses produites seront
équitablement redistribuées pour donner une chance à
tout le monde en créant de lempoi et des conditions de vie
décentes, ne pas exclure mais bien intégrer le plus grand
nombre. Oui, le politique doit reprendre la main sur léconomie
et dicter des règles sociales incontournables sans pour autant
brimer les entreprises de charges trop lourdes qui peuvent plomber la
compétitivité, et là le train de vie de lEtat
serait sans doute à revoir
(plus déconomie et
moins de dépenses de prestige !) Sinon, il est peut-être
à craindre que les acquis fondamentaux de 1936 partent en fumée
ainsi que cet indispensable Code du travail qui, lui aussi, est en péril
à plus ou moins long terme. Faire de largent pour de largent,
ce nest pas moral et cela contribue à augmenter la précarité
de lempoi, lexclusion et au final la pauvreté. Jusquà
quand accepterons-nous de voir tant de personnes se retrouver dans la
misère ? Ils sont des millions aujourdhui qui crient en silence
à linjustice. Faut-il vraiment
une grève de la faim ou pire, une révolution, pour enfin
se bouger et oser proposer un projet politique humaniste ? Guy GILLET |