Pourquoi cette réticence chronique à ne pas vouloir
reconnaître la responsabilité de l'Etat français
dans la déportation des Juifs lors de la seconde guerre mondiale ?


A l'heure où le nouveau Président de la République, François Hollande, vient lui aussi, comme Jacques Chirac en son temps, de reconnaître la responsabilité flagrante de l'Etat français dans la déportation de juifs, certaines voix s'opposent encore malgré tout à ce que l'on affiche cette repentence pourtant ô combien nécessaire. Des personnalités de tous ordres et des politiciens ne veulent surtout pas que la France soit ainsi montrée du doigt pour des fautes qu'elle n'aurait pas commises, d'après eux. C'est la même chose hélas en ce qui concerne les atrocités de la guerre d'Algérie dont l'armée française a été responsable et qu'il ne serait pas normal de mettre en lumière, alors que l'on n'hésiterait pas à dénoncer les tortures ou exécutions du Front de Libération Nationale Algérien. Pourquoi cette partialité coupable de la part de ces personnes qui ne sont pas capables d'assumer la vérité de l'Histoire, laquelle ne peut pourtant pas être effacée, au nom justement de toutes ces victimes innocentes qui ont été ainsi sacrifiées dans tous les camps, que ce soit celui des amis ou des ennemis d'hier ?

Ce serait pourtant enfin judicieux de regarder le passé sans se voiler la face, afin peut-être justement de ne pas reproduire les mêmes conneries insupportables. Si nous parlons souvent du devoir de mémoire, nous devons aussi assumer le devoir de repentence, même si celui-ci est difficile et toujours douloureux. En effet, en 1940, le gouvernement de Vichy, sous l'autorité de Pétain, représentait bien hélas, qu'on le veuille ou non, l'instance politique officielle de la France, reconnue de surcroît par bon nombre de français et de politiciens en exercice à l'époque. Si le Général De Gaulle finit par représenter la véritable France à Londres, il fut considéré longtemps (même si cela devait changer par la suite) sur le territoure national comme un rebelle et même un traître à la patrie que l'Etat français de Vichy désirait supprimer, il ne faudrait pas l'oublier !

Même s'il n'est pas question ici de juger ou de condamner à la va-vite des êtres humains qui auraient fait le mauvais choix en collaborant trop facilement avec les nazis, nous devons tout de même réfléchir aux évènements qui ont amené à toutes ces saloperies et surtout aux lois scélérates, promulguées officiellement par l'Etat français, et qui ont amené tant de Juifs à la mort. Qui suis-je d'ailleurs pour me permettre de porter un jugement, n'ayant pas vécu moi-même cette sinistre période ? Aurais-je surtout eu un comportement meilleur ou pire que certains dans de telles circonstances ? A bien y réfléchir, je n'en suis vraiment pas sûr et Dieu seul le sait car, pour le savoir, il faut vivre ces choses en temps réel pour se rendre vraiment compte de ce que l'on a réellement dans le ventre face à des évènements si dramatiques !

Cependant, nous devons relire l'Histoire, TOUTE l'Histoire avec ses faits glorieux et ses zones d'ombre, pour en tirer tous les enseignements et ne pas reproduire les mêmes maux qui mènent aux pires conneries dont l'être humain est parfois capable. Et puis, il y a surtout ce devoir de transmission envers nos enfants, nos jeunes et ils sont prêts à tout entendre pour que leur conscience soit éclairée d'une vérité qui peut être vraiment cruelle, morbide, mais ô combien salutaire afin de construire un avenir qui évitera peut-être de reproduire les terribles erreurs du passé. On le sait, la "bête immonde" ne sera jamais vraiment terrassée et les vieux démons peuvent à tout moment ressurgir de leur tannière. Pensons au racisme, à la discrimination, à la xénophobie, à l'homophobie, etc... qui sévissent toujours en 2012.

Alors, pour finir, en pensant aussi à tous ces millions et ces millions de morts dûs à tant de guerres et de diverses oppressions à travers le monde, afin que leur sacrifice n'ait pas eu lieu pour rien ou presque, oui tout Etat doit assumer ses erreurs pour enfin grandir en humanité, en liberté et en fraternité. Sinon, nous continuerons d'entretenir l'hypocrisie, la négation de nos atrocités et nous serons alors de ce fait mal placés, par exemple, pour faire la leçon aux Turques en leur reprochant de pas reconnaître leur propre responsabilité dans le génocide arménien du début du siècle dernier. Ne pas assumer nos erreurs, collectivement ou individuellement, c'est insulter le passé et faire le jeu de monstruosités qui pourraient, si l'on n'y prend pas garde, sâlir à nouveau l'humanité et cela, ce n'est pas acceptable !

Guy GILLET.