Une crise de société salutaire…. ou pas ??!!....
2013,
une année comme les autres, me direz-vous, si nous la comparons avec
les 7 ou 8 dernières qui ont vu s’accélérer une crise économique
entamée pourtant il y a bien 25 ans. Pourtant, à bien y regarder de
plus près, cette crise est sans doute bien plus profonde moralement avec la montée
de clivages, de tensions, de rejets divers, de stigmatisations, etc... qui
existaient sans doute déjà, mais de manière silencieuse. Tout cela
s’est réveillé avec les temps incertains que nous vivons où l’angoisse
du lendemain fait rejaillir les peurs irrationnelles et le soutien à
des dogmes bien ancrés auxquels on veut se raccrocher par peur du
changement et surtout aussi par peur de perdre le confort moral ou
matériel et voir s’ébranler cette « vérité absolue » qui ne peut surtout pas être remise en cause, pensez donc !
Pour
justifier cette crise, nous
entendons même dire à présent que tout ce qui nous arrive serait de la
faute à Mai 1968 et cette satanée libération de la morale et des mœurs
qui a fait que tout a foutu le camp, ….. et oui mon pauvre
Monsieur !!... C’était mieux avant..... on connaît bien la musique
n’est-ce-pas, tout était en ordre avec par exemple un pouvoir de
l’homme sur la femme qui ne se discutait pas, inimaginable, voyons !
Celle-ci pouvait être battue sans que cela dérange la bonne société
d'alors, et elle ne quittait surtout pas le foyer
conjugal, ou alors en rasant les murs. Et de divorcer..... mais vous
n’y pensiez même pas, sacrilège !!.... La femme, soumise et si
efficace dans sa cuisine, travaillait moins aussi en entreprise, ce qui
lui donnait aucune indépendance financière….. pour quoi faire,
disait-on à l'époque
?!!...
La mixité à l’école, on ne l’envisageait même pas, de mélanger des
garçons et des filles à cet âge là, ......... mais quelle idée
subversive,
allons, allons !!... On pourrait multiplier les exemples
de cette soi-disant "vie si dorée et si bien rangée" d’avant mai
1968,
enfin pour ceux que la "bonne morale et le bon ordre" arrangeaient
bien. Mais pour les
autres, cela manquait singulièrement de respiration, de liberté de
mouvement et de considération, vous
ne trouvez pas ! Avant mai 1968, c'était le "rêve", si si, pusiqu'on
vous le dit ! Le problème c'est qu'avec un peu de recul, il semble
bien que cela se discute tout de même, enfin je crois !!....
Alors,
pour
en revenir à 2013, ce qui nous arrive serait une catastrophe, mais pour
qui ?........, sans doute pour ceux qui possèdent encore, pour
ceux qui vivent dans un quotidien ronronnant "pépère", fait de confort
matériel
et qui sont habités par des certitudes qui leur donnent à coup sûr
raison.
Mais pour ceux qui n’ont plus rien, et ils sont de plus en plus
nombreux, ceux qui n’attendent plus grand-chose des autres et qui sont
parfois
rejetés, montrés du doigt ou crèvent de solitude en silence, est-ce
vraiment une catastrophe ce qui nous arrive ou ne la vivent-ils pas
concrètement
depuis si longtemps déjà, et dans l’indifférence générale ? En
voilà
de bonnes questions que je me pose depuis tant d'années, moi qui en ai
rencontré pas mal de ces "galériens" malmenés par la vie ! Vraiment, en
ayant cotoyé cette misère, je me suis souvent senti simplement heureux
d'être encore du
bon côté, bien à l’abri au chaud, mais pour combien de temps ? Un
rapport public vient de sortir où il est mentionné
que les riches sont de plus en plus fortunés et les pauvres, vous
l’aurez compris, de plus en plus miséreux et on se demanderait après
pourquoi il y aurait cette crise alimentée par une injustice
insupportable. Et ce serait aussi, et oui..., la faute de mai 1968 tout cela,
........ peut-être, mais il faudra me l’expliquer alors, parce que j'aurai
certainement du mal à avaler cette couleuvre !!!....
2013, ne
serait-ce pas plutôt une crise aigue de la société des années-fric, du paraître,
de la consommation à outrance, de l’individualisme, de l’indifférence,
du repli sur soi, du « je veux tout tout de suite ! ». Pourtant, une
société du « je donne un peu ! » me semblerait sans doute plus
belle afin que celle-ci respire enfin le vivre-ensemble, qui n’est
autre que la fraternité la plus élémentaire. Mais cela, voyez-vous, il
n’y a que les utopistes pour y croire, cette espèce de fous dont il
faut se méfier et surtout s’écarter de peur de changer de vie pour
s’ouvrir au monde et aux autres. La crise que nous vivons, avec ces
incertitudes, était, que l’on veuille ou non, inexorable et il fallait
être bien aveugle pour ne pas la voir venir. Il ne tient sans doute
qu’à nous tous, qu’à moi aussi dans mon coin, pour qu’elle soit
salutaire pour demain et surtout pour nos enfants. On ne bâtit rien de
bon sur l’injustice, la violence verbale ou physique, la souffrance
trop bien acceptée, sur les idées reçues contre-productives ancrées
depuis trop longtemps dans les esprits. Alors, moi aussi, comme les autres il n'y a pas de raison, je dois changer
de regard pour accueillir l’autre autrement et l’aider s’il est dans la
difficulté. Je dois déjà, dans mon quartier, dans ma commune, apporter
mon expérience, mes compétences, mon enthousiasme, pour faire évoluer
les choses dans le bon sens au lieu de vouloir en permanence changer le
monde à travers des discussions stériles et répétitives maintes fois
entamées entre amis, en famille ou au bar du coin.
Je dois regarder et accepter
l’autre tel qu’il est et non pas tel que je souhaiterais qu’il soit. Je
dois idéaliser le monde, non pas pour qu’il soit parfait à tout prix,
mais bien pour qu’il soit plus beau, plus vivable et surtout plus
juste. C’est à ce prix que nous sortirons d’une société où bien
souvent, tout ce qui est superficiel, chimérique, passe bien avant ce
qui est essentiel, c'est-à-dire l’être humain dans toute sa dimension
universelle. La stabilité retrouvée d’une société découle de la place
que l’on donne au respect de la dignité pour chacun d’entre nous. C’est
sans doute cela que l’on doit apprendre aux nouvelles générations, car
c’est aussi important que le fait de respirer, car on parle ici
d’apprendre à aimer tout simplement l’autre et que peut-il y avoir de
plus fondamental dans la vie, moi personnellement, je n’ai pas trouvé ! Finalement
toute crise a du bon, et il y en aura encore d’autres, à partir du
moment où on tire des leçons profitables pour ne pas commettre les
erreurs du passé et, à ce titre, lorsque l’on relit l’Histoire des
civilisations, les mêmes travers, toujours et hélas répétés au fil des
siècles, conduisent toujours aux mêmes échecs, souffrances et saloperies, parce que l’homme n’est
qu’homme, parfois génial, mais aussi tellement con quand il s’y met, et moi le premier bien-entendu, hélas !
Une
société, si moderne soit-elle, avec des avancées technologiques
extraordinaires, ne sera jamais en paix si elle ne se met pas au
service du bien commun afin de créer une civilisation apaisée. Ce n’est
pas facile, et je n’y arrive pas toujours moi-même, mais il faut savoir
dépasser sa propre personne, ses intérêts personnels, pour participer,
chacun à son niveau, à faire grandir le genre humain. Nous ne
sommes que de passage sur cette terre et il faut construire un avenir
serein et commun pour ceux qui suivent, cela a du sens et permet de voir plus
loin que le bout de son nez. Pour finir, posons-nous cette question :
Les crises ne sont-elles pas là justement pour nous remettre sur le bon chemin afin de
viser tous ensemble un objectif plus humaniste, lequel nous dépasse, mais est bien le but essentiel de notre existence ? Maintenant, c’est à
chacun d’y songer ou pas, mais, de grâce, ne nous plaignons pas, surtout si nous
ne faisons rien. Personne est coupable de cette crise, mais tout le monde doit se
sentir au moins responsable, enfin je le crois, et vous !!!….
Guy GILLET