En temps de crise, savoir aussi
pour l'Etat français Alors là encore, avec ce sujet, nous "marchons
sur des oeufs" car parler de tout ce qui touche à l'armée
est tabou pour beaucoup d'Etats à travers le monde, et notamment
la France, c'est le moins qu'on puisse dire ! Depuis des décennies,
le budget de la Défense a bénéficié de sommes
astronomiques pour nous équiper de sous-marins nucléaires,
de porte-avions, de missiles balistiques, d'avions de chasse, de chars...
et de je ne sais quels autres joujoux de luxe qui nous ont simplement
coûté et nous coûtent encore, pardonnez-moi l'expression,
la "peau des fesses". Seulement voilà, l'opinion publique
est encore largement favorable à toutes ces dépenses somptueuses
et, de plus, nous avons encore majoritairement un goût prononcé
pour tout ce qui relève du prestige de l'uniforme ou la parade
militaire. C'est comme çà, nous ne pouvons pas lutter
contre ce sentiment cocorico avec ce "doux" mélange
de Marseillaise guerrière, de drapeau tricolore et de troupes
qui défilent en rangs d'oignons sur les grandes avenues bien
dégagées. Dans un tel climat ambiant, il est encore évidemment
très facile pour nos politiciens de tous bords de dépenser
impunément des milliards et des milliards puisque personne ou
presque ne s'en offusque, bien au contraire. Par ailleurs, nos politiciens, toujours eux, savent
habilement et en permanence brandir le spectre d'une menace militaire
extérieure à cause, disent-ils, d'un monde incertain avec
un tas d'ennemis potentiels. Dès lors, en agitant ainsi le mouchoir
de la peur, nos concitoyens trouvent légitime le fait de dépenser
des fortunes pour se protéger, et voilà comment on fait
passer la pilule !!... Sans broncher, les français, par manque
aussi d'informations officielles et crédibles de la part de l'Etat,
se font berner en ayant accepté pendant des années par
exemple les essais nucléaires de Mururoa, l'intervention plus
ou moins coloniale en Afrique (ce continent ne veut plus de nous d'ailleurs
!) et tant d'autres choses dont on ne sait la vérité que
bien des années après que se soient déroulés
les évènements. Et oui, au nom de ce satané "secret
défense", l'Etat peut se permettre de faire n'importe quoi
(voir ce qui suit) en toute impunité, autrement dit pour tout
citoyen qui voudrait en savoir plus, le mot d'ordre c'est : "Circulez,
y'a rien à voir !!..." Il n'est de voir ce que nous a coûté
un simple entretien de routine du porte-avions "Charles de Gaulle",
320 millions d'euros, tout cela pour apprendre qu'il vient à
nouveau de revenir à quai pour des mois à cause d'un grave
incident mécanique soi disant dans la direction du beau joujou
de luxe. Souvenez-vous aussi récemment de ce gag, avec un de
nos sous-marins à propulsion nucléaire, tellement furtif
grâce à l'électronique embarqué, qu'il est
entré en collision avec un autre sous-marin anglais, il vaut
mieux en rire de peur d'en pleurer, si, si, je vous assure !!... Mais voilà, avec cette grave crise économique
de ce début 2009, nous ne rions plus et nous devrions tous légitimement
être en droit de nous poser des questions sur ces milliards gaspillés
dans l'armement (3ème budget de l'Etat avec près de 50
milliards d'euros !!!...). Nos gouvernants dénoncent en permanence
les dépenses en matière d'éducation, de santé,
de social, qui explosent d'année en année, ce qui est
vrai, mais ne dit-on pas par exemple que la santé n'a pas de
prix ! Mais jamais, ô grand jamais, nous ne remettons en cause
dans ce pays les dépenses militaires, c'est un sujet, si je puis
dire, trop explosif. Jamais encore, à l'Assemblée Nationale
ou au Sénat, je n'ai vu de batailles rangées pour oser
mettre ce thème sur la table. Au contraire, l'Etat français
est toujours prêt à envoyer des troupes aux quatre coins
du globe dans des conflits dont on ne sait si notre intervention est
justifiée ou non. Des soldats, et c'est un scandale, reviennent
parfois blessés ou tués, mettant des familles dans une
immense peine, et le mot est faible. Pour nous consoler, on nous dira
qu'ils sont morts pour la France, mais l'expression, à mon avis,
est un peu courte, hypocrite et futile surtout dans des circonstances
aussi dramatiques. Comment peut-on d'ailleurs laisser au seul Président
de la République, chef des armées, ce droit "monarchique"
de décider d'envoyer des troupes à l'étranger se
faire tirer dessus comme des lapins, sans que cela ne soit au moins
discuté fermement devant la représentation politique nationale,
c'est aberrant ! Vraiment, quitte à me fâcher avec pas
mal de monde, j'insiste pour qu'enfin, nous parlions de ce budget de
la défense sans restriction, sans tabou, comme on discute de
tout autre dépense publique, il ne doit pas y avoir d'exception
avec ce budget militaire financé aussi, rappelons-le, par les
impôts des français. A l'heure où il manque tant
de logements sociaux, où tant de gens misèrent par manque
de pouvoir d'achat pour se payer le minimum vital, où des personnes
par milliers vivent dans la rue, où les entreprises ferment les
unes après les autres, ou la recherche manque de fonds, etc...,
il n'est pas décent de gaspiller autant de milliards pour la
défense. Au rythme où vont les évènements,
l'ennemi ne viendra pas de l'extérieur, mais bien de l'intérieur
du pays parce que les gens seront de plus en plus nombreux à
manquer de tout et alors la révolte balayera tout sur son passage. Ce texte ne se veut surtout pas une charge anti-militariste primaire, mais il n'est plus tolérable en 2009 de dépenser autant de milliards chaque année dans l'armement alors qu'il y a tant d'autres priorités à financer afin que notre pays puisse se redresser et que nos concitoyens puissent aussi vivre décemment. La politique, c'est ainsi oser remettre en cause des certitudes trop bien installées dans l'inconscient collectif, de lever des tabous afin de prendre des mesures en adéquation avec une réalité criante. Cela suppose des changements radicaux sur le plan des priorités budgétaires, mais aussi et surtout sur le plan des mentalités à faire évoluer dans notre pays comme à travers le monde. Il ne s'agit pas ici de défendre un pacifisme naïf, mais d'oser enfin aller vers un humanisme qui ne chercherait surtout pas à préparer aveuglément une guerre hypothétique avec un armement sophistiqué et coûteux. Nous avons le devoir de construire une société où l'argent sera surtout dépensé au service du bien commun, et non dans les engins de mort, en pensant en premier lieu à secourir les plus défavorisés qui se comptent hélas par légions armées de leur seule détresse qui est immense. Guy GILLET |