Tâcher de tendre vers ce qui est bien,
pour tenter désespérément de devenir moins médiocre !

Oui, je le reconnais, c'est un titre d'édito un peu bizarre car très contradictoire au fond, mais c'est un peu l'histoire de notre vie, de ma vie en tous les cas ! Nous naissons complètement innocents, purs, dit-on depuis toujours et c'est sans doute un peu vrai ! L'enfance et l'adolescence sont des moments d'apprentissage, mais n'apprend-t-on pas finalement tout au long de la vie ?!... De plus, nous n'avons pas tous les mêmes chances au départ car cela dépend de l'endroit sur cette Terre où l'on est né, de la structure familiale et de son équilibre dans laquelle nous aurons baignée. Et puis, de par sa couleur de peau, sa religion, son mode de vie, sa santé excellente ou défayante, son physique beau ou ingrat, d'une vie confortable ou misérable, etc..., nous ne mènerons pas les mêmes existences, nous ne rencontrerons pas les mêmes milieux. Des événements heureux ou plus dramatiques nous forgeront aussi notre conscience et notre personnalité au fil du temps. Bref, la route de la vie n'est pas toujours simple et rectiligne, vous l'avez constaté comme moi et nous nous posons parfois des questions sur des tas de choses, sur le sens même de la vie au fond.

Tout cela fait qu'au fond, nous avons en permanence à nous adapter suivant les situations, à l'école, dans sa vie professionnelle ou familiale, ou plus tard en retraite et ceci avec ses collègues, ses enfants, ses amis ou ses ennemis d'ailleurs. Les personnalités étant différentes, nous pouvons entretenir des affinités avec certaines personnes, ou alors être en conflit avec d'autres en leur vouant de l'indifférence et même de la haine. Personnellement, je me rends compte à 57 ans, que je ne suis pas meilleur, plus malin ou plus honnête que les autres. Oui, comme beaucoup, j'ai pu ainsi mentir parfois, être hypocrite, jouer un rôle un peu fourbe, tout cela pour me fondre dans la "bonne société". Etant fragile, vulnérable, je trimbale en moi des tentations, des vices cachés qui sont le propre de l'homme hélas. J'ai aussi bien souvent porté si facilement des jugements sur celui-ci ou tel autre, parce qu'il ne pensait pas comme moi, parce qu'il avait une attitude ou des réactions bizarres à mes yeux. On n'avoue rarement nos faiblesses au grand jour, que l'on garde plutôt enfouies en nous comme des tâches qui resteront indélébiles et cela peut se comprendre au fond !  Pourtant, à m'observer dans mon "miroir intérieur", à scruter mon âme face à ma conscience et aussi face à ce Dieu auquel je crois et qui prône l'amour absolu, je me dis bien souvent que je ne suis qu'un être si faible. Il est bien difficile pour moi d'être en permanence à la hauteur des valeurs humanistes que je tente de défendre, parce que je ne suis qu'un être vulnérable malgré les apparences. Cette "confession" est sincère car le constat est tenace, têtu, face à mes actes, mes erreurs, mes égarements chroniques et inévitables accumulés dans ma pauvre vie.

Cependant, des personnes rencontrées dans une vie peuvent, tout au long d'un parcours chaotique, nous amener à tendre vers le bien, même si le chemin est difficile. Une personne qui vous aura rendu service, vous aura apporté son sourire, son amitié sincère et désintéressée, feront que vous serez persuadés que des ondes positives, remplies d'espérance, traversent notre humanité. Et puis, ayant eu la chance, avec ma femme, de construire une famille unie autour de valeurs telles que l'harmonie et la simplicité, si essentielles et transmises déjà par nos parents respectifs, j'aurai pu avancer vers plus d'amour. C'est bien sur ce socle que j'ai tenté de m'appuyer pour tenter d'entrevoir une étincelle de bonté au milieu de cette obscurité qui m'habitera toujours quoi que je fasse, que j'écrive ou que je dise. Malgré les "boulets" que je traîne derrière moi, l'idée forte et essentielle, c'est d'avancer toujours vers ce qui a de mieux, même si la définition peut être difficile à cerner d'ailleurs. Et puis, chose que je trouve toujours extraordinaire encore aujourd'hui, j'ai eu la chance que des gens m'aient donné leur confiance afin de monter bien des projets pour aider les autres, ceux qui sont dans la difficulté surtout. Je ne me trouve pas de charisme particulier ou de talent pour quoi que ce soit, mais des personnes au coeur formidable m'ont épaulé dans des actions innovantes et un peu folles sur le plan associatif et humanitaire. Et de cela, je ne remercierai jamais assez la vie de m'avoir permis de connaître tous ces bonheurs, toutes ces rencontres et toute cette amitié, c'est inestimable !

Au bout de cette vie, quel sera le bilan ? A n'en pas douter, le négatif l'emportera sur le positif parce que je ne suis qu'un pauvre homme aux faiblesses multiples ! Mais peu importe au fond le jugement dernier, sévère  et irrémédiable qui sera porté sur moi face à une vérité implacable que je ne pourrai pas de toute façon contester une fois le rideau de la mort franchi. L'essentiel dans une vie, je l'ai bien compris, c'est toujours de tendre vers le bien qui est une étoile si lointaine parfois à atteindre, dans un monde où le mal rôde en permanence. Je ne mériterai rien de particulier comme récompense et d'autres, par centaines, par milliers ou par millions, passeront logiquement devant moi pour se voir offrir les meilleures places après avoir connu ici bas tant de souffrances, d'oppressions, de moqueries, tout en ayant été victimes de tant d'indifférence et de rejet. Oui, je me dis simplement, tant que je vivrai, qu'il me faudra encore et toujours rechercher la bonté partout où on peut la trouver, car c'est bien notre seule vraie mission ! Je ne serai sans doute jamais quelqu'un de bien, mais si je tente désespérément d'observer la flamme de l'espérance, je pourrai peut-être devenir moins médiocre et cela ce sera déjà pas si mal au fond ! Ce que j'ai écrit là peut paraître dur, mais faire preuve de lucidité sur soi-même, c'est sans doute une bonne thérapie pour tenter de grandir en humanité !

Guy GILLET