Les juges d’instruction doivent être assurés
de leur indépendance,
sinon la République est piétinée : Attention DANGER !
Il
est du devoir de notre République de protéger ses juges devant, ce
qu’il faut bien appeler, un véritable lynchage verbal intolérable dont
a été récemment victime l’un d’entre eux par, ce n’est pas anodin, des
politiciens qui, normalement, doivent justement être garants de la
liberté des magistrats. Parce qu’un ancien Chef d'Etat a été mis en
examen dans une affaire, des amis de son camp se sont levés comme un
seul homme pour dénoncer l’attitude soi-disant honteuse et partiale d’un juge
d’instruction, lequel aurait paraît-il déshonorer la justice
républicaine. Pus grave, ce juge vient de recevoir personnellement une
lettre de menace de mort avec une balle dans l’enveloppe. Des
journalistes ont reçu eux aussi le même courrier menaçant, ce qui
prouve que l’affaire est hautement sensible au point de vouloir faire
taire encore une fois les médias, mais cela, ce n’est pas nouveau,
hélas ! Dans un pays où des magistrats et des journalistes ne peuvent plus
exercer leur métier, il est alors sans doute temps de nous inquiéter
pour les libertés, enfin je le crois, qu’en pensez-vous !
Pour
toute personne mise en examen, on se doit avant tout de
tenir compte
bien-évidemment de la présomption d’innocence, c’est impératif pour
appliquer une justice sereine, qui ne doit pas s’exercer à charge pour
la personne mise en cause, ce qui fausserait gravement la procédure et
relèverait, dès le départ, d’une injustice flagrante. Cependant, pour
mettre quelqu’un en examen, un juge d’instruction ne se base pas sur de
vagues suppositions farfelues, mais sur des faits qu’il accumule suite
à des investigations, à des interrogatoires ou à des confrontations.
Les dossiers accumulés sont généralement volumineux et instruits sur de
longs mois en règle générale et il est tout de même rare que l’on mette
une personne en examen à la légère. Un juge d’instruction peut toujours
se tromper, ce n’est qu’un homme, et c'est la suite de la procédure
judiciaire qui le détermine en fonction des faits établis. Mais jamais
ô grand jamais, il ne
doit subir une telle pression extérieure et politique visant son
intégrité, au point que celui-ci pourrait s’en trouver fragilisé et
dans l’incapacité d’exercer sa profession en toute indépendance et en
toute sérénité, une République ne peut pas tolérer de tels
agissements !
Curieuse conicidence aussi (ou pas !!...), lorsque l'on songe qu'il y a peu de temps, on a voulu délibérément
en France supprimer les juges d’instruction que l’on pense trop libres
vis-à-vis du monde politique, mais la justice ne saurait être sous
influence de tel ou tel courant ou parti politique ou de je ne sais
quel mouvement partisan ou nébuleux. Celle-ci doit s’appliquer de la
même façon que l’on soit «puissant ou misérable», comme disait un
illustre écrivain de notre pays. La justice doit passer sans entrave,
mais jamais de manière inquisitoire bien-entendu, sinon elle ne serait
plus crédible. Mais, on le sait bien aussi, que ce soit à droite comme
à gauche et même chez les extrémistes, la politique ne s’est jamais
vraiment bien entendue avec la justice et le climat, ce n’est pas
d’aujourd’hui, n’a jamais été vraiment apaisé entre ces deux mondes,
c’est le moins qu’on puisse dire !
En
effet, ce qui embête
parfois les politiciens, c'est que la justice peut freiner ou stopper
leurs ambitions, eux qui se voient ou se trouvent déjà sur des chemins
glorieux pleins de promesses et de postes à grandes responsabilités. De
plus, le temps de la justice n’est pas le temps politique, car la
justice prend son temps et peut contrarier, compte-tenu de la longueur
des procédures, telle ambition politique qui doit absolument être
libérée "d’un boulet judiciaire" en vue d’une échéance électorale
s’approchant à grands pas et qui lui permettrait de briguer un
quelconque mandat intéressant. Tout cela évidemment contrarie les
soutiens du leader politique en question, qui le voient déjà au sommet.
Alors, il n'est pas étonnant d'assister aux dérapages actuels qui
montrent bien que la justice doit être coûte que coûte soutenue et
préservée des pressions ou des attaques insupportables de tous bords.
Si la politique, nécessaire dans un pays démocratique, veut être
au-dessus de tout soupçon et surtout redorer son blason, elle doit
laisser passer la justice
quoiqu'il en coûte, sinon on entretient la suspicion et le rejet
progressif du peuple envers la classe politique, toutes tendances
confondues !
En tant
que modeste citoyen de base, en toute indépendance et
n'étant encarté dans aucun parti, je m’insurge vivement, comme
d'autres, contre ces attaques envers un juge d’instruction qui fait
simplement son métier et dont il est intolérable d’attaquer la personne
jusqu’à lui promettre la mort s’il continue sa procédure. Imaginons
qu’il en soit ainsi pour toute instruction menée dans notre pays, il
n’y aurait plus tout simplement de justice et ce serait le chaos et
l’arbitraire. C’est bien souvent ce qui se passe dans les pays
totalitaires où la justice est expéditive, meurtrière, sans instruction
ou exclusivement à charge, où les puissants ne sont jamais inquiétés
parce qu’ils tiennent la justice entre leurs mains. Bien des peuples,
sous le joug de la tyrannie la plus barbare, envient notre système
judiciaire qui doit continuer de travailler en toute liberté. Alors,
continuons de défendre cette institution qui est le garant d’une
véritable démocratie ô combien précieuse pour nous et pour nos enfants
dans le futur !
Pour finir, ce qui se passe avec la justice
n’est actuellement, en 2013, qu’un des symptômes du climat de tensions
excessives qui règne dans notre pays et même en Europe où la crise
économique, les difficultés sociales engendrent des comportements et
des déclarations qui font penser à de bien tristes époques si tragiques
de notre Histoire où la haine l’emportait sur la raison et l’humanisme
le plus élémentaire. La justice n’est pas la seule victime de ce climat
qui sent le populisme à plein nez, si facile et si
dangereux. Observez bien que lorsque l’on ne s’attaque pas à des
institutions, on montre alors du doigt des personnes, d'autres corporations ou
des communautés qui dérangent aussi parce qu’elles sont différentes et
surtout parce qu’elles seraient les coupables de tous nos maux, c’est
tellement facile et lamentable ! Sans doute faudra-t-il revenir à plus
de raison si l’on ne souhaite pas voir exploser la cohésion sociale et
ce qui fait la force de la France, la défense des libertés
fondamentales acquises bien souvent au prix du sang.
Guy GILLET