Faire en sorte que demain tout Etat
fabriquant et vendant des armes
puissse enfin être traîné devant un tribunal international !


Comment ! Mais quelle idée farfelue et surtout quelle provocation ! C'est impensable, inconcevable, il y a toujours eu des armes entre les mains des hommes depuis des siècles. Cela fait partie intégrante du genre humain de s'armer pour pouvoir se défendre ou attaquer un ennemi potentiel le cas échéant. Le fait de nier une telle évidence, cela relève de l'inconscience, de la folie la plus sévère. Oui, j'entends déjà les commentaires qui pourront être soulevés à la lecture d'un titre aussi percutant. Comment peut-on se permettre de remettre en cause ce qui est établi comme un fait incontournable depuis des lustres et à travers autant de civilisations différentes qui ont reposé en partie leur pouvoir sur l'armement pour assurer leur sécurité et se faire craindre ?

Non, je ne suis pas un provocateur car ce sujet est vraiment trop grave pour le prendre à la légère. Malgré les moqueries qui ne manqueront peut-être pas de s'abattre sur moi, j'ose avancer cette simple affirmation que tout Etat ayant une industrie d'armement ne peut pas tout-à-fait se dire civilisé. Par conséquent, je reconnais implicitement que plusieurs nations dites démocratiques sont visées aujourd'hui et la France n'est pas épargnée faisant partie des 5 ou 6 plus gros producteurs d'armes dans le monde. Vraiment, en tant qu'habitant de ce beau pays, je ne peux pas dire que je sois particulièrement fier de ce classement et quelque part, j'ai même plutôt honte que nous récoltions ainsi autant de devises grâce à ce "commerce de la mort".

Comment peut-on accepter que la France puisse conclure des marchés importants avec notamment des nations du Tiers-Monde ? Je trouve pour ma part cela choquant dans la mesure où ces "contrats de la mort" ne règlent en rien les problèmes de sous-développement endémiques que l'on connaît dans tous ces pays sous développés depuis des dizaines d'années. On me rétorquera, "combien de fois l'ai-je entendu!!...", que si ce n'est pas la France qui leur vend des armes, ce sera de toute façon un autre pays et nous perdrons ainsi des millions d'euros indispensables, paraît-il, à notre chère croissance économique. Quel argument imparable, "désarmant", n'est-ce-pas, mais aussi et surtout un peu lâche car il sert ainsi à se donner bonne conscience, il faut bien en convenir !

L'économie, le buisness, le lobbie de l'armement, la croissance, la concurrence et je ne sais quoi encore..., tout est prétexte pour continuer en toute impunité à amasser les "devises de la HONTE !" en fermant les yeux sur l'usage réel qui est fait des armes que nous vendons à des pays qui ne sont pas toujours des démocraties d'ailleurs, loin s'en faut. Il faut savoir aussi, mais tout le monde n'en a pas toujours conscience, que le fait de vendre des armes à d'autres pays permet surtout, pour une part, à payer notre propre système de défense intérieure, par ailleurs très coûteux aussi pour les contribuables que nous sommes.

On me rétorquera encore que la défense de notre démocratie est à ce prix, mais peut-être pas au prix de la mort des autres parce que nous leur vendons des armes pour se massacrer, c'est INTOLÉRABLE. C'est tout de même paradoxal que pour financer notre liberté, notre tranquilité, notre confort, nous soutenions par la vente d'armes des gouvernements qui, bien souvent, n'ont que faire de la démocratie et des droits fondamentaux de la personne humaine et qui, chaque jour, assassinent leurs popres peuples.

Dans ce domaine, il ne peut y avoir deux discours et deux attitudes diamétralement opposées. Cette situation de fait, cette soi-disant fatalité, ce n'est rien d'autre que de l'HYPOCRISIE, ne nous voilons pas la face ! Comment peux-t-on accepter par exemple que, d'un côté, nous vendions des armes à des pays où règnent déjà des conflits monstrueux et qu'ensuite, nous envoyons les O.N.G pour venir au secours des populations qui souffrent de famine, d'épidémies. Que l'on fasse un choix définitif et surtout MORAL, soit que l'on vend des armes pour que ces peuples se massacrent entre eux de manière définitive, soit que l'on mette en place des solutions qui permettront à ces pays de connaître la paix, la démocratie et le développement. Nous ne pouvons pas impunément continuer à jouer un double jeu, c'est humainement indécent.

Pour ne citer qu'un triste et récent exemple, lequel a monopolisé l'actualité, il faut savoir que l'Irak du trop célèbre dictateur Saddam Hussein, lequel vient d'être renversé, a été pendant des années armé en toute légalité par les pays occidentaux dont les Etats-Unis et aussi la France. On s'est servi de ce despote durant de nombreuses années par pure stratégie politique et lorsqu'il est enfin devenu encombrant, on a fini par se débarasser de lui. Il n'empêche qu'avec les armes, mais aussi avec la technologie que l'Occident lui a vendues, il a en toute impunité terrorisé son peuple en gazant notamment les Kurdes. Une dictature ne peut en aucun cas, même pour des raisons géo-politiques, être soutenue de quelque manière que ce soit. On ne fait pas de compromis avec un régime totalitaire et barbare, surtout pas en lui procurant de la technologie militaire.

Grâce à la création du T.P.I (Tribunal Pénal International), les dictateurs et autres terroristes qui auront commis des génocides, attentats et tortures contre des populations, peuvent désormais être poursuivis et jugés sans ménagement. Tout cela, sans qu'on y prête assez attention, est pourtant d'une importance capitale pour l'humanité. On se dote ainsi au fil du temps, avec l'ONU, de diverses autres instances qui doivent en quelque sorte défendre avant tout la Charte Universelle des Droits de l'Homme. Il reste, c'est évident, encore bien du chemin avant d'éradiquer tous les maux qui gangrènent notre Terre, mais cela a le mérite d'exister dans les faits et d'entrer petit à petit dans les esprits des générations qui vont suivre. Il faudra cependant encore aller plus loin dans ce domaine afin que l'être humain devienne ce qui a de plus précieux dans nos sociétés.

Dès lors, fort de telles avancées sur le plan institutionnel, j'ose alors espérer que viendra enfin le temps où "tout Etat, osant vendre de l'armement à d'autres pays, sera systématiquement poursuivi et traîné devant un tribunal international et aussi que cette sâle industrie sera enfin considérée comme un crime contre l'humanité". Je reconnais bien volontiers que ce n'est sans doute pas pour demain, mais je suis sûr que des millions de personnes ont la même espérance que moi pour l'humanité future. En tous cas, je ne peux personnellement me résoudre à accepter, sans broncher, que l'on puisse amasser des millions d'euros ou de dollars en semant la mort, même indirectement, ce n'est plus tolérable au 21ème siècle.

Même si certains sourient doucement en parcourant ces lignes, en me prenant peut-être pour un "doux dingue", et bien tant-pis ! Là encore, comme je le dis souvent dans mes textes, il n'y a pas de FATALITÉ ! Tout dépend de la bonne volonté des hommes pour changer des choses que l'on croit, à TORT, établies à tout jamais. Fabriquer des armes, c'est propager la mort violente de soldats, mais aussi et surtout de civils, de femmes et d'enfants qui n'ont rien demandé, qui sont innocents. Il faut enfin considérer que vendre de l'armement, c'est avoir à l'avance du sang sur les mains et cela devra bien s'arrêter un jour, quitte à déplaire aux trop riches et influents marchands de canons !

Que ceux qui me liront et seront d'accord avec mes propos propagent cette simple idée du REFUS et cette volonté d'en finir un jour avec ce MONSTRUEUX commerce qui fait honte à l'humanité ! Dès lors, on avancera peut-être dans la bonne direction, même s'il faudra encore attendre bien des générations avant que notre rêve se réalise enfin. Moi, j'y crois fermement et je voulais depuis longtemps le clamer ouvertement, comme pour jeter une bouteille dans une mer d'indifférence et de résignation. OUI, NOTRE HUMANITÉ DEVRA EN FINIR avec ce qui est insupportable et qui continue pourtant à faire des millions de victimes, surtout dans les pays pauvres.

Guy GILLET