Une actualité qui défile à cent à l'heure
sans que notre conscience en soit suffisamment interpellée !
Beaucoup
d'observateurs, de sociologues, de philosophes ou de simples témoins de
notre époque agitée se rendent compte que notre monde file à vive
allure et les évènements heureux ou trop souvent dramatiques
s'entrechoquent de manière incroyable. Les systèmes de communication, si
nombreux aujourd'hui, nous inondent à longueur de journée, que dis-je,
nous saoûlent d'actualités les plus diverses se déroulant aux quatre
coins de la planète sans nous laisser le temps de la réflexion ou de la
prise de conscience. Cela passe du virus Ebola qui tue en Afrique par
la guerre israélo-palestinienne en passant par la noyade de réfugiés
clandestins au large des côtes d'Italie pour aller vers les problèmes
de chômage ou d'exclusion en France, etc, etc... Tel évènement, de par
son importance, peut tenir la une quelques jours (.... ou simplement
quelques heures !) et sera vite remplacé par une autre actualité qui
viendra effacer le premier dans une indifférence quasi-générale. Dans ce
domaine aussi, nous sommes devenus des consommateurs jamais rassasiés
mais au fond quelque peu blasés par ce flot d'informations de toutes sortes.
Cependant,
chacun y va souvent de son petit commentaire, notamment sur les réseaux
sociaux, pour exprimer à la va-vite son indignation, sa colère, son
effroi sur tel scandale, sur telle injustice, mais cela ne va pas
plus loin. On
réagit donc plus sur la forme que sur le fond et on zappe tel fait
important pour se consacrer très vite à ce que les médias nous révèlent
comme nouveautés le jour suivant. Sur tel évènement dramatique, sur
telle injustice..., le fait d'avoir réagi sur le moment nous donne
simplement bonne conscience et l'illusion d'un certain courage et d'une certaine importance aux
yeux des autres, mais cela ne va pas plus loin finalement. Nous ne
prenons pas en plus le temps de l'analyse, du débat de fond pour mieux
comprendre les choses, les enjeux, les personnes et pour nous forger une opinion
citoyenne qui pourrait à terme nous amener à militer pour défendre
concrètement sur le terain une ou des causes justes chez nous ou plus
loin dans le monde.
Finalement,
le trop plein d'informations tue en quelque sorte l'information et,
insidieusement, nous devenons de simples observateurs et des spectateurs passifs devant ce monde qui s'agite autour de nous. Nos
émotions sont en quelque sorte guidées par les médias qui nous vendent
du sensationnel, du dramatique, comme on propose tel ou tel produit
dans les rayons............ quand vous croyez qu'il n'y en a plus,
.............. il y en a encore braves gens ! D'ailleurs, à notre
place, les médias jugent sans scrupule de l'importance de telle ou telle actualité,
l'audience est leur principale préoccupation..... "il faut faire le
buzz", comme ils disent ! Cette course folle à
l'information, que l'on doit digérer de force sans trop étaler ses
états d'âme, est à l'image de notre société qui vit à un rythme fou, où
les individus, un peu robotisés, sont accaparés par mille choses, sans
jamais prendre le
temps de se poser.
Il
est alors sans doute temps pour les parents, les éducateurs, les
enseignants que nous sommes, de nous emparer davantage de cette
information anarchique pour donner du sens et faire acquérir à nos
enfants et nos jeunes le goût du discernement, de l'esprit critique,
afin d'analyser aussi lucidement l'époque dans laquelle ils vivent.
Sans
doute faut-il de manière urgente, à la maison, à l'école, bousculer nos
habitudes ou les
programmes pour s'arrêter dans l'année et tenter de donner une
conscience aux jeunes générations sur ce qui les entoure. Cela nous
permettra aussi entre
autres de nous remettre en question afin de voir le monde et notre
époque d'une manière différente en acquérant, pourquoi pas aussi, le
vrai sens de l'engagement au lieu de toujours survoler les évènements
sans jamais les approfondir. L'humain n'est pas "une machine à avaler"
jusqu'à l'indigestion, mais un être en devenir qui grandira grâce à sa
capacité de s'arrêter pour choisir, grâce à tel évènement majeur, de
s'intéresser à l'autre, de prendre parti, de le soutenir, de l'aimer
davantage au fond. Il donnera ainsi un réel sens à son existence, en
s'armant de convictions humanistes profondes
au lieu de devenir pâle et sans relief tout en continuant à vivre dans
sa bulle sans jamais s'impliquer !
Guy GILLET